Gelées de printemps : éclairages historiques - Annexe 6

De Les Mots de l'agronomie
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19 juin 2021
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Cette annexe se rapporte à l'article Gelées de printemps : éclairages historiques.

De l’usage de la fumée dans les vignes contre les gelées du printemps (Leschevin, 1805)

Présentation

En 1805, paraît à Paris un petit opuscule intitulé De l’usage de la fumée dans les vignes contre les gelées tardives du printemps. Il est anonyme, mais la Bibliographie agronomique de Musset-Pathay (1810) en nomme l’auteur, Leschevin. Celui-ci cite tous les auteurs français ayant traité du sujet à partir d’Olivier de Serres, et donne des détails sur les obligations réglementaires dans les États allemands. En voici l’essentiel :

Extraits

Aucun fléau n'exerce sur les vignes une influence plus désastreuse que les gelées du printemps, puisqu'une seule peut suffire pour ruiner l'espoir, non-seulement d'une récolte, mais encore des deux ou trois suivantes.

On s'est occupé en Allemagne, dans ces derniers temps, de la recherche de moyens propres, soit à détruire les effets de ces gelées, soit à les prévenir elles-mêmes. Les préservatifs indiqués jusqu’à ce moment n'ont inspiré aucune confiance. On prétend cependant avoir employé avec succès la précaution de secouer, avant le lever du soleil, le givre dont les ceps sont couverts ; moyen minutieux, insuffisant, et qui d'ailleurs ne convient pas à de grandes exploitations.

Il en existe un bien puissant, dans l'usage des feux de fumée indiqués il y a plus de deux cents ans, par notre Olivier de Serres (…). Il serait difficile de décider si Olivier de Serres est l'auteur du procédé, ou s'il n'a fait que décrire un usage établi de son temps dans les vignobles de quelques provinces ; la manière dont il s'exprime ferait pencher pour cette dernière opinion, qui m’est d'autant plus probable, que très anciennement dans le Bordelais, « toutes les herbes que l'on arrachait en nettoyant les vignes, étaient mises sur les bords pour être employées à l'usage indiqué par Olivier de Serres » (Dussieux et Huzard, note à l’édition 1804 du Théâtre d’Agriculture…). (…) Voici le passage de son ouvrage qui se rapporte à cette pratique :

« Les gelées sont aucunement destournées de la vigne, si en les prévenant, on faict en plusieurs lieux d'icelle de grosses et espesses fumées avec des pailles humides, et fumiers mi-pourris, lesquelles rompans l'aer, dissolvent telles nuisances. Voire, et après les gelées estre tumbées, telles fumées sont fort utiles : pourveu qu'on les emploie devant que le soleil frappe dessus, pour ne lui donner loisir d'eschauffer les gelées estans encores sur la vigne : ce qu'à son détriment il feroit sans tel remède : lequel par prévoyance, l'on préparera de bonne heure, faisant en divers endroits de la vigne des petits monceaux des matières susdictes, esquelles le feu sera mis au besoin, sans délai ».

Avant d'entrer dans aucun détail sur les moyens qui pourraient être les plus convenables pour faire l'application de ce procédé à la culture des grands vignobles, je dois chercher à démontrer que le raisonnement et l'expérience s'accordent pour recommander cette application ; et comme il ne serait pas possible d'en porter un jugement sain, sans bien connaître l'effet d'un froid excessif sur les plantes, et la manière dont la fumée peut agir pour prévenir ou détruire cet effet, quelques explications me paraissent nécessaires.

Tous les corps organisés exhalent, par leurs pores, une plus ou moins grande quantité d'humidité. L'air, à sa température moyenne et au-dessus, dissout cette humidité à mesure qu'elle s'échappe, mais il perd cette faculté dissolvante en perdant la chaleur qui la lui communiquait, et si sa température s'abaisse au-dessous de la moyenne, la matière transpirée s'arrête à la surface des corps, et se rassemble en gouttes, à moins que, comme les êtres animés, ils ne soient pourvus intérieurement d'une chaleur suffisante pour en accélérer l'évaporation. Ainsi, lorsque par suite de l’abaissement de la température, l’air est devenu incapable de dissoudre l'humidité que les plantes ne cessent pas d'exhaler, celle-ci se fixe à leur surface sous forme de rosée ; le froid congèle ces gouttes peu à peu, et insensiblement la plante se trouve couverte de gelée blanche. Alors la congélation gagne les parties intérieures, et la dilatation de la sève qui passe à l'état de glace, écartant violemment les fibres du végétal, elle en occasionne la rupture plus ou moins promptement.

