Assolement, rotation, succession, système de culture : fabrication d’un concept, 1750-1810 - Annexe 4 : Différence entre versions

De Les Mots de l'agronomie
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<center><big>'''« CHAPITRE IV. ''De l’exploitation des Terres''.'''</big></center>
 
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Celui qui semeroit tous les ans du froment dans un même champ, n’auroit assurément que de médiocres récoltes : c’est un fait constaté par un trop grand nombre d’expériences, pour qu’il puisse être révoqué en doute. On en attribue la cause à ce que la terre que les premieres récoltes ont épuisé des sucs qui conviennent au froment, ne peut suffire à nourrir perpétuellement cette même plante. C’est pour cette raison qu’on seme successivement dans la même terre différentes plantes. M. WAN-ESLANDE m’a écrit qu’il y a en Flandre des terres si fertiles, qu’en les entretenant en bonne culture, & en les secourant par des fumiers, elles rapportent tous les ans & sans repos, du froment, de l’avoine, de l’orge, du colza, du lin, du tabac, &c.
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Celui qui sèmerait tous les ans du froment dans un même champ, n’aurait assurément que de médiocres récoltes : c’est un fait constaté par un trop grand nombre d’expériences, pour qu’il puisse être révoqué en doute. On en attribue la cause à ce que la terre que les premières récoltes ont épuisé des sucs qui conviennent au froment, ne peut suffire à nourrir perpétuellement cette même plante. C’est pour cette raison qu’on sème successivement dans la même terre différentes plantes. M. WAN-ESLANDE m’a écrit qu’il y a en Flandre des terres si fertiles, qu’en les entretenant en bonne culture, & en les secourant par des fumiers, elles rapportent tous les ans & sans repos, du froment, de l’avoine, de l’orge, du colza, du lin, du tabac, &c.
  
Il peut bien se faire qu’il ne soit pas aussi nécessaire qu’on le pense, de changer les especes de plantes d’une année à l’autre, par la seule raison que par cette pratique, la terre leur fournit différentes nourritures ; & si l’on apperçoit qu’il y a de l’avantage à semer successivement différentes plantes dans une même terre, cela peut venir : 1°, de la quantité de nourriture qui est nécessaire à certaines plantes ; 2°, de la constitution particulière de chaque plante, dont les unes sont plus délicates que les autres ; 3°, de la facilité que les unes ont à étendre leurs racines dans la terre dure ; ce qui fait que celles-ci se passent plus volontiers des labours que les autres.
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Il peut bien se faire qu’il ne soit pas aussi nécessaire qu’on le pense, de changer les espèces de plantes d’une année à l’autre, par la seule raison que par cette pratique, la terre leur fournit différentes nourritures ; & si l’on aperçoit qu’il y a de l’avantage à semer successivement différentes plantes dans une même terre, cela peut venir : 1°, de la quantité de nourriture qui est nécessaire à certaines plantes ; 2°, de la constitution particulière de chaque plante, dont les unes sont plus délicates que les autres ; 3°, de la facilité que les unes ont à étendre leurs racines dans la terre dure ; ce qui fait que celles-ci se passent plus volontiers des labours que les autres.
 
(...)  
 
(...)  
  
Je crois que l’utilité de l’année de jachère consiste principalement en ce qu’elle donne le temps de faire tous les labours nécessaires, sans nier toutefois que pendant le temps de repos elle ne puisse profiter des influences de l’atmosphere, pluies, rosées, neiges, gelées, chaleur du soleil, &c.
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Je crois que l’utilité de l’année de jachère consiste principalement en ce qu’elle donne le temps de faire tous les labours nécessaires, sans nier toutefois que pendant le temps de repos elle ne puisse profiter des influences de l’atmosphère, pluies, rosées, neiges, gelées, chaleur du soleil, &c.
 
   
 
   
 
Il suit delà que tous les deux ans on peut semer du froment dans la même terre ; parce que par cet {{Surligné|yellow|assolement}} on a une année pour donner les labours convenables au froment. Mais on ne peut pas semer tous les ans du froment dans la même terre ; parce que depuis la moisson jusques aux semailles, il n’y a pas assez de temps pour donner les cultures convenables.  
 
