Jours disponibles pour les travaux des champs - Annexe 6
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Drainage, praticabilité, assolement, organisation du travail et marge en exploitation céréalière, en milieu hydromorphe
Un travail de recherche-développement a été conduit en 1995 par la Chambre régionale d'agriculture de Bourgogne, en partenariat notamment avec l’INRA, avec deux objectifs :
- (1) évaluer les Jours Agronomiquement Praticables (JAP) propices à la réalisation d’'une intervention culturale donnée dans des conditions jugées satisfaisantes, notamment en terrains hydromorphes, drainés ou non ;
- (2) élaborer une démarche d’'aide à la décision pour cerner le taux de drainage optimum sur une exploitation, avec mise en application sur un cas concret en Bresse.
Pour le premier objectif, un dispositif articulant des mesures sur un réseau de parcelles, des dires d’experts et les données météorologiques a permis d’'acquérir un référentiel régional, pour les principaux terrains hydromorphes, sur les JAP pour une opération culturale donnée et son niveau d’exigence. Les résultats sont exprimés en probabilité d’'obtention, 4 années sur 5 et 1 année sur deux ; ils mettent en relief les gains de praticabilité induits par le drainage.
Pour le second objectif, une démarche couple deux logiciels : le premier vise à cerner les périodes critiques de l’organisation du travail, selon l’assolement, les successions culturales, le niveau d’équipement et l’offre en main d’œuvre ; le second simule pour chacune des périodes critiques, le « modèle d’action » de l’agriculteur, (programme de travail, objectif, règles de décisions, stratégie alternative en cas d’aléas), en le confrontant aux scénarios climatiques des 30 dernières années . La démarche permet d’évaluer les risques exprimés en nombre d’hectares semés en retard, ou emblavés avec une culture de recours, ou encore non semés, puis de cerner le seuil optimum de drainage.
Pour l’exploitation céréalière étudiée - un GAEC père-fils sur 170 ha, comprenant une forte proportion de terrains limoneux hydromorphes, drainés en partie, avec un assolement diversifié, blé / orge d’hiver / tournesol / maïs / soja / légumes / « jachère » - la démarche d’aide à la décision confirme l’intérêt de drainer environ 75 % de la surface cultivée. Toutefois, dans l’éventualité d’un affaissement des prix de vente, le seuil optimum se situerait alors vers 60 %. Les seuils dépendent des caractéristiques de chaque exploitation : organisation des chantiers, puissance de l’équipement, configuration du parcellaire, assolement…
Par ailleurs, dans cette étude, la détermination du seuil optimum repose sur les seuls gains de praticabilité dus au drainage ; or celui-ci a plusieurs autres atouts : en drainant les terres hydromorphes, l'agriculteur se donne les moyens de diversifier son assolement en élargissant la gamme des cultures, d'intégrer des innovations agronomiques, de respecter les cahiers des charges dans la conduite des cultures pour des produits de qualité, de saisir les opportunités du marché. Ces atouts plaident en faveur du drainage quasi-intégral du parcellaire hydromorphe de l’exploitation pour en garantir la performance environnementale : c’est le meilleur conseil à donner en particulier à un exploitant qui envisage de généraliser la mise en œuvre de systèmes de cultures diversifiés, économes en intrants, ou d’opter pour l’agriculture biologique, dans les régions analogues à la Bresse.
Référence
Guillot C., Moretty P., Bouillot J.F., Lalanne E., Kockmann F., avec la collaboration scientifique de F. Papy, 1995. Faut- il continuer à drainer ? Hydromorphie, jours disponibles et organisation du travail en Bourgogne. Opération Secteur de Références Drainage - Chambres d’Agriculture de Bourgogne et de Saône et Loire, rapport de synthèse, 27 p.