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'''<u>Lehmification</u> | '''<u>Lehmification</u> : formation d’un lehm à partir d’un lœss par décalcification sous l’effet de l’eau infiltrée, le pH baisse de 1 à 2 unités''' (Plaisance & Cailleux, 1958). | ||
==Ergeron== | ==Ergeron== | ||
Version du 10 novembre 2025 à 14:13
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Lœss, Lehm, Ergeron, Loam
Lœss
Les lœss sont des formations superficielles éoliennes de granulométrie essentiellement limoneuse, formées au Quaternaire sous climats périglaciaires. D’origine lointaine ou relativement proche, les lœss tapissent sur des épaisseurs variant de 1 à 10 m aussi bien les plateaux (Picardie, Vexin, Haute-Normandie) que des versants (Alsace) ou des terrasses alluviales. En Europe occidentale, les lœss sont faiblement calcaires (10 à 15 %) et plus ou moins sableux. La partie supérieure décarbonatée des lœss était autrefois nommée « lehm ». Leur décarbonatation rapide sous nos climats donne un matériau limoneux et poreux, particulièrement favorable au processus d’illuviation d’argile et au développement de sols très fertiles.
Les lœss font partie de la catégorie plus large et moins bien définie des « limons des plateaux » (voir annexe 2).
Historique
[Les traductions des textes en anglais sont de nous.]
Dans une synthèse de 2019, Ding Hong et al. considèrent que le lœss a été clairement défini pour la première fois en 1824 dans la vallée du Rhin :
« Avant que le terme « lœss » ne soit proposé et accepté par la communauté des géologues, ce sédiment particulier était appelé « Löβ » ou « Löss » par les habitants de Heidelberg en Allemagne et « Lehm » par les habitants d’Alsace en France. D’autres termes ont également été utilisés, notamment Loesch, Schneckenhǎusel-Boden, Mergel et Briz (Leonhard, 1824). (…) Le terme « lœss » est apparu formellement pour la première fois en 1824 dans la section 89 du 3e volume de l’ouvrage « Charakteristik der Felsarten » rédigé par le célèbre professeur minéralogiste von Leonhard de l’Université de Heidelberg. Dans ce livre, le sédiment rouge et jaune de Heidelberg a été décrit pour la première fois (…) comme une poussière tendre et fragile composée de quartz, de feldspath, de mica et d’autres minéraux. » Quant à leur origine : « Lyell a avancé la théorie de l’origine fluviale du lœss et a vérifié sa théorie en étendant les zones étudiées aux États-Unis. En 1866, Pumpelly, le premier géologue étranger enquêtant sur le lœss chinois, met en avant la formation lacustre du lœss. L’hypothèse de Pumpelly a été rapidement contestée en 1870 par F. von Richthofen, qui pensait que le lœss s’était formé par voie éolienne, opinion basée sur une vaste étude menée sur le plateau du lœss en Chine ».
Richthofen (1870, p. 24), in Smalley & Markovic, 2018 :
.
« Une observation objective mène irrésistiblement à la conclusion que le lœss de Chine s’est formé sur une terre ferme. L’ensemble de ce vaste pays qui était couvert par une couverture continue de lœss, avant qu’elle n’ait subi la destruction, était une steppe continue, probablement plus élevée au-dessus de la mer que ne l’est aujourd’hui la même région. Le lœss est le résidu de toutes les matières minérales d’innombrables générations de plantes, qui tiraient sans cesse de nouvelles ressources des substances que l’humidité ascendante et les sources amenaient en solution à la surface.
