Limon : le mot

De Les Mots de l'agronomie
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Auteurs : Denis Baize et Pierre Morlon

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Article accepté le 30 octobre 2025
Article mis en ligne le 8 novembre 2025, complété le 21 novembre 2025


Agronomie versus langue courante)

Limon est un très vieux mot du vocabulaire agricole (dès l’Antiquité : latin limus), que les agronomes emploient depuis un siècle de façon très différente de ce qu’il avait très longtemps désigné… et de ce qu’il veut encore dire dans la langue courante. D’où une multiplicité de sens, avec pour certains d’eux des connotations opposées ! Essayons de démêler cet écheveau.

Emplois actuels en agronomie

De nos jours, les agronomes emploient limon, ou le rencontrent employé, pour désigner trois choses différentes :

1. Ensemble des particules de dimensions comprises entre 2 et 50 micromètres. Notion purement granulométrique.


2. Formations superficielles dont la granulométrie est dominée par les fractions granulométriques limons (dépôts éoliens, de ruissellement ou alluviaux). Notion traitée par la sédimentologie.


3. Sols dont les horizons supérieurs, tous les horizons et/ou les roches-mères sont riches en particules de 2 à 50 micromètres. Dans ce cas on fait référence à la composition granulométrique et/ou à la texture du sol ou de l’horizon considéré. Cette notion de texture implique l’ensemble des « propriétés et des comportements qui résultent de la taille et de la nature des constituants » (Hénin et al., 1960 – Voir Granulométrie et diagrammes de texture).


Ces trois acceptions reliées entre elles mais distinctes exigent de préciser de quoi on parle lorsqu’on emploie le mot limon. Il est recommandé d’employer de préférence : - fractions (granulométriques) limons, silt, dans le sens 1, - sédiment limoneux, limon lœssique, lœss, siltite, dans le sens 2, - sols limoneux, horizons limoneux, sols à horizons de surface limoneux, sols issus de matériaux limoneux, sols issus de limons, dans le sens 3.

Ces trois emplois correspondent à des équivalents différents en anglais :

  • silt fraction, silts, fine silts, coarse silts (sens 1),
  • loess, loess-like deposit, silty deposit, silty material (sens 2),
  • silty soil, silty horizon (sens 3).

En revanche, l’adjectif limoneux ne présente pas d’ambiguïté dans le vocabulaire agronomique et pédologique moderne. Il qualifie un horizon, un sol, un matériau dont la granulométrie et donc la texture est dominée par les fractions limons (2 à 50 μm).

Dans la langue courante

Voici quelques définitions glanées dans les dictionnaires que tout le monde consulte (ou a consulté, pour les plus anciens d’entre eux) :

  • « Boüe, terre destrempée, bourbe. Dieu forma Adam du limon de la terre. » (Dictionnaire de l’Académie Française, 1694)
  • « 1. Dépôt de terre divisée et de débris organiques formé au fond des étangs, des fossés ou entraînés par les eaux courantes dans les parties déclives des terrains. 2. Terme de géologie. Roche où dominent à la fois le sable et l’argile[1]. » (Littré, 1877).
  • « Boue, terre détrempée. » (Larousse, 1880).
  • « Roche sédimentaire détritique, de granulométrie intermédiaire entre celle des sables et celle des argiles, constituant des sols légers et fertiles. » (Nouveau Larousse encyclopédique, 1998).
  • « Terre légère et fertile, faite d’argile et de sable déposés par les cours d’eau. » (Dictionnaire Hachette Junior CE-CM 8-11 ans, 2016)
  • « Terre ou fines particules, entraînées par les eaux et déposées sur le lit et les rives des fleuves. » (Le Robert illustré, 2024).

Un parcours rapide dans des textes littéraires employant limon montre que ce mot y a deux connotations totalement opposées :


Connotation négative : boue, fange

Ce sont ces deux mots, et eux seuls, que Littré en 1874 donne comme synonymes de limon. Cela tant au propre que, dès le Moyen-âge, au figuré : ce qui est sale, indigne, dégradant. Deux exemples : « A peine du limon où le vice m’engage, J’arrache un pied timide et sors en m’agitant, Que l’autre m’y reporte et s’embourbe à l’instant » (Boileau, Épître III, 1673) ; « Cherche ! remue ton limon : le vice dont tu te fais honneur y a pourri depuis longtemps » (Bernanos, Sous le soleil de Satan, 1926, p. 203).


