Assolement, rotation, succession, système de culture : fabrication d’un concept, 1750-1810 - Annexe 2

De Les Mots de l'agronomie
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Cette annexe se rapporte à l'article Assolement, rotation, succession, système de culture : fabrication d’un concept, 1750-1810.

Des synonymes interchangeables

Les termes surlignés sont synonymes et utilisés indifféremment

Pattullo, 1758, Essai sur l’amélioration des terres.

« Ainsi quelles que soient les terres, on les mettra facilement en un ordre suivi. (...) Leur succession d’herbage en labour, laquelle entretient & augmente leur fertilité. (...) ...la prodigieuse quantité de fourrages qu’ils doivent recueillir dans cet ordre de culture ; (...) Dans l’ordre des cultures, j’ai proposé de faire deux récoltes consécutives de froment, après celle d’orge. (...) Ordre de culture admettant les Jachères. (...) Par cette succession, qu’on peut observer invariablement, il y aura tous les ans dix enclos en herbages artificiels, quatre en froment, quatre en chanvre, lin, navets, pois, fèves, lentilles, vesces & autres productions utiles, & deux en orge ou avoine. » (p. 84-85, 126, 129, 136, 145)


Duhamel du Monceau, 1762. Éléments d’agriculture, t. 1.

« ...& si l’on aperçoit qu’il y a de l’avantage à semer successivement différentes plantes dans une même terre, (...) Il suit de là que tous les deux ans on peut semer du froment dans la même terre ; parce que par cet assolement on a une année pour donner les labours convenables au froment. (...) Voilà sommairement les principaux motifs qui obligent de diviser les terres par saisons, & qui déterminent à semer les terres successivement en différents grains. Il y a encore d’autres raisons qui peuvent engager à assoler différemment les terres (...) En Normandie, du côté de Bayeux, il y a deux méthodes d’assoler les terres. (...) Rapprochons de ces pratiques le système de culture de M. Pattullo (...) Cette méthode que M. Patullo propose pour les terres fertiles, revient assez à la culture qu’on nomme en Normandie Varet. (...) Il y a dans l’Angoumois plusieurs façons d’assoler ou d’ensemencer les terres par saison. » (p. 220, 221, 222, 227, 229, 230, 232).


Encyclopédie Méthodique, Agriculture, t. 3, 1793

« COURS, Cours des moissons ou récoltes. (...) Quelques-uns se servent aussi de la même expression pour désigner la succession des cultures & des récoltes, usitée dans telle ou telle contrée, & c’est dans cette acceptation que nous le plaçons ici. (...) Arthur Young, que des voyages multipliés dans toutes les parties de la France ont mis à portée d’étudier le systême de culture qui y est suivi. » (J.-B. Dubois, p. 617).

Encyclopédie Méthodique, Agriculture, t.4, 1796

« DÉSAISONNER. C’est changer les terres labourables en prairies, & les prairies en terres labourables. Mais le plus ordinairement on dit que l’on désaisonne un champ, quand on lui fait rapporter deux années de suite du bled ou tout autre grain, tandis qu’il devrait être en repos ou ensemencé en une espèce de grain différente de celle pour laquelle il était destiné, suivant l’ordre des saisons. » (Tessier, p. 46).
DESSOLER (...) Il y a des pays où (...) on l’emploie pour exprimer le dérangement d’un usage où l’on est d’ensemencer en même nature de grains toutes les terres d’un canton. Voyez Désaisonner. » (Tessier, p. 70).


Bibliothèque britannique, vol. 1, 1796.

« ... si les fermiers adoptaient un système de culture qui leur permit d’élever & d’engraisser de nombreux troupeaux, (...) & cet accroissement de consommation, effet d’une culture nouvelle, deviendroit ensuite la cause de l’extension & de l’affermissement de cette même culture. (...) Mais le système de rotation des récoltes, qui ramène le blé tous les quatre ou cinq ans seulement dans la même terre (...). Cette marche est très-pernicieuse, & doit nécessairement causer une déduction régulière sur les produits que la terre donnerait sans cette circonstance (...). » (p. 101, 102, 104).

