« Garluche » : différence entre les versions

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==Qu’est-ce ?==
==Qu’est-ce ?==
Selon Gourdon-Platel & Maurin (2004), « De nombreux travaux s'accordent à définir la garluche comme une cuirasse de grès ferrugineux formée entre 9000 et 7500 B.P.  au sein du Sable des Landes. Ce grès se caractérise par de très nombreux grains de quartz et quartzites (de 280 à 320 μm) émoussés d'origine éolienne ; contrairement aux alios, horizon B humo-ferrugineux dans un podzol, les garluches sont cimentées par les oxyhydroxydes de fer [FeO(OH) et Fe2O3] dont la concentration atteint de 20 à 25 % exprimée en oxydes ; ces grès sont de couleur brun rouge avec un ciment intergranulaire plus ou moins épais, essentiellement gœthitique, obstruant presque complètement les pores. On observe ces garluches uniquement sur certaines berges des petits ruisseaux du plateau landais se jetant dans la Leyre ou à proximité des étangs côtiers. Elles ont souvent une épaisseur de 30 à 40 cm et peuvent former de larges encroûtements d'une dizaine de m². D'extension très limitée mais existant sous une grande partie des Landes de Gascogne, ce grès forme un cuirassement de nappe situé sous les profils podzoliques généralisés sur le plateau landais ».
Selon Gourdon-Platel & Maurin (2004), « De nombreux travaux s'accordent à définir la garluche comme une cuirasse de grès ferrugineux formée entre 9000 et 7500 B.P.  au sein du Sable des Landes. Ce grès se caractérise par de très nombreux grains de quartz et quartzites (de 280 à 320 μm) émoussés d'origine éolienne ; contrairement aux alios, horizon B humo-ferrugineux dans un podzol, les garluches sont cimentées par les oxyhydroxydes de fer [FeO(OH) et Fe<sub>2</sub>O<sub>3</sub>] dont la concentration atteint de 20 à 25 % exprimée en oxydes ; ces grès sont de couleur brun rouge avec un ciment intergranulaire plus ou moins épais, essentiellement gœthitique, obstruant presque complètement les pores. On observe ces garluches uniquement sur certaines berges des petits ruisseaux du plateau landais se jetant dans la Leyre ou à proximité des étangs côtiers. Elles ont souvent une épaisseur de 30 à 40 cm et peuvent former de larges encroûtements d'une dizaine de m². D'extension très limitée mais existant sous une grande partie des Landes de Gascogne, ce grès forme un cuirassement de nappe situé sous les profils podzoliques généralisés sur le plateau landais ».


Gourdon-Platel & Legigan (1975) ont proposé un mode de formation : « La garluche … se situe dans le Sable des Landes, sous l’horizon d’alios des sols podzoliques quand ils existent, mais n’a aucun rapport direct avec le profil pédologique… Diverses études permettent de conclure que, sous certaines conditions favorisant l’aération et une oxydation du milieu sableux, des eaux chargées en fer ont conduit à la formation des garluches assimilables à des cuirasses de nappe d’accumulation absolue par migration latérale des hydroxydes de fer. Le cuirassement ne peut se développer que dans la zone d’écoulement des eaux, vers un secteur topographiquement déprimé où la nappe phréatique s’oxygène ».
Gourdon-Platel & Legigan (1975) ont proposé un mode de formation : « La garluche … se situe dans le Sable des Landes, sous l’horizon d’alios des sols podzoliques quand ils existent, mais n’a aucun rapport direct avec le profil pédologique… Diverses études permettent de conclure que, sous certaines conditions favorisant l’aération et une oxydation du milieu sableux, des eaux chargées en fer ont conduit à la formation des garluches assimilables à des cuirasses de nappe d’accumulation absolue par migration latérale des hydroxydes de fer. Le cuirassement ne peut se développer que dans la zone d’écoulement des eaux, vers un secteur topographiquement déprimé où la nappe phréatique s’oxygène ».


Les garluches ont été exploitées artisanalement à ciel ouvert dans la forêt ou le long des berges de certains ruisseaux. Elles correspondraient bien à la notion d’« alios de nappe » ce qui entretiendrait la confusion entre les deux termes.
Les garluches ont été exploitées artisanalement à ciel ouvert dans la forêt ou le long des berges de certains ruisseaux. Elles correspondraient bien à la notion d’« alios de nappe » ce qui entretiendrait la confusion entre les deux termes.