Connotation positive : le riche limon qui fertilise les terres

C’est, par excellence, le limon que le Nil dépose chaque année lors de son inondation, et sans lequel l’Égypte n’aurait pas été ce qu’elle a été. (Notons que les anciens Égyptiens faisaient une multitude de barrages et digues, afin que l’eau stagne assez longtemps sur chaque champ pour y déposer tout son limon).
Plus généralement, celui que tout fleuve laisse en se retirant après une inondation. Ce qui a été très longtemps le sens du mot dans la littérature agronomique.


Le limon dans la littérature agronomique

Le limon déposé par les eaux

Pendant des siècles, dans la littérature agronomique, l’emploi du mot limon a répondu à la définition :

4. Matières entraînées en suspension par les eaux, puis déposées par elles.

Ce dépôt, réputé fertilisant, peut se faire sans aucune intervention humaine. Il peut aussi être fait artificiellement, directement en détournant des cours d’eau, ou indirectement par des canaux : c’est le limonage (un mot maintenant tombé en désuétude, mais très fréquent il y a encore un siècle). Des centaines de citations, de toutes époques, pourraient illustrer cette signification. Nous en donnons des exemples en annexe 1.

Ce « limon » est évidemment très hétérogène. Il s’agit de mélanges de particules minérales de toutes tailles et de matières organiques, qui diffèrent d’un endroit à l’autre.
Le mot limon n’a alors aucune signification granulométrique, et ce que les agronomes et les pédologues nomment maintenant limon était alors inclus dans les argiles – ce qui conduisait à distinguer, à l’intérieur des « argiles », celles qui à la cuisson donnaient un matériau solide (briques, tuiles, poterie…), de celles qui n’en donnaient pas, d’où des expressions aujourd’hui étonnantes, « les argiles et les glaises », « l’argile et la terre à briques »…

Dans la littérature agronomique française, et à une exception près (Buffon, voir ci-dessous : une exception sans lendemain), le mot limon est employé dans ce sens jusqu’au début du XXe siècle :

« Limon. Dépôt de terre et de débris organiques opéré par les eaux bourbeuses. Toutes les eaux naturelles charrient des matières solides, de la terre, de la vase, qu’elles entraînent dans leur cours en quantité plus ou moins abondante, suivant la rapidité du courant, mais qu’elles tendent à abandonner dès que la vitesse se ralentit. Les torrents charrient des masses plus considérables de limon que les rivières tranquilles. L’abandon de ces limons sur le parcours des rivières ou à leur embouchure constitue les accrus ou les alluvions. (…) « Le pouvoir fertilisant des limons est très variable. Il résulte à la fois de leur origine et de leur richesse native, ainsi que de la nature des terres sur lesquelles ils se déposent ; par exemple, un limon calcaire ou argileux amendera d’une manière très heureuse une terre qui serait pauvre en chaux ou qui manquerait d’argile. Voyez LIMONAGE » expose, en 1922, le Larousse agricole (t. 2, p. 90), qui n’évoque à aucun moment le limon comme fraction granulométrique mais parle ensuite du limon des plateaux, « dépôt d’argile sableuse (…) résultant de la décomposition progressive des roches sous-jacentes ».

En effet, au milieu du XIXe siècle, les géologues sont venus troubler les agronomes avec le limon des plateaux.


En géologie, le limon des plateaux

Limon des plateaux, par opposition au limon des vallées déposé par les eaux. Il s’agit de dépôts dont l’origine est restée longtemps controversée.

