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=Mr de [[A pour personne citée dans les annexes:: Georges-Louis Leclerc de Buffon|Buffon]] présente ses prospections de terrain faites sur son domaine (situé au nord-ouest de Montbard) et émet des hypothèses pédogénétiques.=
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<big><center>'''Il décrit une « terre d’aubue profonde » sans la nommer ainsi.'''</center></big>
<center>'''(citations extraites de Feller et Blanchart, 2004 ; Orthographe modernisée).'''</center>


<center>'''(citations extraites de Feller et Blanchart, 2004. Il décrit une « terre d’aubue profonde » sans la nommer ainsi. Orthographe modernisée).'''</center>


« Je fis sonder, en 1734, par plusieurs coups de tarière, un terrain d’environ soixante-dix arpents d’étendue<ref>environ 35 ha</ref>, dont je voulais connaître l’épaisseur de bonne terre, et où j’ai fait une plantation de bois, qui a bien réussi : j’avais divisé ce terrain par arpents ; et l’ayant fait sonder aux quatre angles de chacun de ces arpents, j’ai retenu la note des différentes épaisseurs de terre, dont la moindre était de deux pieds, et la plus forte de trois pieds et demi<ref>de 65 à 115 cm environ</ref>. J’étais jeune alors, et mon projet était de reconnaître, au bout de trente ans, la différence que produirait sur mon bois semé l’épaisseur plus ou moins grande de cette terre, qui partout était franche et de bonne qualité<ref>Buffon veut tester l’influence de l’épaisseur du sol sur la croissance de ses arbres.</ref>. J’observai, par le moyen de ces sondes, que dans toute l’étendue de ce terrain, la composition des lits de terre était à très peu près la même, et j’y reconnus clairement le changement successif du terreau en terre limoneuse. Ce terrain est situé dans une plaine au-dessus de nos plus hautes collines de Bourgogne : il était, pour la plus grande partie, en friche de temps immémorial ; et comme il n’est dominé par aucune éminence, la terre est sans mélange apparent de craie ni d’argile : elle porte sur une couche horizontale de pierre calcaire dure. »<ref>le terrain étudié se trouve en position de plateau avec un substratum de calcaire dur mais les sols ne contiennent pas de cailloux.</ref>.
« Je fis sonder, en 1734, par plusieurs coups de tarière, un terrain d’environ soixante-dix arpents d’étendue<ref>environ 35 ha</ref>, dont je voulais connaître l’épaisseur de bonne terre, et où j’ai fait une plantation de bois, qui a bien réussi : j’avais divisé ce terrain par arpents ; et l’ayant fait sonder aux quatre angles de chacun de ces arpents, j’ai retenu la note des différentes épaisseurs de terre, dont la moindre était de deux pieds, et la plus forte de trois pieds et demi<ref>de 65 à 115 cm environ</ref>. J’étais jeune alors, et mon projet était de reconnaître, au bout de trente ans, la différence que produirait sur mon bois semé l’épaisseur plus ou moins grande de cette terre, qui partout était franche et de bonne qualité<ref>Buffon veut tester l’influence de l’épaisseur du sol sur la croissance de ses arbres.</ref>. J’observai, par le moyen de ces sondes, que dans toute l’étendue de ce terrain, la composition des lits de terre était à très peu près la même, et j’y reconnus clairement le changement successif du terreau en terre limoneuse. Ce terrain est situé dans une plaine au-dessus de nos plus hautes collines de Bourgogne : il était, pour la plus grande partie, en friche de temps immémorial ; et comme il n’est dominé par aucune éminence, la terre est sans mélange apparent de craie ni d’argile : elle porte sur une couche horizontale de pierre calcaire dure. »<ref>le terrain étudié se trouve en position de plateau avec un substratum de calcaire dur mais les sols ne contiennent pas de cailloux.</ref>.

Dernière version du 10 février 2019 à 14:22

Annexe

Date de mise en ligne
8 février 2019
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Cette annexe se rapporte à l'article Aubues.

Mr de Buffon présente ses prospections de terrain faites sur son domaine (situé au nord-ouest de Montbard) et émet des hypothèses pédogénétiques.

Il décrit une « terre d’aubue profonde » sans la nommer ainsi.
(citations extraites de Feller et Blanchart, 2004 ; Orthographe modernisée).