Les feux de fumée recommandés par Olivier de Serres, et dont l'expérience a démontré l'extrême avantage, me paraissent susceptibles de deux effets bien distincts. Suivant le moment où ils sont employés, ils deviennent ou préservatif de la gelée, ou remède à ses dégâts. Quand on commence les feux à l'instant où elle se déclare, en les continuant jusqu'au lever du soleil, la fumée agit comme préservatif ; la légère chaleur qu'elle développe, l'humidité qu'elle dépose sur les ceps, favorisent l'écoulement de la rosée que la transpiration fournit abondamment, et la plante change à peine ou ne change pas de température. Quand au contraire on ne développe la fumée qu'au lever du soleil, ce qui serait trop tard pour une forte gelée, alors elle a pour but et pour résultat d'empêcher les rayons de pénétrer jusqu'à la vigne, et de lui donner le temps de se remettre peu à peu à la température de l'atmosphère. Il faut rapporter à ce dernier effet l'usage qu'ont fait des feux de fumée il y a près d'un siècle, quelques propriétaires des environs d'Orléans. J'extrais le .passage suivant qui mentionne ce fait, en joignant le précepte à l'exemple, de l'ouvrage intitulé : Observations sur l’agriculture et le jardinage, pour servir d'instruction à ceux qui désireront s'y rendre habiles. Par M. Angrand de Rueneuve, conseiller du roi, en l'élection d’Orléans (1712) « Lorsqu'on verra que le temps sera disposé à la gelée, ce qui se connaît quand il a tombé, le jour précédent, quelques grêlons, et que le temps est clair le soir et pendant la nuit, et que même les étoiles sont fort brillantes, il faudra prendre de l'étouble ou chaume, avec de long fumier qu'on portera en plusieurs endroits de la vigne, du côté où le vent souffle. Aussitôt que le soleil sera levé, on mettra le feu à cette étouble et à ce fumier, ce qui fera une fumée fort épaisse, et comme une espèce de gros nuage. Le soleil ayant alors bien de la peine à pénétrer cette fumée épaisse, ne pourra en aucune manière brûler les raisins et les feuilles qui seront sorties du bois de cette vigne ; et la rosée qui aura été gelée par le froid du matin, se convertira en eau. Il faut faire en sorte que cette fumée dure deux heures au moins. Ceux qui ont pratiqué ce que je viens de dire, au mois d'avril 1710, se sont très bien trouvés de ce secret, puisqu'ils ont quasi été les seuls qui ont fait une heureuse vendange. »

Malgré le succès bien constaté de la pratique décrite ici par M. Angrand de Rueneuve, il est infiniment préférable de ne pas attendre, pour commencer les feux, le lever du soleil, car les gelées tardives du printemps sont très fréquemment assez fortes, pour qu'à cette heure la vigne soit hors d'état de redevenir, par aucun moyen, telle qu'elle était auparavant. C’est précisément ce qui est arrivé, une de ces dernières années, dans le fameux clos de Vougeot, où la fumée avait été employée avec succès contre les gelées. Comme on ne s'était proposé que le but de garantir, par une fumée très épaisse, la vigne de l'action du soleil, on n'alluma les feux qu'à son lever ; mais une nuit, plus froide que les autres, gela le vignoble. Instruits par l'expérience, M. Tourton, propriétaire du clos, et M. Chomel, son régisseur, se sont mis en mesure pour commencer et entretenir les feux, pendant le printemps, depuis l'instant de la nuit où la gelée indiquera son approche, jusqu'après le lever du soleil.

La méthode d’Olivier de Serres a été essayée en France et en Allemagne par plusieurs personnes, et partout suivie d'une pleine et entière réussite. Les circonstances de ces divers essais ont été publiées dans plusieurs journaux français et étrangers.