Ce limon apparaît dans la littérature agronomique dans les années 1850. Un exemple concernant la Beauce autour de Chartres (département d’Eure-et-Loir) : « Le limon des plateaux forme, au point de vue agricole, le terrain le plus important de tout le département, c’est la terre-à-blé par excellence » « Ce qui prouve d’une manière évidente qu’on ne doit point le confondre avec l’argile à silex, c’est sa composition chimique même ; il contient les parties suivantes :

Argile et sable
75,6
Oxyde de fer
6,0
Chaux
6,1
Acide phosphorique
2,2
Perte par calcination (eau, acide carbonique)
9,6
Total
99,5

Cette composition donne à ce dépôt le caractère d’un véritable limon, puisque l’argile, le sable et le calcaire s’y trouvent mélangés en particules extrêmement ténues. » (Laugel, 1858 et 1859 ; voir texte complet en annexe 2

La classe granulométrique des limons n’existant pas encore, le limon des plateaux des géologues est, pour les agronomes, alertés par des comportements particuliers, un mélange d’argile et de sable. Il y avait bien eu Buffon, mais celui-ci n’avait pas été suivi.


Le limon, fraction granulométrique

Des précurseurs sans lendemain (textes plus complets en annexe 3)

En 1733, Charles Virgile [de la Bastide] distingue le limon grossier et le limon fin du sable, dans les alluvions déposés par le Rhône : « le sable et le limon grossier se déposant dès les premiers moments de la grande cessation du mouvement de l’eau, restaient par conséquent plus près du courant de la rivière. Le limon le plus fin ayant besoin d’un plus long temps pour se déposer, avait le temps de pénétrer jusqu’aux rivages du golfe ».

De son côté, Buffon soupçonne l’existence de quelque chose qu’il nomme « terre végétale », « terre limoneuse », ou « limon » et qu’il distingue nettement de l’argile. Il en explique la formation par la décomposition des débris végétaux et animaux. Il explique aussi qu’il existe de nombreuses « terres composées » de granulométries intermédiaires. « On a pris le limon pour de l’argile ; cette erreur capitale a donné lieu à de faux jugements et a produit une infinité de méprises particulières. Je vais donc tâcher de démontrer l’origine et de suivre la formation de la terre limoneuse, comme je l’ai fait pour l’argile : on verra que ces deux terres sont d’une différente nature, qu’elles n’ont même que très peu de qualités communes, et qu’enfin ni l’argile, ni la terre calcaire, ne peuvent influer autant que la terre végétale sur la production de la plupart des minéraux de seconde formation » (Histoire naturelle des Minéraux, t. II, 1785).

Les idées de Buffon ne semblent pas avoir été reprises par ses successeurs. Il en est de même de celles de son jeune contemporain Rémy Perthuis de Laillevaux (1726-1801), qui publie en 1780 des Recherches sur la houille d’engrais et les houillères, où le mot limoneux s’applique d’abord à des sols ayant toutes les propriétés de ceux que l’on nomme ainsi aujourd’hui, puis à un constituant – quasiment une fraction granulométrique – des terres franches : « … j’ai fini par où j’aurais dû commencer : j’ai examiné la terre. (…) & alors j’ai construit ainsi ma troisième division, composée de huit espèces :

  • 1°. Terre plus ou moins glaiseuse, froide, pesante, poisseuse & d’une culture plus ou moins difficile.
  • 2°. Terre limoneuse ; serrée, humide, fraîche, d’un grain fin & soyeux, ferme lorsqu’elle est vieille remuée ; se frappant, se plombant aux grandes pluies lorsqu’elle est nouvellement remuée ; point collante, aisée à cultiver ;
  • 3°. Terre marneuse ; collante, (…), d’une culture moins aisée que le limon, & assez ouverte.
  • 4°. Terre craneuse ou crayonneuse ; tendre, douce, plus ouverte, plus légère que la troisième espèce, & d’une culture facile.
  • 5°. Terre sablonneuse (…).
  • 6°. Terre graveleuse ou grèveuse (…) .
  • 7°. Terre de marais ; (…), qui n’est souvent qu’un pur amas de parties végétales, plus ou moins consommées, ou un mélange de ces parties végétales avec des débris des sols voisins, & que je range dans ce dernier cas parmi les terres franches (…).
  • 8°. Terre franche, laquelle n’est qu’un composé des deuxième & quelquefois des trois, quatre & cinq premières espèces unies à une certaine quantité de végétaux détruits, toujours douce, molle & spongieuse. » (1780 : 11-16 ; c’est nous qui soulignons)

A notre connaissance, aucun des grands agronomes du XIXe siècle ne mentionnent ce texte (voir Feller & Boulaine, 1989).