Cette lente accumulation de matières décomposées a été aidée par le sable et la poussière déposés à travers des âges infinis, par les vents. Les coquillages terrestres sont répartis sur toute l’épaisseur du lœss, et leur état de conservation est si parfait qu’ils ont dû vivre à l’endroit où nous les trouvons maintenant. Ils n’admettent certainement aucune autre explication, que celle ici suggérée, de la formation du sol dans lequel ils sont enfoncés. Les os des animaux terrestres, et principalement les racines des plantes, qui sont tous conservés dans leur position naturelle et originale, fournissent des confirmations. »
Quelques citations supplémentaires
« La masse terreuse du terrain pampéen, avec ses nodules à ciment calcaire, rappelle le loss des bords du Rhin, le limon des plateaux de la Picardie, et les dépôts analogues qu’on observe en quelques points des environs de Paris. » (D’Orbigny, 1842 : 25)
« Parmi les terrains destinés à cette culture [le tabac], qui d’ailleurs s’y prêtent positivement le mieux, il y en a peu qui puissent être qualifiés de lourds, ils sont en majeure partie meubles et de culture facile ; ainsi on trouve en grande quantité du lœss, sol profond, formé par un diluvium alpin composé d’argile, de sable et de parties calcaires, dans des proportions diverses mélangées intimement… » Page 132 : « En résumé, c’est sur les terres limoneuses de cette dernière catégorie et d’excellente qualité, puis surtout dans le lœss, que sont les principales cultures de tabac; il y en a aussi, mais beaucoup moins, dans les sables, et quelques-unes dans des terrains tourbeux ». (Boussingault, 1868 : 131-132):
« La coupe comprend : 1° Une couche de limon fin, gris, dépourvu de silex variant de 1m50 à 0m60 ; c’est la terre à renard des briqueteries, argile folle, terre faible ; c’est le lœss des géologues ; 2° Une couche d’argile jaunâtre, plus grossière, dite terre forte. C’est à la base de cette couche, qui mesure quelquefois 2 mètres d’épaisseur, que se rencontrent les silex chelléens ». (Montier, 1893 : 69).
Le texte qui suit, daté de 1896, décrit les résultats de fouilles menées dans une petite grotte proche d’Arcy-sur-Cure. Il présente deux particularités intéressantes. D’une part il expose les théories sur la genèse des lœss discutées à cette époque. D’autre part, il explique correctement la formation d’un « limon brun », c’est-à-dire d’un lehm, à partir d’un lœss :
« Quelle est l’origine du limon des plateaux ? Plusieurs hypothèses ont été émises sur sa formation. Belgrand le fait venir des lacs miocènes de la Suisse qui, dans un soulèvement brusque, auraient inondé tout le bassin de la Seine, creusant les vallées et déposant la boue fine dans leur ralentissement final. Mais dans ce cas le limon aurait pénétré dans toutes les cavernes sans exception, ce qui est contraire aux faits. Hébert le fait déposer par les sources thermales ferrugineuses, ce qui peut être vrai pour certaines formations tertiaires mais, ici, le limon en est de date récente puisqu’il n’accompagne jamais dans les grottes l’industrie paléolithique contemporaine du quaternaire supérieur. Collenot, dans sa Géologie de l’Auxois, le regarde comme un mélange de boue glaciaire avec l’argile résiduelle du calcaire décomposé, hypothèse qui attend, pour être confirmée, que l’on montre dans la disposition de ces limons l’analogue des dépôts glaciaires.
La théorie la plus satisfaisante, dit M. de Lapparent, est celle de Van Der Broeck, à laquelle s’est rallié M. Dupont, de Belgique. Le limon brun ne serait que la transformation du lœss jaune calcarifère, par un effet de métamorphisme extérieur. Les eaux météoriques chargées d’acide carbonique auraient lessivé la couche de son carbonate de chaux en même temps que l’air contenu dans l’eau, en suroxydant les sels de fer, donnait au limon cette teinte rouge qui le distingue du lœss. Mais le lœss lui-même, d’où vient-il ? Il y a encore là un conflit d’hypothèses. M. de Lapparent, pour expliquer la formation d’une couche de lœss de 10 à 15 mètres dans le Nord de la France, a recours au phénomène d’érosion qu’auraient subi les couches éocènes de la région » (Parat, 1896 : 44-45).
Bien défini désormais internationalement, le mot lœss est devenu un terme courant. Parfois remplacé par « limon lœssique » ou « formation lœssique » (Jamagne, 1973).
