Jours disponibles pour les travaux des champs - Annexe 2
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Incidence du travail dans la détermination d’un assolement (Andribet, 1954)
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Assolement et organisation du travail
Tel qu’il est déjà défini par l’orientation économique, l’assolement ne doit pas entraîner l’exploitant à une mauvaise utilisation en cours d’année de sa main-d’œuvre disponible. Il faudra donc chiffrer les besoins de la main-d’œuvre aux différentes époques de l’année qu’il est susceptible d’entraîner. Dans ce but, on devra établir préalablement, pour chaque culture, un « barème saisonnier de travail » indiquant, par hectare, le nombre de journées nécessaires réparti sur les périodes caractéristiques de l’année.
Ce barème tiendra compte des conditions de travail de la région et des moyens de traction disponibles (chevaux ou tracteur). Les périodes caractéristiques s’étaleront chacune sur un ou plusieurs mois, de façon à être spécifiques des groupes de travaux. C’est ainsi que, dans telle région, en automne, les travaux d’emblavures, prépondérants à cette saison, doivent s’effectuer entre le 1er octobre et le 1er décembre : la période choisie sera octobre-novembre. Par contre, les travaux de fenaison s’y effectueront entre le 1er et le 20 mai : la période choisie sera à ce moment-là le mois de mai.
Un barème semblable sera établi pour les travaux d’intérieur (étable, porcherie).
Appliqué ensuite aux diverses productions de l’exploitation, ce barème nous indiquera par période de l’année, le nombre total de journées de travail nécessaire. Par ailleurs, il conviendra d’établir pour chacune de ces périodes le nombre de jours normalement disponible compte tenu des conditions habituelles de climat. Le rapport de l’un à l’autre donnera l’effectif de main-d’œuvre nécessaire.
Ces différents calculs feront apparaître les pointes de travail, et de légères modifications dans la répartition des cultures permettront de les atténuer (voir exemples de tels calculs dans les études jointes en annexes) En note : Il est bien évident qu’il est d’autres façons de régulariser le travail en cours d’année, tel que l’équipement en matériel, l’aménagement des locaux, l’étude des chantiers, etc…
Ainsi l’organisation du travail aura-t-elle donné à l’assolement sa physionomie définitive.
L’Assolement peut donc être déterminé par des considérations successives, sur le choix des cultures, l’orientation économique et l’organisation du travail en cours d’année. Nous pensons que ce processus amène à lui conférer suffisamment de précision et d’exactitude.
Mal établi, l’assolement conduit à des inconvénients notoires : cultures mal adaptées, façons culturales incomplètes, ou trop tardives ; alimentation irrégulière du cheptel, et en définitive, mauvaise rentabilité. L’établissement de l’assolement constitue pour chaque exploitation une base de départ essentielle pour laquelle les considérations de pratiques traditionnelles dans une région considérée ne sauraient seules suffire.
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((troupeau de 10 vaches laitières))
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4°) Incidences de l’assolement sur l’organisation du travail en cours d’année.
Pour apprécier ces incidences et en tirer des modifications éventuelles de l’assolement, le barème saisonnier de travail doit être établi par culture, suivant les périodes caractéristiques de l’année précédemment définies. Dans la région considérée, ces périodes peuvent être, compte tenu des travaux correspondants :
- Octobre-novembre : emblavures d’automne et récolte des betteraves
- Décembre-janvier : labours d’hiver et enfouissement des fumiers
- Février-mars-avril : préparation des terres et ensemencements de printemps (céréales, prairies et plantes sarclées)
- Mai : fauchaison des prairies et binages des plantes sarclées
- Juin : binages des plantes sarclées et plantations des choux
- Juillet : récolte des céréales et des regains
- août-septembre : battage, déchaumages, premiers ensemencements (fourrages annuels, avoine).
Les journées de travail annuel par hectare et pour chaque culture étant de :
- 15 jours pour le blé et les céréales secondaires
- 40 jours pour les betteraves fourragères
- 16 jours pour les fourrages annuels fauchés
- 30 jours pour les choux fourragers récoltés au début et en fin d’hiver
- 8 jours pour la luzerne fauchée 2 fois.
