Friche, défricher - Annexe 1

De Les Mots de l'agronomie
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Le défrichement des prairies selon Olivier de Serres (1605)

(Le théâtre d'agriculture et mesnage des champs. 3e édition revue et augmentée par l'Auteur, pages 72-74)


« CHAPITRE I. Préparer la terre pour le labourage
Les vieilles prairies se ploient très-bien en labourage, à cela étant préparées. Si elles sont aquatiques, pour un préalable convient les dessécher, puis les rompre : après toutes-fois salutaire avis, car de défricher inconsidérément toutes sortes de prés, n'est le fait d'un bon ménager, pour le grand besoin d'herbages qu'il a pour nourrir ses bêtes. Mais en étant suffisamment pourvu, ne mettra en difficulté de rompre partie de ses moins valeureuses prairies : s'assurant, ainsi maniées, d'en tirer plus de profit d'un an, en bled : qu'en foin, de six. Donc, étant toujours plus à priser l'écu, que le teston, ne serait-ce pas preuve de peu de jugement que de préférer l'un à l'autre ? Joint que ceci augmente le ménage, que la prairie, pour sa vieillesse, rendue presque inutile, après avoir donné abondance de beaux bleds, huit ou dix ans de suite, plus ou moins, selon la faculté du fonds, reproduira par-après des foins, si à cela voulez réemployer, six fois plus qu'elle ne faisait auparavant, pour avoir le fonds acquis nouvelles forces, moyennant la culture, & s'être engeancé de jeunes & franches semences. Et bien-que telle grande fertilité ne soit de perpétuelle durée, se consumant sa bonté avec le labeur, par le plus d'icelle consister en la motte ou superficie du pré, si est-ce que le labourage procédé des défrichements, est toujours des meilleurs : pourvu qu'il soit gouverné en bon père-de-famille, qui après en avoir tiré quelques cueillettes de suite, sans toutefois en épuiser toute la graisse, quoi-qu'il le voie de bonne volonté, le mette en rang avec ses autres terres, pour reposer un an, après le travail d'un autre, ainsi qu'il convient raisonnablement faire de champ passable en bonté. Défricher les vieilles prairies




Qui, & qu’elles prairies doivent être défrichées

ENTRE les diverses façons de défricher les prairies, deux principales sont en usage, très-contraires néanmoins, en elles-mêmes : puis-que l'eau & le feu sont opposés l'un à l'autre, effectuans mesme chose ; c'est assavoir, emmenuisant la terre pour la rendre propre à recevoir les semences. Ces deux façons seulement vous représenterai-je, comme les plus utiles & receuës. Le plus commun défrichement se faict au soc, tiré par bestes de labourage : puis vient celui du brusler de la motte ou gazon, par le feu qu'on y met, apres l'avoir enlevée & à ce préparée. Le temps gouverne entierement ces œuvres, lequel de nécessité convient avoir favorable, froid & humide pour cestui-là : & chaud & sec, pour cestui-ci. Donques pour defricher au soc, c'est la seule saison de l'hyver qu'il faut employer : & au feu, choisir le cœur de l'esté ; ainsi approprié l'ouvrage au temps, la chose se parfera à souhait, avec frais moderez. Commenceant par le defrichement au soc, je diray qu'arrivé que soit l'Hyver, apres les pluyes de l'Automne, sera le vrai poinct de mettre la main à l'œuvre : d'autant que lors aura-on bon marché de rompre les prairies, pour la commune foiblesse de l'herbe & de la terre, l'une emmatie & l'autre humectee, par l'arrivee des froidures & humiditez, chose dont ne pourriez venir à bout en aucune des autres saisons, qui toutes ensemble donnent vigueur aux herbes, & par consequent, pour peu que la terre fut seche, ne les pourroit-on arracher. Le soc qu'on employera à ce defrichement, n'aura qu'une aureille, appellee en France, l'escu ; afin que par icelle seule les gazons ou mottes se puissent renverser toutes d'un costé, l'herbe justement jettee contre terre, pour là estre estouffee. Cela se fera ainsi, moyennant que le laboureur monte d'un costé du sillon, & descende par l'autre, faisant continuellement toucher de l'escu de son soc à la terre ja labourée ; dont fera que la motte se renversera à loppins s'en-dessus-dessous, si que peu ou poinct d'herbe paroistra par le dessus, ains seulement les racines avec la terre. Ce que ne pourriez justement faire avec le soc à deux aureilles, ne par le labourage ordinaire, icelui n'ayant autre pouvoir que de fendre la motte sans la renverser que bien peu. A la charrue faut fermement adjouster un grand cousteau, dont la pointe, tendant en bas, fendra la motte pour préparer la voye au soc ; afin de tant plus faciliter l'œuvre. Pour gaigner temps & soulager le bestail, à ceste première fois ne faut prendre de la motte, que deux ou trois doigts d'espesseur : à quoi aussi servira beaucoup, si la terre a esté halée auparavant, & puis baignée par quelque pluye, car le fonds prins mollet, est facile à rompre. Pour laquelle cause, au defaut de pluye, on l'arrousera, en ayant le moyen. Prenant la terre ainsi moüillée, l'on pourra dire se défricher presque pour-néant : attendu que vos serviteurs & bestail chommeroient à faute d'autre besongne, en ceste œuvre employans utilement le temps. Il est necessaire estre pourveu de bons & puissans bœufs ou de forts chevaux, mullets ou mulles de grosse taille & robustes, & les bien nourrir pour resister à ce travail, qui n'est petit, sur tout si le fonds est argilleux, car le sablonneux est de plus facile convention. Aussi faut estre fourni de plusieurs coutres & socs proprement accommodés, leur fer bien forgé & aceré, & leur bois neuf, dur & solide, & en avoir de reserve pour substituer en la place de ceux qui se rompent. Les gelees survenantes après ce premier defrichement y serviront de beaucoup, tant pour achever de tuer les racines de la motte, que pour en cuire la terre, qu'elles transperceront de toutes parts. » Deux moyens pour ce faire






Defricher en Hyver au soc, &



sa façon


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