« La coupe de lœss d’Iville (Eure) témoigne de l’existence, entre la province lœssique normande caractérisée par ses « limons à doublets » et la province séquanienne où les lœss remplacent les lœss « lités », d’une zone de transition… » (Dewolf et al., 1981).
« Les raisons importantes de la grande fertilité d’un sol de lœss sont la bonne pénétration des racines dans la roche meuble et la composition minérale favorable à la nutrition des plantes. De plus, les sols de lœss disposent de pores grossiers pour une aération suffisante des racines des plantes en cas d’excès d’eau. En même temps, ils ont des pores moyens pour stocker une grande réserve d’eau » (Brändle, 2020).
« Cette thèse se propose de répondre aux questions : « les communautés agricoles du Néolithique au Moyen âge ont-elles mis en place des stratégies d’implantation pour occuper les milieux lœssiques ? » et « comment peut-on mettre en avant de telles stratégies ? ». Afin d’y apporter une réponse, nous avons choisi trois secteurs au sein de la ceinture des lœss européenne : le Sussex (Royaume-Uni), le Kochersberg (Alsace, France) et le district de Kladno (Bohême, République tchèque) » (Morel, 2023).
Lehm
« 1. Pop. All. : Limon.
2. Géol. Limon résultant de la décalcification[1] d’un lœss par l’eau d’infiltration. Le lehm surmonte le lœss. La limite est nette. Comparé aux lœss, le lehm est plus riche en fractions fines (il y a plus de 80% de constituants plus petits que 50 microns), a un pH plus petit et une structure moins poreuse. » (Plaisance et Cailleux, 1958).
Cette distinction entre lœss intact (l’ergeron) et lœss totalement décarbonaté (le lehm) est admise en français mais n’est pas reprise dans les autres langues.
Lehmification : formation d’un lehm à partir d’un lœss par décalcification sous l’effet de l’eau infiltrée, le pH baisse de 1 à 2 unités (Plaisance & Cailleux, 1958).
Ergeron
« Ce qu’il vient de dire des énormes couches de lœss jaune, l’ergeron, de Villejuif, qu’il a explorées il y a déjà longtemps, mérite de retenir toute l’attention. La surface supérieure de ce lœss a été le sol battu par les néolithiques de la région. Ils ont vécu sur ce sol et y ont laissé des traces de leur présence » (Laville, 1908).
« Les limons du Soissonnais et de l’Orxois qui dérivent de l’ergeron présentent dans l’ensemble une réaction légèrement alcaline (Ph 7,5 à 7,8). Leur teneur en CaO oscille de 5 à 8 p. 1000. Les limons du Saint-Quentinois dérivant de la terre à brique sont plus voisins de la neutralité (Ph 7,1 à 7,4. Leur teneur en CaO varie de 3 à 5 p. 1000 ». (Demolon & George, 1925 : 434).
Ces deux auteurs distinguent bien les « limons récents » issus des derniers dépôts de lœss et les sols beaucoup plus évolués et différenciés développés à partir des « limons anciens ». Un demi-siècle plus tard ces différents types de limons seront l’objet de la thèse de Jamagne (1973).
« [Picardie] Lœss récent. Limon jadis déposé par le vent, formant le sous-sol de la terre à briques (dont il est la roche-mère), plus sableux et gris ou jaune brun clair. L’ergeron est peu argileux, assez calcaire. Il donne d’excellentes terres à betteraves ou à céréales. (Plaisance & Cailleux, 1958).
« Dans le Vermandois, [Joret et Malterre] ont montré que les sols se déduisaient les uns des autres depuis les limons blancs (en surface) des sommets, légers, battants, jusqu’à l’ergeron jaunâtre à structure massive, apparaissant lorsque l’érosion a été complète, en passant par le limon intermédiaire et le limon rouge (qui est l’ancien horizon d’accumulation d’un profil tronqué postérieurement à son évolution), plus argileux, grumeleux, plus fertile. » (Plaisance, 1953)
« Généralement la partie supérieure du manteau loessique est décalcifiée et rougeâtre : c’est le lehm ou terre à brique. La base plus riche en calcaire, de coloration brun clair, est encore appelée ergeron. Une partie du calcaire dissous dans le lehm s’y retrouve sous forme de concrétions : les poupées du loess » (Pomerol & Renard, 1989).