Les « terres franches »

Petit à petit apparait une nouvelle notion pour désigner ces terres intermédiaires entre sableuses et argileuses et plutôt fertiles : les « terres franches ». Mais les limons, qui constituent la fraction dominante, ne sont pas nommés comme tels mais comme « sables très fins ». Deux exemples :

« Constitution normale de la terre arable. D’après ce qui précède, les terres arables contiennent habituellement trois matières distinctes : sable siliceux plus ou moins fin, argile, calcaire. » (Sabatier, 1890 : 55).

« CLASSIFICATION DES TERRES. On a essayé à bien des reprises différentes de procéder à une classification régulière sans y réussir complètement ; généralement on distingue deux grands groupes, les terres argileuses ou terres fortes et les terres sablonneuses ou terres légères, qui se rejoignent au moment où aucun élément ne domine sur les autres pour former les terres franches ». (Dehérain, 1892 : 366). Sans le dire explicitement, Dehérain se réfère ici à des comportements, donc à la notion de texture.


Les limons comme classe granulométrique entre les sables et les argiles (Garola, 1894)

Charles Victor Garola est professeur départemental d’agriculture à Chartres (Eure-et-Loir), au cœur de la Beauce, petite région dont la richesse agricole est due au limon des plateaux qui la recouvre. Dans son livre Les céréales (1894), il écrit :

« De la texture des sols à blé. — Les conclusions du comte de Gasparin, relatives à la propriété maîtresse des terres à blé, viennent d’être en ces dernières années exactement confirmées par les recherches de M. Milton Whitney, professeur de géologie et de physique du sol au Collège d’agriculture de Maryland. Ce savant a étudié avec un soin extrême et par une méthode nouvelle la texture [2] des différents sols de son pays, et nous croyons faire œuvre utile en donnant ci-après, les principaux extraits de son travail relatif aux terres à blé.
(…)
Le tableau suivant donne l’analyse mécanique des sous-sols des terres à tabac des différentes localités du Maryland méridional : [nous reproduisons les seuls intitulés, pas les chiffres pour différents sols] » (p. 252-254)


Noms conventionnels
2–1
Gravier
1–0,5
Sable grossier
0,5–0,25
— moyen
0,25–0,1
— fin
0,1–0,05
— très fin
0,05–0,01
Limon
0,01–0,005
Limon fin
0,005–0,0001
Argile
Matière organique, eau et pertes


Il emploie ensuite cette classification, avec les mêmes limites, pour caractériser des sols de limon de Beauce et d’argile à silex de son département.

Garola reprend ces idées en 1903 dans sa Contribution à l’étude physique des sols, mais il n’a pas été immédiatement suivi par tous les agronomes et pédologues :

  • En 1898, le Ministère de l’agriculture publie un manuel des Méthodes d’analyses des terres, rédigé par le Comité consultatif des Stations agronomiques et des laboratoires agricoles – présidé par Tisserand et comptant parmi ses membres Grandeau, Risler et Müntz, mais pas Garola –. « ANALYSE MÉCANIQUE. Au point de vue de sa constitution mécanique, la terre est essentiellement formée de quatre éléments : le sable, l’argile, le calcaire et l’humus. (…) La partie insoluble contient le sable siliceux fin, l’argile et la matière humique » (p. 9-10). Le mot limon n’y figure pas.
  • Lagatu, inventeur du premier triangle de texture en 1905, prend en compte seulement les teneurs an argile (axe des y), en calcaire (axe des x) et en « sable siliceux ». Le titre exact de son diagramme est « Classification et nomenclature des terres arables d’après la constitution minéralogique (agricole) de la fraction passant au tamis de 10 fils au centimètre ». En réalité, ce triangle est autant minéralogique que granulométrique, et la notion de limon y est absente.
  • Comme nous l’avons vu ci-dessus, le premier Larousse agricole en 1922 ne fait aucune mention de cette classification.
  • En 1931 encore, Dubois propose cette définition du mot limon, et regrette l’apparition du sens de fraction granulométrique : « roches plus ou moins meubles et friables, tantôt pulvérulentes tantôt cohérentes, faisant parfois pâte avec l’eau. Pouvant contenir des graviers, des cailloux roulés et recouvrant d’un manteau continu sur les plateaux et les pentes, les roches de différents âges. – Jusqu’à la fin du XIXe siècle, limon évoquait le dépôt fin des eaux. Dépôt mixte, à la fois minéral et organique. Les scientifiques ont imposé à ce mot un nouveau sens : “ grains de 2 à 20 microns ”. D’où de fréquentes et regrettables confusions » [C'est nous qui soulignons]. Peut-être avait-il raison, et aurait-il mieux valu importer l’anglais silt ?

