Mesures de surface agraires - Annexe 3

De Les Mots de l'agronomie
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Cette annexe se rapporte à l'article Mesures de surface agraires.

La charrue, unité de surface

(la Salle de l’Étang, 1764, p. 6-12)


ARTICLES PRÉLIMINAIRES, Servant d’Introduction.


Des différentes façons dont nos terres sont tenues par les Gens de la Campagne.


Toutes nos terres labourables sont généralement tenues en détail, ou en corps de Ferme.

Elles sont louées en détail, quand elles sont louées par Pièce, par Arpent, ou par demi-Arpent. (...) Dans les cantons où cet usage est établi, les terres ne se cultivant qu’à la bêche & non à la charrue, un père de famille n’en prend qu’autant qu’il peut en cultiver ; suivant le nombre de ses enfants capables de travailler. (...) En affermant ainsi les terres par pièce, ou par arpent, la location en est bien plus avantageuse pour les Propriétaires ; puisque cette sorte de culture se rapporte assez à celle des Jardins. Ce serait vraiment le moyen de mieux faire valoir toutes nos terres, si on pouvait ne les cultiver qu’à la bêche ; mais cette façon de culture, exigeant trop de bras, elles resteraient incultes presque toutes.

C’est pourquoi l’usage le plus général est de les louer pour être cultivées à la charrue ; pour lors elles forment le grand objet de l’Agriculture ; à la différence des autres qui n’étant cultivées qu’à la bêche, tombent plutôt dans la partie de l’Agriculture qui concerne les jardins.

Les terres qui sont cultivées à la charrue, sont au-contraire tenues en corps de Ferme, qui ont plus ou moins de contenance. Il y en a de trois à quatre-cents arpents ; il y en a même qui en contiennent davantage, & il s’en trouve qui n’en ont qu’une vingtaine au plus ; en un mot, toutes les terres qui se cultivent à la charrue, sont censées être tenues en corps de Ferme.

Leur contenance est généralement distinguée par charrues.

En supposant que les terres d’un corps de Ferme soient partagées & divisées par tiers, c’est-à-dire, par les trois soles des bleds, des mars, & des jachères, la contenance d’une charrue est ordinairement d’environ soixante & quinze à cent arpents au total.

Elle est de 75 au plus dans les pays & les cantons où les terres sont fortes & pesantes, & de 100 ou environ dans ceux où les terres sont légères : ainsi, quand les corps de Ferme sont de la contenance du double ou du triple d’arpents qu’on vient d’énoncer, ils sont réputés être de deux ou trois charrues.

Lorsque les terres n’ont pas la contenance nécessaire pour former une charrue, elles sont louées à des Fermiers qui n’en ont pas suffisamment pour s’occuper.

Les corps de Ferme de deux, de trois & même d’une seule charrue, ne sont point sans être accompagnés d’une maison pour l’établissement d’un Fermier. Ces maisons doivent contenir tout ce qui est nécessaire pour l’exploitation de la Ferme, comme Cour, Grange, Écuries, Étables, Bergeries, &c. avec un Corps de logis pour l’habitation du Fermier ; lequel doit encore contenir toutes les commodités qui lui sont nécessaires pour pouvoir bien faire valoir.

Les terres qui n’ont pas une contenance suffisante pour composer une charrue, peuvent être sans maison, parce que l’entretien diminuerait beaucoup le produit de la Ferme.

Les corps de Ferme qui n’ont point de jachères, exigent environ la même contenance pour composer une charrue.

Les charues sont chacune généralement de deux ou trois chevaux, selon que les terre sont plus ou moins fortes ; & quand elles le sont davantage, elles sont chacune de quatre ou six chevaux : pour lors on emploie plus volontiers les bœufs dont l’attelage est de quatre ou de six.

Référence

La Salle de l’Étang S.P. de, 1764. Manuel d’agriculture pour le laboureur, pour le propriétaire, et pour le gouvernement… Paris, xviii + 584 p. Texte intégral sur Gallica.


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