« Ergeron : partie inférieure, brun clair, des couches de lœss, enrichie en calcaire (niveau Illuvial à concrétions nommées poupées du lœss) (V. aussi lehm). « (Foucault & Raoult, 1995).
Loam
Ce mot est emprunté à l’anglais au début du XIXe siècle pour désigner des terres à composition équilibrée. A notre connaissance, le premier à l’employer en français est le Dictionnaire d’agriculture pratique dirigé par François de Neufchâteau[2] (1827). Voici l’article qui lui est consacré :
« LOAM. Sol d’adhérence moyenne que les Anglais sous-divisent en loam crayeux, sablonneux et graveleux.
Loam crayeux. Ce sol manque surtout d’ingrédients argileux, et se bonifie avec la glaise, la marne argileuse, terres de marais, etc.
Loam sablonneux. Il manque de chaux, d’argile, et renferme trop de sable. Il se corrige avec la chaux, les marnes calcaires, argileuses, la glaise, etc.
Loam graveleux. Il renferme trop de gravier, et se corrige, au moyen de la marne argileuse ou calcaire, d’un mélange de chaux éteinte et de glaise. » (t. 2 : 45-46).
Ailleurs dans l’ouvrage, c’est toujours dans des citations ou résumés d’auteurs anglais que le mot loam est employé : « Les loams absorbent facilement l’humidité, et se gonflent par cette absorption. Ils retiennent ordinairement une grande quantité d’eau, surtout lorsqu’ils reposent sur un sous-sol de matière argileuse à travers lequel elle ne peut pénétrer. (…) Nous ne terminerons pas cette partie sans citer pour exemple des résultats qu’on peut attendre de l’emploi de ce moyen, le carse de Gowrie, district d’Écosse, qui contient environ 3000 acres de sol argileux, loameux, aujourd’hui très riche et qui naguère se refusait à la culture. Les propriétaires de ces terrains se réunirent pour poser les bases d’un plan général de dessèchement; de larges saignées de 15 à 20 pieds de profondeur, ressemblant à de petits canots et destinées à conduire les eaux à une rivière voisine, furent ouvertes dans plusieurs directions. » (Article DESSÈCHEMENT t. 1 : 323 et 325)
Gasparin reprend le mot en 1843 (p. 300-305) :
« … Ce qui nous importe surtout, c’est la proportion des différents éléments minéraux qui entrent dans la composition des terres et qui indique à quel point elles participent aux propriétés agricoles que nous recherchons. Ainsi, dans la première division, les trois principaux éléments, la silice, la chaux, l’argile, sont-ils dans une espèce d’équilibre, nous aurons les loams, qui sont les meilleurs sols connus ; la silice est-elle en quantité moindre du dixième, nous avons les terres argilo-calcaires ; l’argile est-elle moindre du dixième, la chaux forme-t-elle la plus grande partie des principes constitués, nous avons les craies ; et si c’est le sable siliceux ou calcaire qui domine, nous avons les sables. Dans la division des terres non calcaires, si la silice prédomine, nous avons les terrains siliceux ; si c’est l’argile, ce sont les glaises ».
(…) Observations. Cette section représente en partie les loams anglais. J’ai dû adopter ce nom et le préciser ; la langue française n’en offre pas qui embrasse ce mélange des trois principaux éléments des terres arables. Ainsi, toute terre qui, contenant de la chaux et de la magnésie, ou de l’une et de l’autre en quantité appréciable, aura en outre au moins 0,10 de silice et 0,10 d’argile, sera un loam.
Ainsi l’on pourra avoir un loam composé comme suit :
| Terreau | |
| Carbonate de chaux | |
| Argile | |
| Silice libre | |
C’est une excellente terre d’alluvion formée par le Rhône, à Gabet, près Orange, facile à travailler, produisant de beaux blés, de beaux légumes et de beaux mûriers.
