« Adventice » : différence entre les versions

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* Anglais : pas d'équivalent exact, le mot ''weed'' désignant toute plante sauvage jugée inutile. ''Volunteers'' désigne les repousses d’une culture précédente ; s'il s'agit de repousses en bordures, certains parlent de ''feral populations''.
* Anglais : pas d'équivalent exact, le mot ''weed'' désignant toute plante sauvage jugée inutile. ''Volunteers'' désigne les repousses d’une culture précédente ; s'il s'agit de repousses en bordures, certains parlent de ''feral populations''.
*Allemand: ''Adventiv-''
*Allemand: ''Adventiv-''
Voir aussi [https://agrovoc.fao.org/browse/agrovoc/en/search?clang=fr&q=adventice adventice] dans Agrovoc.


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Dernière version du 29 mars 2022 à 10:17

Auteur : Pierre Morlon

Avertissement
Cet article traite exclusivement de la notion sémantique d’adventice, distincte de celle de mauvaise herbe. La lutte contre les adventices est, ou sera, traitée ailleurs


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Anglais : Weed désigne toute plante sauvage jugée inutile. Volunteers désigne les repousses d’une culture précédente ; s'il s'agit de repousses en bordures, certains parlent de feral populations.
Allemand : Adventiv-
Informations complémentaires
Article accepté le 19 mars 2010
Article mis en ligne le 30 juillet 2010


Définition

En agronomie, on appelle adventice toute plante poussant dans un champ cultivé, sans y avoir été intentionnellement mise par l’agriculteur cette année-là : « Adventice. Pris du mot latin qui veut dire advenir, qui advient, ou qui vient après coup, par surcroît, qui est surajouté. On dit plantes adventices, celles qui croissent sans avoir été semées. Les mauvaises herbes, entr'autres, sont des plantes adventices ; les bonnes qui viennent, comme on dit, de Dieu grâce, sont autant de plantes adventices. » (Schabol, 1767 : 7).

Le mot a parfois désigné les « espèces étrangères à une flore et qui y ont été introduites » (Guyot, 1952 : 32).

« Les Laboureurs appellent mauvaises herbes, toutes celles qui croissent dans leur champ, & qu’ils ne se proposaient pas d’y cultiver » (Duhamel du Monceau, 1750 : 132).

La très ancienne notion de mauvaise herbe qualifie intrinsèquement de nuisibles des espèces végétales, de même qu’on a longtemps décrété « nuisibles » des espèces animales comme les rapaces et les renards...

Or ces plantes peuvent être mauvaises et bonnes à la fois. L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert note par exemple :

« La paille que l'on donne à manger à ces animaux [les chevaux] (...), est la paille de froment ; la plus nourrissante & la plus appétissante est celle qui est blanche, menue & fourrageuse, c'est-à-dire mélangée de bonnes plantes : telles que sont la gesse, le fetu, la fumeterre, le grateron, le laiteron, le liseron, le mélilot, l'orobanche, la percepierre, la percefeuille, la tribulle, le pied-de-lièvre, la varianella, la scabieuse, la nielle, les espèces de psyllium, le rapistrum, la vesce, la bourse à pasteur, la velvote, le coquelicot, &c. Observons cependant que la bonté que ces genres de plantes communiquent à la paille, ne peut compenser le dommage que leurs graines causent au blé & à l'avoine » (Diderot, D'Alembert, 1757, t. 7 : 248).

Ainsi, « Le mot mauvaises ne doit être pris ici que dans un sens relatif et non absolu, car d'excellentes plantes de prairies ou de pâturages sont de mauvaises herbes dans un champ de blé », écrit Mathieu de Dombasle ([~1840] 1862), qui ajoute : « et le blé lui-même serait une mauvaise herbe dans une pièce ensemencée en colza » (t. 3 : 63). Lorsqu’on ne peut ou ne veut, ni récolter les plantes individuellement, ni les mélanger, ce qui est le cas pour des céréales semées à la volée, et de façon systématique dans les agricultures mécanisées, même les repousses des cultures précédentes (annexe 1) sont, elles aussi, indésirables – ce qui peut aller très loin : lorsqu’un contrat engage un agriculteur à livrer une variété ou un type variétal précis, toute repousse de la même espèce, mais d’une autre variété ou type, est une indésirable qui peut faire déclasser ou refuser le lot !