Il suit delà que tous les deux ans on peut semer du froment dans la même terre ; parce que par cet {{Surligné|yellow|assolement}} on a une année pour donner les labours convenables au froment. Mais on ne peut pas semer tous les ans du froment dans la même terre ; parce que depuis la moisson jusques aux semailles, il n’y a pas assez de temps pour donner les cultures convenables.  
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Plusieurs Cultivateurs comptant sur la grande fertilité de leurs terres, ont voulu les semer plusieurs années de suite en froment, & ils ont eu lieu de s’en repentir.
 
Plusieurs Cultivateurs comptant sur la grande fertilité de leurs terres, ont voulu les semer plusieurs années de suite en froment, & ils ont eu lieu de s’en repentir.
 
   
 
   
Pourquoi le froment réussit-il bien après les navets, les pommes de terre, le maïs ? C’est qu’on seme ces plantes dans une terre bien amendée & bien labourée ; qu’on leur donne encore deux ou trois labours à bras pendant qu’elles sont en terre ; que la récolte s’en fait dans une saison seche ; & que le bétail n’y entrant point, elle n’est ni trépignée ni pétrie. Ajoutez qu’on donne encore un labour léger avant de répandre le froment, qui se trouve ainsi dans une terre merveilleusement bien cultivée.
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Pourquoi le froment réussit-il bien après les navets, les pommes de terre, le maïs ? C’est qu’on sème ces plantes dans une terre bien amendée & bien labourée ; qu’on leur donne encore deux ou trois labours à bras pendant qu’elles sont en terre ; que la récolte s’en fait dans une saison sèche ; & que le bétail n’y entrant point, elle n’est ni trépignée ni pétrie. Ajoutez qu’on donne encore un labour léger avant de répandre le froment, qui se trouve ainsi dans une terre merveilleusement bien cultivée.
  
Comme l’avoine peut mieux se passer que le froment, d’une terre fort ameublie, elle réussit bien sur un chaume de froment labouré deux fois, & sur un défrichis de sainfoin ; & l’on doit de plus remarquer que comme les menus grains ne se sement qu’en Mars, on a, depuis la moisson jusqu’à leurs semailles, le temps de faire les labours convenables.
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Comme l’avoine peut mieux se passer que le froment, d’une terre fort ameublie, elle réussit bien sur un chaume de froment labouré deux fois, & sur un défrichis de sainfoin ; & l’on doit de plus remarquer que comme les menus grains ne se sèment qu’en Mars, on a, depuis la moisson jusqu’à leurs semailles, le temps de faire les labours convenables.
  
Voilà sommairement les principaux motifs qui obligent de diviser les terres par saisons, & qui déterminent à semer les terres successivement en différents grains. Il y a encore d’autres raisons qui peuvent engager à assoler différemment les terres : nous les ferons connoître par les détails où nous allons entrer.<br/><br/>  
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Voilà sommairement les principaux motifs qui obligent de diviser les terres par saisons, & qui déterminent à semer les terres successivement en différents grains. Il y a encore d’autres raisons qui peuvent engager à assoler différemment les terres : nous les ferons connaître par les détails où nous allons entrer.<br/><br/>  
  
 
<center>'''ARTICLE I. De la division des Terres en deux ou trois Soles.'''</center>
 
<center>'''ARTICLE I. De la division des Terres en deux ou trois Soles.'''</center>
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'''Des circonstances qui obligent de changer l’{{Surligné|yellow|assolement}} des Terres.))'''</center>
 
'''Des circonstances qui obligent de changer l’{{Surligné|yellow|assolement}} des Terres.))'''</center>
  
Nous avons des terres qui donnent du froment en abondance, quand on a pu parvenir à les bien préparer pour ce grain ; mais comme elles ne peuvent être labourées ni dans un temps sec, ni lorsqu’il fait fort humide, un fermier qui espéreroit mettre 60 arpents de terre en froment, ne pourra quelquefois parvenir à en mettre plus de 25 ou 30 : cependant il ne fera pas pour cela une perte considérable ; car ces terres, qui avoient déjà reçu quelques labours pour le froment, donneront ordinairement du mars en abondance.<br/><br/>
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Nous avons des terres qui donnent du froment en abondance, quand on a pu parvenir à les bien préparer pour ce grain ; mais comme elles ne peuvent être labourées ni dans un temps sec, ni lorsqu’il fait fort humide, un fermier qui espérerait mettre 60 arpents de terre en froment, ne pourra quelquefois parvenir à en mettre plus de 25 ou 30 : cependant il ne fera pas pour cela une perte considérable ; car ces terres, qui avoient déjà reçu quelques labours pour le froment, donneront ordinairement du mars en abondance.<br/><br/>
  
 
<center>'''ARTICLE III. Deux Méthodes d’assoler les Terres en basse Normandie'''</center>
 
<center>'''ARTICLE III. Deux Méthodes d’assoler les Terres en basse Normandie'''</center>
 
En Normandie, du côté de Bayeux, il y a deux méthodes d’assoler les terres.
 
