Olivier de Serres

De Les Mots de l'agronomie
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Olivier de Serres (né à Villeneuve-de-Berg, 1539, décédé en 1619) après une formation d’avocat et d’agronome, est surtout connu pour être un "compilateur", dans bien des domaines : l’agronomie, au sens général de tout ce qui a trait à la campagne, au rustique, mais aussi la religion, l’éducation, l’histoire ou la morale.

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Liste des compléments dans lesquels Olivier de Serres est cité


Quelques éléments de biographie

Auteurs : le personnel de l'EPLEFPA Olivier de Serres à Aubenas (Ardèche)

Olivier Desserres (on écrit aujourd'hui de Serres) naît à Villeneuve-de-Berg en 1539. En plein coeur de ce XVIe siècle de grandes découvertes (Jacques Cartier est arrivé au Québec 5 ans plus tôt), siècle du développement de l'imprimerie à Lyon et de l'essor de la Réforme protestante en Europe occidentale. 1539, c'est aussi l'année de l'ordonnance de Villers-Cotterêts par laquelle le roi François 1er imposait l'usage du français dans les actes officiels.

Les Desserres étaient une famille aisée, fixée depuis longtemps dans le pays. Le père d'Olivier (Jacques) et son grand-père (Antoine) étaient drapiers et marchands de tissus. La famille d'Olivier de Serres a joué un rôle important dans la vie publique de la région, notamment par l'intermédiaire de Jacques Desserres, élu premier consul (maire) de Villeneuve-de-Berg à l'unanimité en 1533.

Le père d’Olivier de Serres meurt en 1546. alors que celui-ci n'a que 7 ans. Les douzes années suivantes de sa vie sont méconnues : sans doute a-t-il un peu voyagé, peut-être a-t-il fait des études de droit à Valence. C'est en 1558, à l'âge de 19 ans, qu'il achète le Pradel, un vaste domaine de 150 hectares, d'un seul tenant. Treize ans plus tard, en acquérant les droits de haute, moyenne et basse justice sur son domaine, Olivier de Serres gagne le titre de seigneur du Pradel.

Le 11 juin 1559, il épouse Marguerite d'Arçons, fille du juge de Villeneuve-de-Berg. Comme tous les protestants de l'époque, ils se marient à l'église locale. Ce n'est que 19 ans plus tard que le couple s'installe et demeure au Pradel, en dépit des fréquents troubles provoqués par les guerres de religion. Olivier de Serres partage ses activités entre l'exploitation du domaine, le diaconat de l'église réformée de Berg et l'éducation de ses 7 enfants.

Son frère cadet Jean de Serres, après des études de théologie à Genève (un des premiers étudiants de l'Académie fondée par Calvin) est devenu pasteur et tente de concilier protestants et catholiques. En 1596, il devient historiographe du roi de France Henri IV, poste qu'il n'occupera que deux ans puisqu'il meurt en 1598. Olivier prend alors en charge les 9 enfants que laissent son frère.

En 1599, à l'âge de 60 ans, Olivier de Serres arrive à Paris pour régler les affaires financières de son défunt frère. Il apporte avec lui Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs. Quand le roi Henri IV eut connaissance de l'oeuvre, ce fut l'élevage des vers à soie qui retint son attention, car il offrait la possibilité de produire le luxueux tissu à moindre coût. La France dépensait des sommes énormes pour acheter de la soie à l'étranger, et le surintendant des finances Sully blâmait ce gaspillage. Henri IV passe commande à Olivier de Serres de 15 à 20 000 mûriers blancs, installés en 1603 dans les jardins des Tuileries. Mais surtout, le roi fait imprimer en brochure le chapitre du Théâtre sur les vers à soie. Cette brochure, intitulée La Cueillette de la Soye, par la nourriture des Vers qui la font, est largement diffusée entre 1602 et 1605, en particulier dans le sud-est de la France. C'est de là que l'on peut dater la renaissance de la sériciculture et l'essor des magnaneries dans le Vivarais et les Cévennes, qui atteindra son apogée au milieu du XIXe siècle. Fort de la publicité procurée par l'édition de cette brochure, Olivier de Serres se lance dans l'édition de l'oeuvre entière, qui paraît le 1er juillet 1600, chez Jammet Mettayer, à Paris. A titre de repère, la même année, Shakespeare publie Hamlet. Témoignage du succès du Théâtre, l'oeuvre sera rééditée 8 fois du vivant de son auteur. Dans l'édition de 1605, Olivier de Serres rajoute un chapitre résumant ses recherches sur le mûrier, La Préparation de l'Escorce du Meurier blanc, pour en faire du linge et autres ouvrages, qui fait également l'objet d'une publication séparée.