Mais les choses avancent dans d’autres pays.

Selon Boulaine (1989, p. 178), le chimiste et agronome suédois Atterberg serait « le premier scientifique à avoir préconisé des limites granulométriques rationnelles, c’est-à-dire basées sur des propriétés objectives. Il propose le découpage des particules et éléments minéraux du sol en classes granulométriques d’après une série de seuils donnés par une progression géométrique de base 2 et de raison 10. » Wikipedia (consulté le 23-07-2025) complète : « Les travaux d’Atterberg sur la classification des sols sont officiellement reconnus par la Société internationale des sciences du sol lors d’une conférence à Berlin en 1913. Deux ans plus tard, un rapport du Bureau américain des normes déclare que la méthode d’Atterberg est "aussi simple qu’on pouvait l’imaginer, et (...) il est bon que nous nous familiarisions avec elle". Le Bureau américain de la chimie et des sols l’adopte en 1937 ».

La France suivra…

Il faut attendre 1929 pour que la classe granulométrique des limons apparaisse pour la première fois dans les Comptes-rendus de l’Académie d’Agriculture de France, dans les recommandations d’une commission chargée de proposer une méthode officielle d’analyse des terres remplaçant celle de 1898 (Roux et al., 1929).

Pour en savoir plus : voir l'annexe 4.

À partir des années 1950 les diverses définitions du mot limon sont définitivement et durablement fixées, comme on peut le constater à la lecture des publications de Riedel et Franc de Ferrière (1951), Hénin et al. (1960 ; 1969), Plaisance (1965), Jamagne (thèse, 1973), Baize (1988), Boiffin et al., (1988) ou au triangle du GEPPA (1963).

Lœss, lehm, ergeron, loam

Quatre autres mots peuvent être associés au mot limon : lœss, lehm, ergeron et loam (voir l’annexe 5.

« Généralement la partie supérieure du manteau lœssique est décalcifiée [3] et rougeâtre : c’est le lehm ou terre à brique. La base plus riche en calcaire, de coloration brun clair, est encore appelée ergeron. Une partie du calcaire dissous dans le lehm s’y retrouve sous forme de concrétions : les poupées du lœss. » (Pomerol et Renard, 1989).


Notes

  1. Heureusement, cette définition a disparu dans la 9e édition de 1895 !
  2. En français, si le mot texture avait déjà pu être employé en pétrographie par des géologues, c’est à notre connaissance la première fois qu’il apparaît dans un texte agronomique, apparemment repris de l’anglais.
  3. La notion de décalcification dans ce contexte est désormais abandonnée car, en réalité, il s’agit d’une dissolution des carbonates, donc d’une décarbonatation.