En Normandie, du côté de Bayeux, il y a deux méthodes d’assoler les terres.
  
Suivant une de ces méthodes : 1°, On seme du sarrasin vers la fin de Juin : 2°, Quand les tiges & les racines de cette plante sont mortes & desséchées, ce qui arrive vers la Toussaints, on laboure, & sur le champ on seme du froment : ainsi voilà le froment semé sur un seul labour. Il est vrai que ces terres ont été labourées pour le sarrasin, & même bien amendées. Or, comme je l’ai dit dans quelques-uns de mes Volumes, l’abondance des engrais peut suppléer aux bonnes cultures, comme les bonnes cultures suppléent aux engrais. 3°, Après la récolte du froment, on retourne le chaume le plutôt qu’il est possible, & on donne un second labour en Février ou en Mars, pour semer de l’avoine ; ou bien, on donne un labour de plus pour semer de l’orge : 4°, On retourne le chaume d’orge pendant l’hiver ; & après avoir donné un labour au printemps, on seme des pois ou de la vesce : 5°, Aussi-tôt que ces légumes sont récoltés, on retourne ces terres, afin qu’elles puissent recevoir deux labours avant le mois d’Octobre, pour y semer du froment : 6°, Dans l’année suivante, on y seme de l’avoine, parmi laquelle on mêle un peu de trefle ; ensuite on laisse cette terre  en pâture pendant trois ou quatre ans. On imagine bien que, suivant la nature des terres & les besoins du Fermier, on varie l’ordre des grains qu’on seme successivement ; mais par cete pratique, on a en six ans six récoltes ; deux de froment, deux d’avoine, une de sarrasin, & une de pois ou de navets ; puis le champ reste ensemencé en trefle, dont on fait paître l’herbe pendant quatre ans.
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Suivant une de ces méthodes : 1°, On sème du sarrasin vers la fin de Juin : 2°, Quand les tiges & les racines de cette plante sont mortes & desséchées, ce qui arrive vers la Toussaint, on laboure, & sur le champ on sème du froment : ainsi voilà le froment semé sur un seul labour. Il est vrai que ces terres ont été labourées pour le sarrasin, & même bien amendées. Or, comme je l’ai dit dans quelques-uns de mes Volumes, l’abondance des engrais peut suppléer aux bonnes cultures, comme les bonnes cultures suppléent aux engrais. 3°, Après la récolte du froment, on retourne le chaume le plutôt qu’il est possible, & on donne un second labour en Février ou en Mars, pour semer de l’avoine ; ou bien, on donne un labour de plus pour semer de l’orge : 4°, On retourne le chaume d’orge pendant l’hiver ; & après avoir donné un labour au printemps, on sème des pois ou de la vesce : 5°, Aussitôt que ces légumes sont récoltés, on retourne ces terres, afin qu’elles puissent recevoir deux labours avant le mois d’Octobre, pour y semer du froment : 6°, Dans l’année suivante, on y sème de l’avoine, parmi laquelle on mêle un peu de trèfle ; ensuite on laisse cette terre  en pâture pendant trois ou quatre ans. On imagine bien que, suivant la nature des terres & les besoins du Fermier, on varie l’ordre des grains qu’on sème successivement ; mais par cette pratique, on a en six ans six récoltes ; deux de froment, deux d’avoine, une de sarrasin, & une de pois ou de navets ; puis le champ reste ensemencé en trèfle, dont on fait paître l’herbe pendant quatre ans.
  