« Succession des récoltes, ou assolement.

Il n’y a aucune partie du Royaume où la succession des récoltes ait autant de régularité que dans ce district (Il faut en excepter les champs communs ou ouverts, dans lesquels chacun est obligé de suivre le même assolement que ses voisins ; mais cet assolement est, par cette circonstance même, nécessairement vicieux). – Il est probable que la plus grande pluralité des champs du pays, est depuis plus d’un siècle soumis à l’assolement suivant :

  • Première année, blé.
  • Seconde année, orge.
  • Troisième année, turneps.
  • Quatrième année, orge.
  • Cinquième année, trèfle.
  • Sixième année, Rye-grass, que l’on rompt au milieu de l’été pour semer du blé en automne, & ainsi de suite.

Ainsi, en supposant une ferme disposée en vingt divisions arables, d’égale étendue ou à-peu-près, trois divisions portent chaque année une des récoltes ci-dessus, & deux divisions restent en réserve pour y semer des pois, des vesces, de l’avoine, du blé sarrasin, ou pour demeurer en jachère une année entière, & être ainsi complètement purgée d’herbe. Ce cours de récoltes est parfaitement convenable dans les terrains d’une grande partie du district qui nous occupe, parce que l’orge y réussit mieux que le blé. Mais dans les arrondissements du Sud, où la terre est plus forte & a plus de fond, le blé revient plus souvent, & la rotation suivante y est assez généralement adoptée.

  • 1 — blé.
  • 2 — turneps.
  • 3 — orge.
  • 4 — trèfle.

Ces arrondissements du Sud sont, en quelque sorte, une exception dans le district de l’Est ; & la description générale du sol que nous avons donnée, ne peut s’appliquer avec exactitude qu’à la partie beaucoup plus étendue où le cours de six ans est adopté. – C’est là sur-tout que l’on peut considérer l’agriculture de Norfolk dans toute sa pureté ; & c’est là qu’une très-longue expérience a prouvé l’excellence du système qui y prévaut, pour l’assolement & la culture des terres sablonneuses, & de peu de fond.
Mais quelque judicieuse que soit la succession des récoltes que nous venons d’indiquer, elle ne peut pas être soutenue invariablement ; car toute l’habileté d’un fermier de Norfolk ne peut pas assurer une récolte de turneps ou de trèfle ; & quand l’une ou l’autre manque, la régularité de la succession est altérée.
Si c’est la récolte de turneps qui manque, le fermier laisse son terrain en jachère jusqu’au printemps qu’il sème de l’orge ; ou plus souvent encore, il sème du blé en automne ; puis au printemps, du trèfle mêlé de rye-grass par-dessus le blé, de manière qu’il rentre dans son cours de récoltes.
Si c’est le trèfle qui manque, le remède est plus difficile, & il y a diverses manières de s’y prendre pour réparer cet accident. (...) Quelquefois encore on sème de l’avoine avec du trèfle, & le blé vient à la troisième année reprendre son tour dans la rotation. (p. 125-128). (...)
Mais de toutes les causes de langueur il n’en est aucune qui ressorte avec plus de force par l’exemple de Norfolk, que l’ignorance sur les vrais principes des assolements, c’est-à dire de la succession des récoltes. (...) Il ne suffit point d’établir en théorie qu’il faut alterner les terres ; qu’une plante qui pivote doit succéder à une plante qui trace ; & que les plantes légumineuses doivent remplacer les graminées : ce n’est là qu’une petite partie de ce beau système de culture qui tient son prix de son ensemble. - Si l’on sème alternativement du blé & du trèfle pendant quelques années, on voit décroître les produits ; les mauvaises herbes prennent de plus en plus possession du sol à mesure que la succession se prolonge ; & cette marche ruineuse avertit le cultivateur que pour rendre à ces deux récoltes leur première abondance il faut les séparer par d’autres encore » (p. 297-298).