==Étymologie==
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Gourdon-Platel & Legigan, 1975 précisent que « Les analyses chimiques effectuées sur diverses garluches révèlent des taux en fer total compris entre 15,7 % (à Lugos) et 25,5 de Fe2O3 (au sud de l’étang de Lacanau). Dans bien des cas, le rapport fer libre/fer total est voisin de 98 % ce qui signifie que presque tout le fer se trouve à l’état de ciment. Par contre, la proportion d'aluminium est faible, avec des valeurs extrêmes de 0,8 à 3,2 % d’Al2O3 ; quant aux teneurs en matière organique, elles sont pratiquement négligeables puisque les taux moyens sont voisins de 0,4 % ».
Gourdon-Platel & Legigan, 1975 précisent que « Les analyses chimiques effectuées sur diverses garluches révèlent des taux en fer total compris entre 15,7 % (à Lugos) et 25,5 de Fe<sub>2</sub>O<sub>3</sub> (au sud de l’étang de Lacanau). Dans bien des cas, le rapport fer libre/fer total est voisin de 98 % ce qui signifie que presque tout le fer se trouve à l’état de ciment. Par contre, la proportion d'aluminium est faible, avec des valeurs extrêmes de 0,8 à 3,2 % d’Al<sub>2</sub>O<sub>3</sub> ; quant aux teneurs en matière organique, elles sont pratiquement négligeables puisque les taux moyens sont voisins de 0,4 % ».


==Références citées==
==Références citées==
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*Gourdon-Platel N., Legigan P., 1975. Les alios et les garluches dans les sables des landes. Bull. Soc. Linnéenne Bordeaux, V (9-10) : 79-87. [http://www.archeolandes.com/documents/garluches.pdf Texte intégral] sur le site Archeolandes.
*Gourdon-Platel N., Legigan P., 1975. Les alios et les garluches dans les sables des landes. Bull. Soc. Linnéenne Bordeaux, V (9-10) : 79-87. [http://www.archeolandes.com/documents/garluches.pdf Texte intégral] sur le site Archeolandes.
*Gourdon-Platel N., Maurin B., 2004. Le fer des marais, encroûtement superficiel holocène utilisé sur les sites archéologiques de Sanguinet (Landes, France). Géologie de la France, n° 1 : 13-24. [http://geolfrance.brgm.fr/sites/default/files/upload/documents/gf2-1-2004.pdf Texte intégral] sur le site du BRGM.
*Gourdon-Platel N., Maurin B., 2004. Le fer des marais, encroûtement superficiel holocène utilisé sur les sites archéologiques de Sanguinet (Landes, France). Géologie de la France, n° 1 : 13-24. [http://geolfrance.brgm.fr/sites/default/files/upload/documents/gf2-1-2004.pdf Texte intégral] sur le site du BRGM.
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Dernière version du 8 septembre 2018 à 14:38

Auteur : Denis Baize

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Article accepté le 3 septembre 2018
Article mis en ligne le 3 septembre 2018


La garluche ou pierre garluche, appelée aussi pierre des Landes, est une sorte de grès ferrugineux très dur, formé en relation avec les nappes phréatiques, que l’on trouve dans tout le secteur des Landes de Gascogne dans le sud-ouest de la France, et qui a été utilisé localement comme minerai de fer et comme pierre à bâtir.

La garluche est confondue par de nombreux auteurs avec l’alios, matériau également très répandu dans les Landes de Gascogne, alors qu’il s’agit de deux matériaux qui diffèrent par leur mode de formation et par leur composition. L’alios est un horizon d’accumulation humo-ferrugineux plus ou moins induré mais souvent friable, observé dans beaucoup de podzols landais.

Qu’est-ce ?