Suivant l’autre méthode, qu’on nomme Varet, on ne seme point de sarrasin sur la terre qu’on défriche ; on le laisse en jachère depuis les mois de Février ou de Mars, qu’on l’a défrichée, jusqu’au mois d’Octobre ; & on profite de ce temps pour l’amender, & lui donner plusieurs labours qui la disposent à recevoir du froment. La récolte est alors communément beaucoup plus abondante que quand on a semé du sarrasin. On suit, au reste, les semences successives dont nous venons de parler.
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Suivant l’autre méthode, qu’on nomme Varet, on ne sème point de sarrasin sur la terre qu’on défriche ; on le laisse en jachère depuis les mois de Février ou de Mars, qu’on l’a défrichée, jusqu’au mois d’Octobre ; & on profite de ce temps pour l’amender, & lui donner plusieurs labours qui la disposent à recevoir du froment. La récolte est alors communément beaucoup plus abondante que quand on a semé du sarrasin. On suit, au reste, les semences successives dont nous venons de parler.
  
 
Rapprochons de ces pratiques le {{Surligné|yellow|système de culture}} de M. Pattullo : Le voici.<br/><br/>
 
Rapprochons de ces pratiques le {{Surligné|yellow|système de culture}} de M. Pattullo : Le voici.<br/><br/>
  
 
<center>'''ARTICLE IV. {{Surligné|yellow|système de culture}} de M. PATTULLO.'''</center>
 
<center>'''ARTICLE IV. {{Surligné|yellow|système de culture}} de M. PATTULLO.'''</center>
1°, On essaiera de défricher dans l’automne, afin que les gelées d’hiver mûrissent la terre, & fassent périr les herbes ; 2°, Au printemps, aussi-tôt que la terre sera ressuyée, on donnera un second labour ; 3°, On y transportera les amendements convenables à la nature du terrein ; 4°, Sur le champ on donnera un troisieme labour profond, & on hersera, s’il est nécessaire, pour briser les mottes ; 5°, Dans le mois d’Août, on donnera un quatrième labour ; 6°, On semera en Octobre du froment, dont on aura lieu d’espérer une bonne récolte ; 7°, Aussi-tôt après la moisson, on retournera les chaumes ; 8°, Dans le mois de Mars, on donnera un second labour, & on semera de l’orge, qu’on recueillera comme les avoines dans le mois d’Août ; 9°, Aussi tôt après cette récolte, on retournera le chaume d’orge, & on passera la herse pour briser les mottes ; 10. On donnera un second labour en Septembre pour semer du froment en Octobre. Cette méthode que M. Patullo propose pour les terres fertiles, revient assez à la culture qu’on nomme en Normandie Varet.
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1°, On essaiera de défricher dans l’automne, afin que les gelées d’hiver mûrissent la terre, & fassent périr les herbes ; 2°, Au printemps, aussitôt que la terre sera ressuyée, on donnera un second labour ; 3°, On y transportera les amendements convenables à la nature du terrain ; 4°, Sur le champ on donnera un troisième labour profond, & on hersera, s’il est nécessaire, pour briser les mottes ; 5°, Dans le mois d’Août, on donnera un quatrième labour ; 6°, On sèmera en Octobre du froment, dont on aura lieu d’espérer une bonne récolte ; 7°, Aussitôt après la moisson, on retournera les chaumes ; 8°, Dans le mois de Mars, on donnera un second labour, & on sèmera de l’orge, qu’on recueillera comme les avoines dans le mois d’Août ; 9°, Aussi tôt après cette récolte, on retournera le chaume d’orge, & on passera la herse pour briser les mottes ; 10. On donnera un second labour en Septembre pour semer du froment en Octobre. Cette méthode que M. Patullo propose pour les terres fertiles, revient assez à la culture qu’on nomme en Normandie Varet.
A l’égard des terres sablonneuses, graveleuses & légeres, il suffit, dit M. Pattullo,  
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A l’égard des terres sablonneuses, graveleuses & légères, il suffit, dit M. Pattullo,  
*1°, de leur donner trois labours : après le second, on portera les engrais ; & après le troisieme labour, on semera du froment, qu’on enterrera avec la charrue.  
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*1°, de leur donner trois labours : après le second, on portera les engrais ; & après le troisième labour, on sèmera du froment, qu’on enterrera avec la charrue.  
*2°, Aussi-tôt après la récolte, on brûlera les chaumes ; on donnera un labour léger, & on semera des turnips ou gros navets.  
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*2°, Aussi-tôt après la récolte, on brûlera les chaumes ; on donnera un labour léger, & on sèmera des turnips ou gros navets.  
*3°, Après la récolte des navets, on donnera un profond labour, & on semera des pois blancs.
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*3°, Après la récolte des navets, on donnera un profond labour, & on sèmera des pois blancs.
*4°, Après la récolte des pois, on labourera la terre, & on semera des navets, comme on avoit fait l’année précédente.
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*4°, Après la récolte des pois, on labourera la terre, & on sèmera des navets, comme on avait fait l’année précédente.
*5°, Au printemps suivant, ayant préparé la terre par un ou deux labours, on y semera de l’orge.<br/>
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*5°, Au printemps suivant, ayant préparé la terre par un ou deux labours, on y sèmera de l’orge.<br/>
Voilà en trois ans cinq récoltes ; une de froment, deux de navets, une de feves ((errata corrigé dans l’édition de 1779 : pois blancs)) & une d’orge.
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Voilà en trois ans cinq récoltes ; une de froment, deux de navets, une de fèves ((errata corrigé dans l’édition de 1779 : pois blancs)) & une d’orge.
*6°, Après la récolte de l’orge, on labourera la terre ; on la hersera, & on y semera en septembre du trefle, si la terre est un peu humide ; & on profitera des gelées d’hiver pour y voiturer des engrais, qu’on répandra sur le trefle.
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*6°, Après la récolte de l’orge, on labourera la terre ; on la hersera, & on y sèmera en septembre du trèfle, si la terre est un peu humide ; & on profitera des gelées d’hiver pour y voiturer des engrais, qu’on répandra sur le trèfle.
*7°, Dans l’automne de la troisieme année, on labourera le trefle ; on donnera au printemps un second labour, & on semera de l’orge.
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*7°, Dans l’automne de la troisième année, on labourera le trèfle ; on donnera au printemps un second labour, & on sèmera de l’orge.
*8°, Après la récolte de l’orge, on donnera deux labours, & on semera du froment.
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*8°, Après la récolte de l’orge, on donnera deux labours, & on sèmera du froment.
*9°, On pourra faire dans l’année suivante une seconde récolte de froment, avant les récoltes des menus grains ; ou bien on suivra les récoltes, comme il a été dit plus haut ; mais à la fin de la troisieme année, on semera du trefle, ou, suivant la qualité du terrein, d’autres herbages, se conformant à ce que nous rapporterons, lorsque nous traiterons des prés artificiels.
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*9°, On pourra faire dans l’année suivante une seconde récolte de froment, avant les récoltes des menus grains ; ou bien on suivra les récoltes, comme il a été dit plus haut ; mais à la fin de la troisième année, on sèmera du trèfle, ou, suivant la qualité du terrain, d’autres herbages, se conformant à ce que nous rapporterons, lorsque nous traiterons des prés artificiels.
  