Mélanges agronomiques anonymes, 1799

« ... apportez beaucoup d'attention à alterner vos récoltes ; (...). Voyez plus de la moitié des terres en Angleterre, qui ne sont point encloses, et où le système établi par la vieille école est deux récoltes et une jachère ; (...)Les Pays-bas Autrichiens, une des plus fertiles parties de l’Europe, où les récoltes de grains et de fourrage alternent constamment, n'adoptent point, dans la rotation de leurs récoltes, une interruption aussi inutile (...). La rotation des récoltes qui est la plus approuvée dans la province de Norfolk (...). Mr. Young cite encore une rotation de récoltes, qui a eu le plus grand succès dans les terres fortes. (...) Cette succession de récoltes est très avantageuse (...) Rotation des récoltes pour les terrains sablonneux (...) Cette rotation est fort bonne. » (p. 34, 35, 36, 38, 39, 40)


Maurice, 1800, Traité des engrais

« On a répandu une autre opinion qui n’est pas mieux fondée, c’est qu’une terre mise une fois en bon état peut jouir d’une fertilité constante, sans recevoir de nouveaux engrais, pourvu que l’on suive un cours convenable de récoltes. (...) Dans toute autre circonstance, ce systême paroît dénué de tout fondement. (...) Un assolement (Succession de récoltes) convenable » (p. 3-5).

Assolement après la chaux

« Les avantages de la chaux dépendent beaucoup de l’assolement que l’on adopte après l’avoir employée. (...) L’expérience a prouvé que les rotations qui conviennent le mieux après le chaudage, sont celles dans lesquelles les grains et les récoltes vertes se succèdent alternativement. (...) ; Dans les terres glaises où l’on emploie la chaux, les rotations doivent être un peu différentes (...) un des meilleurs cours qu’on puisse adopter » (p. 157-159)


C. Pictet de Rochemont, 1808. Cours d’agriculture angloise, avec les développements utiles aux agriculteurs du continent. t. 4.

« Ce qu’on peut dire seulement, c'est qu'avec une bonne rotation, le retour de la jachère doit être plus rare. Ainsi, par exemple, on peut prendre l’assolement suivant de huit années. 1 Jachère. 2 Blé. 5 Féveroles au semoir, et cultivées à la houe à cheval. 4 Orge. 5 Graines de pré. 6 Avoine. 7 Fèves. 8 Blé. Mais ce cours ne peut avoir lieu que sur une glaise très-riche. Je suppose que dans les huit ans l’on fume deux fois ; et il ne me paraît point douteux qu'un assolement de cette espèce, ne rende davantage au fermier que toute autre rotation, dans laquelle il n’entrerait point de jachère. » (p. 120-121)


Références citées

  • anonyme, 1799. Mélanges agronomiques, rédigés d’après la pratique et les expériences des meilleurs fermiers anglais. Leipzig, .
  • Bibliothèque britannique, Vol. 1, 1796. (M.A & C. Pictet, F.G. Maurice, eds). Genève, Imprimerie de la Bibliothèque Britannique, 515 p.
  • Duhamel du Monceau H.L., 1762. Éléments d’agriculture. Paris, Guérin & Delatour, 499 et 412 p.
  • Maurice F.G., 1800. Traité des engrais, tiré des différents rapports, faits au Département d’Agriculture d’Angleterre. Paschoud, Genève, xxv + 466 p.
  • Patullo ou Pattullo H., 1758. Essai sur l’amélioration des terres. Durand, Paris, 1758, 287 p. + planches
  • Pictet de Rochemont C., 1808. Cours d’agriculture angloise, avec les développemens utiles aux agriculteurs du continent, vol. 4, Paschoud, Genève.
  • Tessier H.A., Thouin A., dir, 1793. Encyclopédie Méthodique. Agriculture. Tome troisième. Panckoucke, Paris, 744 p. Article "COURS, Cours des moissons ou récoltes", par J.-B. Dubois, p. 617-632.
  • Tessier H.A., Thouin A., dir, 1794. Encyclopédie Méthodique. Agriculture. Tome quatrième. Agasse, Paris, 718 p.
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