Jours disponibles pour les travaux des champs - Annexe 5
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Jours de travail nécessaires et jours disponibles (Gasparin, 1849)
((NdlR : les gras sont de nous))
TROISIÈME PARTIE. THÉORIE DES ASSOLEMENTS
CHAPITRE V. Du Capital de cheptel
SECTION I. – Cheptel vivant ; bêtes de travail
(…) Le calcul du nombre des animaux à employer sur un domaine dépend de plusieurs éléments : 1° de la force de chacun d’eux ; 2° du temps pendant lequel elle pourra se déployer ; 3° de la résistance qu’ils auront à vaincre.
Nous avons donné, dans le livre de la mécanique agricole, le moyen de calculer la force des animaux. Le temps dont on dispose est variable selon les climats et selon les institutions civiles et religieuses du pays où l’on cultive. La résistance varie non-seulement par rapport à la nature du sol, mais aussi par rapport à ses différents états de sécheresse ou d’humidité et à la durée réciproque de chacun de ces états. Tous ces éléments peuvent difficilement être déduits de recherches théoriques ; ce n’est que l’observation des forces employées qui peut nous servir de base. Dans les pays déjà cultivés, l’expérience nous apprendra bientôt si elles sont en excès ou en défaut, et nous permettra de régulariser notre position. Dans les pays où l’on manque de modèles, il y a ordinairement moins de danger de pécher par l’excès, parce que les moyens de nourrir les animaux y abondent ; le temps ne tarde pas à nous apprendre le milieu dans lequel nous devons nous maintenir. Il est curieux de voir comment le calcul aurait pu être fait presque à priori, si nous avions obtenu l’avance les renseignements qui manquent presque partout. Voici ce qui résulte de l’examen d’une comptabilité exacte faite dans le midi de la France ; cet exemple pourra servir de modèle et de guide pour ceux qui voudraient entreprendre de semblables recherches. Ces comptes ont été tenus et analysés par un habile agriculteur, M. Durand, ancien maire de Saint-Gilles (Gard).
Mois | Fêtes et dimanches | Jours de travail | Jours perdus | Total | Nature des travaux |
Janvier | 5 | 19 | 7 | 31 | transport |
Février | 4 | 19 | 5 | 28 | transport |
Mars | 5 | 25 | 1 | 31 | labour |
Avril | 7 | 20 | 3 | 30 | labour |
Mai | 5 | 23 | 3 | 31 | labour |
Juin | 4 | 25 | 1 | 30 | labour et transport |
Juillet | 5 | 25 | 1 | 31 | moisson, dépiquage |
Août | 5 | 24 | 2 | 31 | |
Septembre | 5 | 23 | 2 | 30 | transport et labour |
Octobre | 5 | 22 | 4 | 31 | labour |
Novembre | 5 | 19 | 6 | 30 | labour |
Décembre | 7 | 18 | 6 | 31 | labour et transport |
Il résulte de cette comptabilité que l’on pourrait consacrer au labour, savoir :
Mars | 25 jours |
Avril | 20 |
Mai | 23 |
Juin | 15 |
Septembre | 10 |
Octobre | 22 |
Novembre | 19 |
Décembre | 18 |
Total | 152 |
D’après cette même comptabilité un hectare de terre forte exige en travaux :
27 journées de bêtes de travail pour labour |
3 journées de bêtes de travail pour transport et semailles |
30 |
Il suit de là que l’on devrait compter, dans ces terrains, une bête de travail par 5 hectares environ (152/30).
Dans les terres plus légères, nous comptons 20 jours de labour et 3 de transport par hectare. Ainsi une bête de travail suffirait à 6,6 ha et par conséquent, avec le système de la jachère bisannuelle, on devrait compter 10 hectares par tête de bétail dans les terres fortes, et 13,2 ha dans les terres légères.
Si l’on a un assolement triennal avec une année de jachère et une année de demi-jachère, on aura pour les terres fortes :
Jachère entière | 30 jours |
Demi-jachère | 24,5 |
54,5 jours |
Divisant 304, nombre de journées de labour en deux ans, par 54,5, nous avons 5,5 ha par bête, et, ajoutant 1/3 pour l’année de repos, 7,3 ha pour le lot d’une bête dans les terres fortes.
Sur les terres légères nous avons :
Jachère entière | 20 jours |
Demi-jachère | 8 |
28 jours |
Divisant 304 par 28, il nous vient 11 hectares par bête, et, ajoutant 1/3 pour l’année de repos, 14,7 ha.
Mais le tableau ci-dessus est loin de présenter toute la vérité. Il nous apprend le nombre de journées dont nous pouvons disposer dans chaque mois ; mais, pour compléter notre instruction, il faut le mettre en regard du nombre de journées qu’exige chaque mois. Pour ne pas nous écarter des comptes réels, nous supposons une ferme de 50 hectares, cultivée dans la région méridionale, sous le régime de l’assolement triennal précédent. Voici, mois par mois, le nombre de journées qu’exige cette exploitation, avec sa comparaison en nombre de journées dont on pourrait disposer en ayant en tout sept bêtes de travail (0,14 par hectare), nombre qui résulterait des calculs ci-dessus :
Mois | Nombre de jours disponibles | ||||||
Labour | récoltes | transport | totaux | en plus | en moins | ||
Janvier | 4 | 7,5 | 11,5 | 19 | 7,5 | ||
Février | 2,5 | 12 | 15 | 19 | 4 | ||
Mars | 20 | 20 | 25 | 5 | |||
Avril | 17,5 | 17,5 | 20 | 2,5 | |||
Mai | 6 | 6 | 23 | 17 | |||
Juin | 6,5 | 5 | 11,5 | 25 | 13,5 | ||
Juillet | 20 | 12 | 32 | 25 | 17 | ||
Août | 17,5 | 8 | 25,5 | 24 | 1,5 | ||
Septembre | 12,5 | 12,5 | 23 | 10,5 | |||
Octobre | 26 | 26 | 22 | 4 | |||
Novembre | 24 | 24 | 19 | 5 | |||
Décembre | 3,5 | 5 | 8,5 | 18 | 9,5 | ||
par an | 160 | 25 | 25 | 210 | 262 | 69,5 | 27,5 |
Ce tableau nous indique que nous avons eu 32 jours de labour par hectare, et de plus une journée de charroi ou de dépiquage, ou 33 journées par hectare ; que nous avions 262 jours disponibles ; que cependant nous avons trouvé 69,5 journées où nous n’avons pas pu occuper nos animaux, et 27,5 journées où nous avons été obligé de prendre des forces supplémentaires. On pourrait faire le travail en employant tous les jours disponibles, si l’on avait le nombre suivant de bêtes par hectare :
Janvier | 0,120 |
Février | 0,160 |
Mars | 0,160 |
Avril | 0,174 |
Mai | 0,052 |
Juin | 0,094 |
Juillet | 0,248 |
Août | 0,212 |
Septembre | 0,188 |
Octobre | 0,236 |
Novembre | 0,252 |
Décembre | 0,094 |
Par mois moyen | 0,166 |
Référence :
Gasparin A. de, 1849. Cours complet d’Agriculture, t. V : 356-360. La Maison rustique, Paris, 638 p. Texte intégral sur Gallica.