Références citées

  • Atterberg, A., 1914. Die Eigenschaften der Bodenkörner und die Plastizitat der Boden. Kolloidchemische Beihefte, 6 : 55-89.
  • Baize D., 1988. Guide des analyses courantes en pédologie. INRA Éditions, 172 p.
  • Boiffin J., Papy F., Eimberck M.. 1988. Influence des systèmes de culture sur les risques d’érosion par ruissellement concentré. I. – Analyse des conditions de déclenchement de l’érosion. Agronomie, 8 (8) : 663-673. Texte intégral sur HAL.
  • Boulaine J., 1989. Histoire des pédologues et de la science des sols. INRA,Paris, 285 p + 2 index.
  • Buffon L. Leclerc de, 1785. Histoire naturelle des Minéraux, t. II.
  • Chancrin E. Dumont R., 1922. Larousse agricole, t. 2, 832 p.
  • Comité consultatif des stations agronomiques et des laboratoires agricoles, 1898. Méthodes d’analyse des terres. Ministère de l’Agriculture, 45 p.
  • Dehérain P.-P., 1892. Traité de chimie agricole. Développement des végétaux, terre arable, amendements et engrais. Masson, Paris. 904 p. Texte intégral sur Gallica.
  • Dubois G., 1931. Les principaux types de limons en France septentrionale. Rev. Scient., Paris, 69e année n°13 : 389-390.
  • Feller C., Boulaine J., 1989. Une étonnante classification des sols au 18e siècle, par M. Delaillevault. Science du sol, 27 (1) : 113-116.
  • Garola C.V., 1894. Les céréales. Firmin-Didot, Paris. 815 p. Texte intégral sur Gallica.
  • GEPPA, 1963. Travaux de la commission cartographie. Annexe 4. Expression de la texture des sols, détermination et dénomination de classes en relation avec un diagramme granulométrique. 5 p.
  • Hénin S., Féodoroff A., Gras R., Monnier G., 1960. Le profil cultural. Principes de physique du sol. Soc. Éditions des Ingénieurs Agricoles, Paris, 320 p.
  • Hénin S., Gras R., Monnier G., 1969. Le profil cultural. 2de édition. Masson, Paris, 332 p.
  • Jamagne M., 1973. Contribution à l’étude pédogénétique des formations loessiques du Nord de la France. Thèse. Faculté Universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux. 445 p.
  • Lagatu H., 1905. Classification et nomenclature des terres arables d’après leur constitution mécanique. C. R. Acad. Sci. : 1358-1361.
  • Larousse agricole, 1922. Voir Chancrin & Dumont.
  • Larousse P., 1880. Dictionnaire complet de la langue française. Boyer, Paris, 1223 p. [des éditions d’autres dates sont disponibles sur Gallica]
  • Laugel A. 1858 et 1859. Rapport sur les travaux de la carte géologique-agronomique du département d’Eure-et-Loir. Conseil général d’Eure-et-Loir. Rapport du préfet et procès-verbal des délibérations. Session de 1858. Texte intégral. Session de 1859. Texte intégral sur Gallica.
  • Littré É, 1874. Dictionnaire de la langue française, t. 3, 1396 p. Texte intégral sur Gallica.]
  • Littré É, 1877. Dictionnaire de la langue française, t. 3.
  • Perthuis de Laillevaux R. de, 1780. Recherches sur la houille d’engrais et les houillères, sur les Marais & leur Tourbe, & sur l’exploitation de l’une & de l’autre de ces substances, t. 2. La Haye, xii + 216 p. + planches. Texte intégral. Ouvrage réédité en 1783.
  • Plaisance G., 1965. Les sols à marbrures de la forêt de chaux (Jura). Ann. Sci. forest., 22 : 437-679. Texte intégral sur HAL.]
  • Pomerol C., Renard M., 1989. Éléments de géologie. A. Colin, Paris. 9e éd., xiv-615 p. Texte intégral sur HAL.
  • Riedel C.E., Franc de Ferrière J., 1951. Les sols de limon des plateaux de la Brie française. Annales agronomiques, 6 : 782-802.
  • Roux E., Joret J., Couderc L., 1929. L’analyse physique des terres. C. R. Acad. Agric. Fr., t. 15 : 521-526. Texte intégral sur Gallica.]
  • Sabatier P., 1890. Leçons élémentaires de chimie agricole. Paris, Toulouse. 269 p. Texte intégral sur Gallica.]
  • Virgile de la Bastide C., 1733. Observations physiques sur les terres qui sont à la droite et à la gauche du Rhône, depuis Beaucaire jusqu’à la mer. Ce qui comprend la Camargue, &c. Avignon, 14 p. Réédition dans les Mémoires de Mathématique et de Physique, présentez à l’Académie Royale des Sciences par divers Sçavans, et lus dans les Assemblées, t. 1, 1750 : 1-10. Texte intégral sur Gallica.]
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