On pourra aussi avoir un loam composé ainsi qu’il suit :
| Terreau | |
| Carbonate de chaux | |
| Argile | |
| Silice libre | |
(…)
1. Loam inconsistant. Si l’argile est en trop petite quantité, et que la chaux et la silice dominent beaucoup, on a des terres légères qui se remuent à la pelle, et dont la culture coûte peu de travail ; mais leur ténacité n’est jamais nulle, comme dans les terrains sablonneux et siliceux, car un dixième d’argile suffit pour leur donner un liant suffisant.
2. Loam meuble. Quand les proportions des différents éléments sont mieux équilibrées, le loam a une ténacité moyenne qui dépasse 800 grammes et ne dépasse pas 1500, et alors il n’est pas seulement une bonne terre à blé, mais les fourrages légumineux y prennent tout leur développement ; la terre s’émiette facilement, on peut la travailler pendant la sécheresse sans crainte de former des mottes difficiles à briser, ce qui favorise beaucoup les secondes semailles.(…)
3. Loam tenace. Quand l’argile est prédominante, le loam peut avoir une assez grande ténacité. Ce genre de loam est réputé la terre à froment par excellence, parce qu’il conserve mieux son humidité au retour des chaleurs, et parce qu’il tient en réserve dans le tissu de son argile des sels ammoniacaux que le blé semble plus propre que toute autre plante à lui enlever. »
Risler, Géologie agricole, 1889 (p. 256) citant Arthur Young :
« Tant d’écrivains français ont si fort vanté cette province [la Picardie] pour son agriculture savante et prospère que je l’ai parcourue avec soin afin de découvrir ce mérite. Le sol est ordinairement très bon ; les exceptions, comme à Bernay et encore plus à Flixcourt, où le sous-sol de craie affleure à la surface, ne sont rien en comparaison des Ioams riches, meubles et profonds, reposant sur le calcaire. Mais quand nous voyons Ies loams les plus beaux, les plus profonds et les plus riches du monde soumis à la rotation barbare d’une jachère, suivie d’un froment, puis d’une recette de printemps d’un produit misérable, tout se résumant en une récolte de froment, nous pouvons dire que dans un tel pays l’agriculture en est encore au dixième siècle. »
Le terme loam sert encore à désigner des classes de granulométriques dans certains triangles de texture étrangers, tout particulièrement au Québec :
« les sols du groupe 3 sont presque tous constitués de till glaciaire à texture variant du loam sableux au loam limoneux. Ils contiennent des fragments grossiers, graviers, cailloux et pierres ». (https://www.agrireseau.net/references/6/Bio99-3.pdf Québec, 1990 [1])
Loameux
Cet adjectif désignant des sols est utilisé dans de nombreux sites Web consacrés au jardinage. Il vient du Canada. En voici trois exemples :
« Un sol loameux contient un mélange équilibré de sable, de limon et de matière organique. C’est un sol qui se draine efficacement et qui renferme beaucoup d’éléments nutritifs et d’espaces interstitiels. En quelque sorte, un sol loameux est un sol idéal. Étant donné sa relative rareté, la plupart des jardiniers doivent incorporer de la matière organique, du sable ou du limon dans leur terre pour la rendre de consistance loameuse ». (Site Premier Tech, consulté le 6 juillet 2025).
« sols loameux : mélange d’argile, de sable et de limon. Ils ont une texture farineuse. Quand on les roule, ils forment une boule molle, plus ou moins lisse ou plus ou moins granuleuse, qui tache plus ou moins les doigts selon leur composition. Les sols loameux sont aussi qualifiés de terres à jardin ou de terres franches. » (Site Bande riveraine, consulté le 6 juillet 2025).
« Les sols loameux sont constitués d’environ 40 à 60 % de sable, 30 à 50 % de limon et 15 à 25 % d’argile. Ce sont d’excellents sols de culture, car ils présentent un bon équilibre du point du vue de l’aération, du drainage et de la rétention de l’eau et des éléments nutritifs. Ils sont également très fertiles. » (Site Espace pour la vie, consulté le 6 juillet 2025).