 
Cette méthode ne s’éloigne pas beaucoup de ce qui se pratique aux environs de Bayeux.<br/><br/>
 
Cette méthode ne s’éloigne pas beaucoup de ce qui se pratique aux environs de Bayeux.<br/><br/>

Version actuelle datée du 28 février 2018 à 14:32

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Cette annexe se rapporte à l'article Assolement, rotation, succession, système de culture : fabrication d’un concept, 1750-1810.

Assolement et Système de culture dans les Éléments d’agriculture de Duhamel du Monceau

(1762, t. 1 : 219-234)


« CHAPITRE IV. De l’exploitation des Terres.

Celui qui sèmerait tous les ans du froment dans un même champ, n’aurait assurément que de médiocres récoltes : c’est un fait constaté par un trop grand nombre d’expériences, pour qu’il puisse être révoqué en doute. On en attribue la cause à ce que la terre que les premières récoltes ont épuisé des sucs qui conviennent au froment, ne peut suffire à nourrir perpétuellement cette même plante. C’est pour cette raison qu’on sème successivement dans la même terre différentes plantes. M. WAN-ESLANDE m’a écrit qu’il y a en Flandre des terres si fertiles, qu’en les entretenant en bonne culture, & en les secourant par des fumiers, elles rapportent tous les ans & sans repos, du froment, de l’avoine, de l’orge, du colza, du lin, du tabac, &c.

Il peut bien se faire qu’il ne soit pas aussi nécessaire qu’on le pense, de changer les espèces de plantes d’une année à l’autre, par la seule raison que par cette pratique, la terre leur fournit différentes nourritures ; & si l’on aperçoit qu’il y a de l’avantage à semer successivement différentes plantes dans une même terre, cela peut venir : 1°, de la quantité de nourriture qui est nécessaire à certaines plantes ; 2°, de la constitution particulière de chaque plante, dont les unes sont plus délicates que les autres ; 3°, de la facilité que les unes ont à étendre leurs racines dans la terre dure ; ce qui fait que celles-ci se passent plus volontiers des labours que les autres. (...)