« Je fis sonder, en 1734, par plusieurs coups de tarière, un terrain d’environ soixante-dix arpents d’étendue[1], dont je voulais connaître l’épaisseur de bonne terre, et où j’ai fait une plantation de bois, qui a bien réussi : j’avais divisé ce terrain par arpents ; et l’ayant fait sonder aux quatre angles de chacun de ces arpents, j’ai retenu la note des différentes épaisseurs de terre, dont la moindre était de deux pieds, et la plus forte de trois pieds et demi[2]. J’étais jeune alors, et mon projet était de reconnaître, au bout de trente ans, la différence que produirait sur mon bois semé l’épaisseur plus ou moins grande de cette terre, qui partout était franche et de bonne qualité[3]. J’observai, par le moyen de ces sondes, que dans toute l’étendue de ce terrain, la composition des lits de terre était à très peu près la même, et j’y reconnus clairement le changement successif du terreau en terre limoneuse. Ce terrain est situé dans une plaine au-dessus de nos plus hautes collines de Bourgogne : il était, pour la plus grande partie, en friche de temps immémorial ; et comme il n’est dominé par aucune éminence, la terre est sans mélange apparent de craie ni d’argile : elle porte sur une couche horizontale de pierre calcaire dure. »[4].

Sous le gazon, ou plutôt sous la vieille mousse qui couvrait la surface de ce terrain, il y avait partout un petit lit de terre noire et friable, formée du produit des feuilles et des herbes pourries des années précédentes ; la terre du lit suivant n’était que brune et sans adhésion : mais les lits au-dessous de ces deux premiers prenaient par degrés de la consistance et une couleur jaunâtre, et cela d’autant plus qu’ils s’éloignaient davantage de la superficie du terrain. Le lit le plus bas, qui était à trois pieds ou trois pieds et demi de profondeur, était d’un orangé rougeâtre, et la terre en était très grasse, très-ductile, et s’attachait à la langue comme un véritable bol[5].

Je remarquai dans cette terre jaune plusieurs grains de mine de fer ; ils étaient noirs et durs dans le lit inférieur, et n’étaient que bruns et encore friables dans les lits supérieurs de cette même terre...

En suivant les travaux de cette fouille (faite en 1748), et en observant avec soin les différentes matières qui en ont été tirées, j’ai reconnu, à n’en pouvoir douter, que cette terre limoneuse était entraînée par l’infiltration des eaux à de grandes profondeurs dans les joints et les délits des couches inférieures[6]... D’après ces observations, je demeurai persuadé que cette terre limoneuse, produite par l’entière décomposition des animaux et des végétaux, est la première matrice des mines de fer en grains, et qu’elle fournit la plus grande partie des éléments nécessaires à la formation des pyrites... La quantité de fer contenue dans la terre limoneuse est quelquefois si considérable, qu’on pourrait lui donner le nom de terre ferrugineuse »[7]. »

Commentaires relatifs au texte de Buffon :

  1. environ 35 ha
  2. de 65 à 115 cm environ
  3. Buffon veut tester l’influence de l’épaisseur du sol sur la croissance de ses arbres.
  4. le terrain étudié se trouve en position de plateau avec un substratum de calcaire dur mais les sols ne contiennent pas de cailloux.
  5. est décrite ici une succession d’horizons d’abord plutôt limoneux et bruns, puis de plus en plus argileux devenant orangé rougeâtre et franchement argileux. Cela ressemble beaucoup à la description d’une terre d’Aubue profonde.
  6. Buffon reconnaît le transfert des argiles vers la profondeur.
  7. cf. les terres d’Aubues développées sur calcaires à oolithes ferrugineuses (« mine rouge »). Sur la commune de Buffon, il existe toujours une ancienne forge.

Denis Baize a réalisé la cartographie des sols de la commune de Buffon (Côte d’Or) et il a effectivement observé des terres d’Aubues profondes à proximité immédiate et au nord du village.

Références citées

  • Buffon G-L.L., Comte de, 1819. Œuvres complètes de Buffon, mises en ordre par M. le Comte de Lacépède, 2de édition, 30 vol. Rapet, Impr. Plassan, Paris.
  • Feller C., Blanchart E., 2004. Quatre grands savants ont observé des profils et/ou décrit des techniques de prospection pédologiques avant 1850 : Palissy, Buffon, Thaër et Darwin. Étude et Gestion des Sols, 11 (2) : 165-173.
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