Cette ambivalence a conduit certains auteurs (par ex. Chrestien de Lihus, 1804) à employer le seul mot herbe, sans adjectif péjoratif ; et d’autres, au XVIIIe siècle, à emprunter à la philosophie le terme neutre d’adventice : « Adventice, terme de jardinier. Les plantes adventices sont celles qui croissent sans avoir été semées : telles sont les mauvaises herbes, & les bonnes qui viennent de Dieu grâce, comme on dit vulgairement » (supplément de l’Encyclopédie, 1776). Gasparin en 1849 et Dehérain en 1892 n’emploient que lui. Cette volonté de neutralité dans le choix du terme rend inappropriées les définitions selon lesquelles les adventices sont indésirables ou nuisibles pour la culture.

Parmi toutes les espèces non semées qui poussent dans un champ, certains producteurs, ou d’autres personnes, peuvent juger que toutes ne sont pas nuisibles et que certaines sont même utiles (annexe 2) :

  • soit directement pour la culture en place, en lui apportant de l’azote (légumineuses), en la protégeant contre des ravageurs ou les dégâts du bétail (espèces amères ou produisant des molécules insectifuges, nématifuges...), ou en abritant des auxiliaires...
  • soit dans une perspective « environnementale » ou écologique, par exemple nourrir des espèces patrimoniales rares ou en régression – s’il y a moins de papillons aujourd’hui en France qu’il y a 50 ans, c’est autant à cause du désherbage chimique que des insecticides.

Références citées

  • Bentley J.W., Webb M., Nina S., Pérez S., 2005. Even useful weeds are pests : Ethnobotany in the Bolivian Andes. Intl. J. Pest Managt., 51 (3): 189-207.
  • Chrestien de Lihus, 1804, Principes d’agriculture et d’économie, appliqués, mois par mois, à toutes les opérations du cultivateur dans les pays de grande culture. Paris, An XII, 336 p. Texte intégral sur archive.org.
  • Dehérain P.P., 1892. Traité de chimie agricole. Masson, Paris, 916 p. Texte intégral sur Gallica.
  • Diderot D., D’Alembert J. 1757. Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, t 7. Texte intégral sur le portail de l'ATILF.
  • Diderot D., 1776. Supplément à l’Encyclopédie, ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers. Rey, Amsterdam, t. 1, 926 p.
  • Duhamel du Monceau, H.L., 1750 - Traité de la culture des terres, suivant les Principes de M. Tull, Anglois. Vol. 1, Paris, XXXVI + 488 p. + figures.
  • Gade D.W., 1972. Setting the stage for domestication : Brassica weeds in Andean peasant ecology. Proc. Ass. Am. Geog., 4 : 38-40.
  • Gade D.W., Morlon, Hibon A., Horton D., Tapia M., Tardieu F., 1992. Le rôle des herbes dites mauvaises : pistes de recherche. In : Morlon P. (coord.), Comprendre l'agriculture paysanne dans les Andes Centrales (Pérou-Bolivie). Inra, Versailles : 321-325. Description sur le site des Éditions Quae.
  • Gasparin A. (de), 1849. Cours complet d’Agriculture. t. V., Paris, Librairie agricole de la Maison rustique, 638 p. Texte intégral sur Gallica.
  • Guyot L., 1952. L’adventicité. In : Baconnier R., Glandard J. (dir), 1952. Nouveau Larousse agricole. Larousse, Paris, 32-33.
  • Hill S.B., Ramsay J, 1977. Weeds as Indicators of soil Conditions. Ecological Agriculture Project Publication 67, University of Mc Gill, Montréal Texte intégral sur le site de la revue Ecological Agriculture Projects.
  • Mathieu de Dombasle C.-J.-A., [vers 1840] 1862. Traité d’Agriculture. Deuxième partie, Pratique agricole. Edition posthume, Paris, Librairie agricole / Bouchard-Huzard, 456 p.
  • Schabol R., 1767. Dictionnaire pour la théorie et la pratique du jardinage et de l’agriculture, par principe et démontrées d’après la physique des végétaux. Paris, Debure Père, 531 p.


Pour en savoir plus


Autres langues

  • Anglais : pas d'équivalent exact, le mot weed désignant toute plante sauvage jugée inutile. Volunteers désigne les repousses d’une culture précédente ; s'il s'agit de repousses en bordures, certains parlent de feral populations.
  • Allemand: Adventiv-

Voir aussi adventice dans Agrovoc.

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