Je crois que l’utilité de l’année de jachère consiste principalement en ce qu’elle donne le temps de faire tous les labours nécessaires, sans nier toutefois que pendant le temps de repos elle ne puisse profiter des influences de l’atmosphère, pluies, rosées, neiges, gelées, chaleur du soleil, &c.

Il suit delà que tous les deux ans on peut semer du froment dans la même terre ; parce que par cet assolement on a une année pour donner les labours convenables au froment. Mais on ne peut pas semer tous les ans du froment dans la même terre ; parce que depuis la moisson jusques aux semailles, il n’y a pas assez de temps pour donner les cultures convenables.

Plusieurs Cultivateurs comptant sur la grande fertilité de leurs terres, ont voulu les semer plusieurs années de suite en froment, & ils ont eu lieu de s’en repentir.

Pourquoi le froment réussit-il bien après les navets, les pommes de terre, le maïs ? C’est qu’on sème ces plantes dans une terre bien amendée & bien labourée ; qu’on leur donne encore deux ou trois labours à bras pendant qu’elles sont en terre ; que la récolte s’en fait dans une saison sèche ; & que le bétail n’y entrant point, elle n’est ni trépignée ni pétrie. Ajoutez qu’on donne encore un labour léger avant de répandre le froment, qui se trouve ainsi dans une terre merveilleusement bien cultivée.

Comme l’avoine peut mieux se passer que le froment, d’une terre fort ameublie, elle réussit bien sur un chaume de froment labouré deux fois, & sur un défrichis de sainfoin ; & l’on doit de plus remarquer que comme les menus grains ne se sèment qu’en Mars, on a, depuis la moisson jusqu’à leurs semailles, le temps de faire les labours convenables.

Voilà sommairement les principaux motifs qui obligent de diviser les terres par saisons, & qui déterminent à semer les terres successivement en différents grains. Il y a encore d’autres raisons qui peuvent engager à assoler différemment les terres : nous les ferons connaître par les détails où nous allons entrer.

ARTICLE I. De la division des Terres en deux ou trois Soles.

(...)

ARTICLE II. Différentes Exploitations des Terres selon les différents Terreins.

((l’édition de 1779 change ce titre en :

Des circonstances qui obligent de changer l’assolement des Terres.))

Nous avons des terres qui donnent du froment en abondance, quand on a pu parvenir à les bien préparer pour ce grain ; mais comme elles ne peuvent être labourées ni dans un temps sec, ni lorsqu’il fait fort humide, un fermier qui espérerait mettre 60 arpents de terre en froment, ne pourra quelquefois parvenir à en mettre plus de 25 ou 30 : cependant il ne fera pas pour cela une perte considérable ; car ces terres, qui avoient déjà reçu quelques labours pour le froment, donneront ordinairement du mars en abondance.

ARTICLE III. Deux Méthodes d’assoler les Terres en basse Normandie

En Normandie, du côté de Bayeux, il y a deux méthodes d’assoler les terres.

Suivant une de ces méthodes : 1°, On sème du sarrasin vers la fin de Juin : 2°, Quand les tiges & les racines de cette plante sont mortes & desséchées, ce qui arrive vers la Toussaint, on laboure, & sur le champ on sème du froment : ainsi voilà le froment semé sur un seul labour. Il est vrai que ces terres ont été labourées pour le sarrasin, & même bien amendées. Or, comme je l’ai dit dans quelques-uns de mes Volumes, l’abondance des engrais peut suppléer aux bonnes cultures, comme les bonnes cultures suppléent aux engrais. 3°, Après la récolte du froment, on retourne le chaume le plutôt qu’il est possible, & on donne un second labour en Février ou en Mars, pour semer de l’avoine ; ou bien, on donne un labour de plus pour semer de l’orge : 4°, On retourne le chaume d’orge pendant l’hiver ; & après avoir donné un labour au printemps, on sème des pois ou de la vesce : 5°, Aussitôt que ces légumes sont récoltés, on retourne ces terres, afin qu’elles puissent recevoir deux labours avant le mois d’Octobre, pour y semer du froment : 6°, Dans l’année suivante, on y sème de l’avoine, parmi laquelle on mêle un peu de trèfle ; ensuite on laisse cette terre en pâture pendant trois ou quatre ans. On imagine bien que, suivant la nature des terres & les besoins du Fermier, on varie l’ordre des grains qu’on sème successivement ; mais par cette pratique, on a en six ans six récoltes ; deux de froment, deux d’avoine, une de sarrasin, & une de pois ou de navets ; puis le champ reste ensemencé en trèfle, dont on fait paître l’herbe pendant quatre ans.