Le Théâtre d’Agriculture rassemble les recherches effectuées par Olivier de Serres sur l'agriculture de son temps. Après avoir lu les écrits des agronomes qui l'ont précédé, en particulier romains (Caton, Columelle, Palladius, Pline l'Ancien), il a cherché à vérifier leurs dires, tout comme il s'est efforcé de valider ou non les pratiques ancestrales des paysans de son époque. Il remet ainsi en cause l'assolement tel qu'il se pratique en cette fin de Moyen-Age agricole, en introduisant dans le cycle la culture de plantes fourragères en lieu et place de la jachère, afin que la terre au repos puisse aussi s'enrichir.

Ses recherches ont aussi porté sur le matériel : il est par exemple l'inventeur du rouleau à pointes (actuel croskill) et d'un rustique semoir en ligne à profondeur constante. Grâce aux aménagements hydrauliques réalisés sur son domaine, il a pu expérimenter de nombreuses plantes inconnues ou méconnues en France (notamment en provenance du Nouveau Monde) : canne à sucre, coton, safran, riz, pomme de terre, tomate, etc... :

« Les pommes d'amour [=les tomates], de merveille, et dorées, demandent commun terroir et traictement, comme aussi communément, servent-elles à couvrir cabinets et tonnelles, grimpans gaiement par dessus, s'agrafans fermement aux appuis. La diversité de leur fueillage, rend le lieu auquel l'on les assemble, fort plaisant : et de bonne grace, les gentils fruicts que ces plantes produisent, pendans parmis leur rameure. [...] Leurs fruicts ne sont bons à manger : seulement sont-ils utiles en la médecine, et plaisans à manier et flairer. » « Cet arbuste, dict cartoufle [=pomme de terre], porte fruict de mesme nom, semblable à truffes, et par d'aucuns ainsi appellé. [...] Quant au goust, le cuisinier les appareille de telle sorte, que peu de diversité y recognoist-on de l'un à l'autre. » (Le Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs , sixiesme lieu, chapitre X "Du Jardin Bouquetier ou à Fleurs, premièrement des Arbustes")

Olivier de Serres meurt en 1619, 3 ans après sa femme Marguerite d'Arcons. Il a probablement été enseveli au cimetière de Villeneuve-de-Berg, comme il le souhaitait dans son testament. Mais son corps a ensuite été transféré dans sa propriété où la légende dit qu'il repose non loin de sa maison, sous quatre cyprès marquant l'emplacement du cimetière familial.

En 1628, sur l'ordre de Richelieu, les troupes royales démantelèrent de nombreuses places fortes protestantes : le Pradel est entièrement rasé. C'est assurément la raison principale qui fait qu'il ne reste pas de traces matérielles d'Olivier de Serres, hormis Le Théâtre d'Agriculture. L'unique portrait original que l'on possède de lui le représente à 60 ans. Il est dessiné par son fils Daniel. Avant peut-être d'heureuses découvertes offertes par le hasard...

Ouvrages consultables en ligne

de Serres O., [1600] 1804. Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs… t. 1. Nouvelle édition, publiée par la Société d’Agriculture du Département de la Seine, Paris, CXCII + 672 p., fig. HT. Texte intégral sur Gallica.

Pour en savoir plus

Ouvrages récents sur Olivier de Serres

  • Gourdin H., 2001. Olivier de Serres, Sciences, expérience, diligence, en agriculture au temps de Henri IV, Actes Sud, Arles.
  • Boulaine J., Moreau R., 2002. Olivier de Serres et l'évolution de l'agriculture, L'Harmattan, Paris, coll. "Les Acteurs de la Science".