Selon Gourdon-Platel & Maurin (2004), « De nombreux travaux s'accordent à définir la garluche comme une cuirasse de grès ferrugineux formée entre 9000 et 7500 B.P. au sein du Sable des Landes. Ce grès se caractérise par de très nombreux grains de quartz et quartzites (de 280 à 320 μm) émoussés d'origine éolienne ; contrairement aux alios, horizon B humo-ferrugineux dans un podzol, les garluches sont cimentées par les oxyhydroxydes de fer [FeO(OH) et Fe2O3] dont la concentration atteint de 20 à 25 % exprimée en oxydes ; ces grès sont de couleur brun rouge avec un ciment intergranulaire plus ou moins épais, essentiellement gœthitique, obstruant presque complètement les pores. On observe ces garluches uniquement sur certaines berges des petits ruisseaux du plateau landais se jetant dans la Leyre ou à proximité des étangs côtiers. Elles ont souvent une épaisseur de 30 à 40 cm et peuvent former de larges encroûtements d'une dizaine de m². D'extension très limitée mais existant sous une grande partie des Landes de Gascogne, ce grès forme un cuirassement de nappe situé sous les profils podzoliques généralisés sur le plateau landais ».

Gourdon-Platel & Legigan (1975) ont proposé un mode de formation : « La garluche … se situe dans le Sable des Landes, sous l’horizon d’alios des sols podzoliques quand ils existent, mais n’a aucun rapport direct avec le profil pédologique… Diverses études permettent de conclure que, sous certaines conditions favorisant l’aération et une oxydation du milieu sableux, des eaux chargées en fer ont conduit à la formation des garluches assimilables à des cuirasses de nappe d’accumulation absolue par migration latérale des hydroxydes de fer. Le cuirassement ne peut se développer que dans la zone d’écoulement des eaux, vers un secteur topographiquement déprimé où la nappe phréatique s’oxygène ».

Les garluches ont été exploitées artisanalement à ciel ouvert dans la forêt ou le long des berges de certains ruisseaux. Elles correspondraient bien à la notion d’« alios de nappe » ce qui entretiendrait la confusion entre les deux termes.

Étymologie

D’après Wikipédia (consulté le 11 avril 2018), « le mot « garluche » vient du mot gascon garluisha, dérivé de la racine prélatine kar/gar (« pierre dure »). Cela signifierait « mauvaise pierre ». La garluche est également connue sous les noms gascons de pèira nhòga ou pèira de lana ».


Composition

La garluche, comme l’alios, est formée aux dépens du Sable des Landes (composé de quartz et de quartzites) et présente des grains agglomérés plus ou moins solidement par un ciment d’oxy-hydroxydes de fer et de matières organiques. Mais, à la différence de l’alios, le fer domine très largement dans la garluche. C’est ce qui explique sa grande dureté qui a permis de s’en servir pour la construction et qu’elle ait été exploitée comme minerai.

Dans la littérature on trouve diverses analyses. Par exemple, Duchaufour (1948) présente l’analyse chimique d’une dalle de garluche et de l’horizon de sol qui la surmonte :

MO % Fe %
horizon 0,2 0,14
Dalle de garluche 4,7 12,37

Gourdon-Platel & Legigan, 1975 précisent que « Les analyses chimiques effectuées sur diverses garluches révèlent des taux en fer total compris entre 15,7 % (à Lugos) et 25,5 de Fe2O3 (au sud de l’étang de Lacanau). Dans bien des cas, le rapport fer libre/fer total est voisin de 98 % ce qui signifie que presque tout le fer se trouve à l’état de ciment. Par contre, la proportion d'aluminium est faible, avec des valeurs extrêmes de 0,8 à 3,2 % d’Al2O3 ; quant aux teneurs en matière organique, elles sont pratiquement négligeables puisque les taux moyens sont voisins de 0,4 % ».

Références citées

  • Duchaufour P., 1948. Recherches écologiques sur la chênaie atlantique française. Thèse. Annales de l’école nationale des eaux et forêts et de la station de recherches et expériences, t. XI, fasc. 1, 332 p. Texte intégral sur le site de l'Inist.
  • Gourdon-Platel N., Legigan P., 1975. Les alios et les garluches dans les sables des landes. Bull. Soc. Linnéenne Bordeaux, V (9-10) : 79-87. Texte intégral sur le site Archeolandes.
  • Gourdon-Platel N., Maurin B., 2004. Le fer des marais, encroûtement superficiel holocène utilisé sur les sites archéologiques de Sanguinet (Landes, France). Géologie de la France, n° 1 : 13-24. Texte intégral sur le site du BRGM.