Suivant l’autre méthode, qu’on nomme Varet, on ne sème point de sarrasin sur la terre qu’on défriche ; on le laisse en jachère depuis les mois de Février ou de Mars, qu’on l’a défrichée, jusqu’au mois d’Octobre ; & on profite de ce temps pour l’amender, & lui donner plusieurs labours qui la disposent à recevoir du froment. La récolte est alors communément beaucoup plus abondante que quand on a semé du sarrasin. On suit, au reste, les semences successives dont nous venons de parler.

Rapprochons de ces pratiques le système de culture de M. Pattullo : Le voici.

ARTICLE IV. système de culture de M. PATTULLO.

1°, On essaiera de défricher dans l’automne, afin que les gelées d’hiver mûrissent la terre, & fassent périr les herbes ; 2°, Au printemps, aussitôt que la terre sera ressuyée, on donnera un second labour ; 3°, On y transportera les amendements convenables à la nature du terrain ; 4°, Sur le champ on donnera un troisième labour profond, & on hersera, s’il est nécessaire, pour briser les mottes ; 5°, Dans le mois d’Août, on donnera un quatrième labour ; 6°, On sèmera en Octobre du froment, dont on aura lieu d’espérer une bonne récolte ; 7°, Aussitôt après la moisson, on retournera les chaumes ; 8°, Dans le mois de Mars, on donnera un second labour, & on sèmera de l’orge, qu’on recueillera comme les avoines dans le mois d’Août ; 9°, Aussi tôt après cette récolte, on retournera le chaume d’orge, & on passera la herse pour briser les mottes ; 10. On donnera un second labour en Septembre pour semer du froment en Octobre. Cette méthode que M. Patullo propose pour les terres fertiles, revient assez à la culture qu’on nomme en Normandie Varet. A l’égard des terres sablonneuses, graveleuses & légères, il suffit, dit M. Pattullo,

  • 1°, de leur donner trois labours : après le second, on portera les engrais ; & après le troisième labour, on sèmera du froment, qu’on enterrera avec la charrue.
  • 2°, Aussi-tôt après la récolte, on brûlera les chaumes ; on donnera un labour léger, & on sèmera des turnips ou gros navets.
  • 3°, Après la récolte des navets, on donnera un profond labour, & on sèmera des pois blancs.
  • 4°, Après la récolte des pois, on labourera la terre, & on sèmera des navets, comme on avait fait l’année précédente.
  • 5°, Au printemps suivant, ayant préparé la terre par un ou deux labours, on y sèmera de l’orge.

Voilà en trois ans cinq récoltes ; une de froment, deux de navets, une de fèves ((errata corrigé dans l’édition de 1779 : pois blancs)) & une d’orge.

  • 6°, Après la récolte de l’orge, on labourera la terre ; on la hersera, & on y sèmera en septembre du trèfle, si la terre est un peu humide ; & on profitera des gelées d’hiver pour y voiturer des engrais, qu’on répandra sur le trèfle.
  • 7°, Dans l’automne de la troisième année, on labourera le trèfle ; on donnera au printemps un second labour, & on sèmera de l’orge.
  • 8°, Après la récolte de l’orge, on donnera deux labours, & on sèmera du froment.
  • 9°, On pourra faire dans l’année suivante une seconde récolte de froment, avant les récoltes des menus grains ; ou bien on suivra les récoltes, comme il a été dit plus haut ; mais à la fin de la troisième année, on sèmera du trèfle, ou, suivant la qualité du terrain, d’autres herbages, se conformant à ce que nous rapporterons, lorsque nous traiterons des prés artificiels.

Cette méthode ne s’éloigne pas beaucoup de ce qui se pratique aux environs de Bayeux.

ARTICLE V. Pratiques de l’Angoumois

Il y a dans l’Angoumois plusieurs façons d’assoler ou d’ensemencer les terres par saison. ((suit une description exclusivement temporelle))


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