Leur ventilation par période correspond au tableau ci-après pour l’assolement considéré :
Betteraves 1 ha | ||||||||
Fourrages annuels (semis en septembre) 1,5 ha | ||||||||
Choux fourragers 0,5 ha | ||||||||
Blé 5 ha | ||||||||
Céréales secondaires d’hiver 2 ha | ||||||||
Luzerne 10 ha (dont 6 fauchés en 1re coupe et 2 fauchés en 2e coupe, le reste étant pâturé) | ||||||||
Total 20 ha |
Si l’on tient compte par ailleurs des conditions climatiques habituelles qui limitent le travail à certaines époques de l’année, on aboutit aux besoins en main-d’œuvre suivants :
ÉPOQUES | Nombre de journées de travail correspondant (voir tableau précédent) | Nombre de jours ouvrables compte tenu des conditions atmosphériques habituelles | Effectif de main-d’œuvre nécessaire (permanente et temporaire) |
Octobre-novembre | 44 | 30 | 1,5 |
Décembre-janvier | 10 | 15 | 1 |
Février-mars-avril | 41 | 40 | 1 |
Mai | 43 | 20 | 2 |
Juin | 7 | 20 | 0,5 |
Juillet | 42 | 20 | 2 |
Août-septembre | 44 | 45 | 1 |
(…) ((On ajoute, mois par mois, la main-d’œuvre nécessaire pour s’occuper des vaches))
L’exploitation étudiée qui emploierait 2 hommes en permanence serait donc déficitaire en main-d’œuvre aux 3 époques de mai, juillet et novembre. Peut-on porter remède à ce déficit saisonnier par la modification de l’assolement autorisée par le maintien de l’activité économique ?
On pourrait y parvenir par :
- - la suppression partielle de la betterave et son remplacement par un supplément de fourrage annuel récolté en avril en vue de l’ensilage (vesce) ou en septembre (sorgho). On atténuerait ainsi partiellement les pointes de travail de mai et d’octobre-novembre.
- - le remplacement partiel des céréales secondaires par de la féverolle d’hiver récoltée en juin (atténuation partielle de la pointe de travail de juillet).
Les déficits de main-d’œuvre persistant après ces réductions ne pourraient alors être résolus qu’au prix d’autres mesures telles que recrutement temporaire de main-d’œuvre (bineurs à façon), recours à des CUMA ou entreprises de travaux.
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((troupeau de 10 vaches laitières))
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4°) Incidences de l’assolement
Les journées de travail nécessitées par 1 ha des cultures inscrites à l’assolement sont du fait de la motorisation (tracteur, moissonneuse-batteuse, presse-ramasseuse) ainsi évaluées :
- Blé et céréales secondaires 5 jours
- Prairies artificielles (2 coupes) 3 jours
- Betteraves 27 jours (avec épandage préalable de fumier)
- Fourrages annuels ensilés 14 jours (id.)
- Fourrages annuels pâturés 7 jours (id.)
Leur ventilation par période caractéristique (voir étude précédente) et les effectifs correspondants sont donnés dans les tableaux ci-dessous
Nombre total de journées de travail nécessaires | Octobre Novembre | Décembre Janvier | Février mars avril | Mai | Juin | Juillet | Août septembre | |
Blé et céréales secondaires 48 ha | 240 | 72 | 24 | |||||
Prairies artificielles (1coupe) 16 ha | 48 | 16 | 32 | |||||
Fourrages annuels ensilés (vesce) 6 ha | 84 | 42 | 42 | |||||
Fourrages annuels pâturés 8 ha | 56 | 56 | ||||||
Betteraves 2 ha | 54 | 10 + 18 | 10 | 4 | 8 | 4 | ||
Total 80 ha | 482 | 100 | 26 | 70 | 40 | 4 | 98 |
Les effectifs de main-d’œuvre nécessités par ces cultures sont les suivants :
ÉPOQUES | Nombre de journées de travail correspondant (voir tableau précédent) | Nombre de jours ouvrables compte tenu des conditions atmosphériques habituelles | Effectif de main-d’œuvre nécessaire (permanente et temporaire) |
Octobre-novembre | 100 | 30 | 3 |
Décembre-janvier | 26 | 15 | 1 |
Février-mars | |||
Avril | 70 | 40 | 2 |
Mai | 40 | 20 | 2 |
Juin | 4 | 20 | |
Juillet | 144 | 20 | 7 |
Août-septembre | 98 | 45 | 2 |
(…) ((On ajoute, mois par mois, la main-d’œuvre nécessaire pour s’occuper des vaches))
Pour un effectif de main-d’œuvre total de 4 hommes, les insuffisances de main-d’œuvre s’observeront aux époques suivantes : - Juillet - Octobre - Novembre.
Les aménagements à apporter à l’assolement pour atténuer ces pointes de travail seront les suivants :
- choix de l’orge de Probsdorf comme céréale secondaire : sa maturité en juin permet de reporter sur ce mois une partie du travail de moissonnage-battage de juillet.
- Remplacement partiel de la betterave par le sorgho fourrage dont le travail de récolte et d’ensilage a lieu en septembre alors que les arrachages de betteraves se font habituellement en octobre.
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Référence : Andribet P., 1954. Comment déterminer un assolement. B.T.I., 92 : 413-422.