Ces définitions font penser, voire font explicitement référence, à la « terre franche », la « terre idéale des jardiniers » (voir annexe 3)…
Notes
Références citées
- Boussingault J.B., 1868. Agronomie, chimie agricole et physiologie, t. 4. 2e édition, revue et considérablement augmentée. Texte intégral sur Gallica.
- Brändle G., 2020. Le sol de lœss - fertile et fragile. Société suisse de pédologie. Texte intégral
- Demolon A., George M., 1925. Sur la réaction des terres de limon dans l’Aisne. C. R. Acad. Agric. Fr., t. XI : 433-436. Texte intégral sur Gallica.
- Dewolf Y., Helluin M., Lautridou J.-P., Vazart M., 1981. Les lœss d’Iville (Eure). Faciès régional de transition entre deux provinces lœssiques majeures du Bassin de Paris. Bull. Ass. française étude du quaternaire, 18 (3-4) : 159-172. Texte intégral sur Persée.
- Ding Hong, Li Yanrong, Yang Yang, Jia Xin, 2019. Origin and evolution of modern loess science - 1824 to 1964. J. of Asian Earth Sciences, Vol. 170: 45-55.
- Foucault A., Raoult J.-F., 1995. Dictionnaire de géologie. 4e éd. Masson, Paris, 234 p.
- Gasparin A. de, 1843. Cours d’agriculture, t. 1. Paris, 732 p. Texte intégral sur Gallica.
- Jamagne M., 1973. Contribution à l’étude pédogénétique des formations lœssiques du Nord de la France. Thèse, Faculté Universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux. 445 p.
- Laville A., 1908. Instrument en silex du type dit : Chelléen, de l’Ergeron de Villejuif. Bull. et Mém. Soc. Anthropologie de Paris, Ve Série, t. 9 : 742-743;
- Leonhard K.C. von, 1824. Charakteristik der Felsarten, Vol. 3. Heidelberg.
- Montier A., 1893. In : Bull. Soc. normande d’études préhistoriques, t. 1, Louviers, 151 p.
- Morel C., 2023. Des Hommes et des Lœss : modélisation des stratégies d’implantation agricole en Europe tempérée du Néolithique au Moyen âge. Thèse Univ. De Strasbourg. 132 p.
- Orbigny A. d’, 1842. Voyage dans l’Amérique méridionale (…) exécuté pendant les années 1826, 1827, 1828, 1829, 1830, 1831, 1832 et 1833. T. 3, 3e partie : géologie, 289 p. + figures. Texte intégral sur Gallica.
- Parat A. (Abbé), 1896. Le trou de la marmotte à Saint-Moré. Soc. Sci. historiques et naturelles de l’Yonne, 50e vol. : 27-50.
- Plaisance G., 1953. Les chaînes de sols. Revue forestière française, 9 : 565-576. [10.4267/2042/27977 hal-03380099 Texte intégral]
- Plaisance G., Cailleux A., 1958. Dictionnaire des sols. La maison rustique, Paris. vii +604 p.
- Pomerol C., Renard M., 1989. Éléments de géologie. A. Colin, Paris. 9e éd., xiv + 615 p.
- Richthofen F. von, 1870. Letters to the Shanghai Chamber of Commerce (1869-1872), Vol.3 Honan and Shansi. Shanghai Chamber of Commerce, 149 p.
- Risler E., 1889. Géologie agricole. 1e partie du cours d’agriculture comparée, t 2, 424 p.
- Smalley I., Markovic S.B., 2018. Four loess pioneers: Charles Lyell, F. von Richthofen, V.A. Obruchev, L.S. Berg. Quaternary International, Vol. 469, part A, pp. 4-10.
- François de Neufchâteau, dir., 1827. Dictionnaire d’agriculture pratique, contenant la grande et petite culture, l’économie rurale et domestique, la médecine vétérinaire… Paris, t. 1, CXI + 594 p., figures Texte intégral ; t.2, 782 p. Texte intégral sur Gallica.
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