Je ne dois pas omettre ici les détails qu'a donnés M. Chaptal sur le procédé employé par M. Jumilhac dans sa terre près de la Ferté-Alais. « La vigne du citoyen Jumilhac (…)est exposée à l'ouest ; une montagne de sablon la garantit de l'est ; au nord, elle a un mur pour abri, et elle est ouverte au midi. Le propriétaire fait ramasser des herbes et des roseaux ; on les mêle avec de mauvais foin et de la paille mouillée ; on en forme, vers l'est, des rondes de cinquante en cinquante pas, on en place de même dans les allées intérieures de la vigne et le long de ses bords. Le propriétaire fait veiller quand il présume que le froid du matin peut être redoutable ; si la rosée n'est pas sensible vers le milieu de la nuit, c'est un pronostic certain de la gelée. Alors, une heure avant le lever du soleil, il fait mettre le feu aux tas d'herbes; on a soin de leur faire donner peu de flamme, mais beaucoup de fumée. Si le vent souffle, il vient ordinairement du nord-ouest ou du nord-est. On porte alors toute l’attention de ce côté, afin que la fumée se répande sur tous les points de la vigne. S'il ne fait point de vent, on ne s'occupe qu'à former beaucoup de fumée du côté de l'est, pour combattre les rayons du soleil. Le 23 mai 1793, Jumilhac lutta contre eux, depuis trois heures du matin jusqu'à huit heures sans que le soleil pût pénétrer dans sa vigne. La fumée était si épaisse que les habitants d'un village éloigné de sa demeure d'environ trois kilomètres, n'apercevaient le soleil que comme on le voit quand il est prêt à percer un nuage. Pour constater, de la manière la plus certaine, l’effet de cette expérience, Jumilhac avait privé de la fumée une planche entière de sa vigne adossée au mur qui la garantit du nord. Aucun bourgeon de cette partie n'échappa au désastre de la gelée, et ceux du surplus furent presque tous conservés. Cependant le vignoble gela en entier, le 31 mai de la même année, parce que la personne qui avait été chargée de veiller, crut apercevoir de la rosée à une heure du matin ; elle se reposa sur cette apparence, s'endormit, et se réveilla trop tard pour combattre le fléau. »

(…)

Je me bornerai aux faits que j'ai cités, quoique beaucoup d'autres analogues soient à ma connaissance, pour passer au développement des moyens d'exécution. Les ordonnances et règlements publiés en Allemagne par plusieurs gouvernements, pour rendre général et rigoureusement exécutoire le procédé d’Olivier de Serres, me fournissent sur ce sujet les matériaux les plus utiles.

Il y a environ quinze ans, qu'à la suite de très grands ravages, occasionnés dans les principaux vignobles d'une partie de l'Allemagne, pendant plusieurs années de suite, par les gelées tardives du printemps, des hommes éclairés indiquèrent l'usage des feux de fumée, comme préservatif de ce fléau, en faisant considérer leur emploi comme général en Hongrie, et dans certaines provinces de France. Des expériences furent tentées à la fois sur plusieurs points de la Franconie, de la Souabe et du Palatinat, et toutes eurent un succès très décidé. Les essais ne tardèrent pas à se multiplier, et leur réussite constante excita l'attention de plusieurs princes, qui crurent devoir, non seulement favoriser l'adoption d'un procédé aussi utile, mais encore employer leur autorité pour que son exécution devînt obligatoire dans toute l'étendue de leurs souverainetés. Les ordonnances qu'ils ont rendues à cet effet contiennent toutes les dispositions capables d'atteindre le but qu'ils se sont proposé ; et la citation des principaux articles de ces ordonnances sera d'autant plus utile, qu'on y trouvera une description exacte du procédé, et d'excellents conseils pour sa mise en pratique.

L'ordonnance la plus ancienne qui soit venue à ma connaissance sur ce sujet, a été rendue par le grand bailliage de Pfortzheim, dans le marquisat de Bade-Dourlach, le 12 avril 1796. Voici un précis de cette ordonnance.

« Au commencement du printemps, il sera fait sur les côtés des vignes des amas de matières combustibles, susceptibles de produire, en brûlant, beaucoup de fumée. Ces amas seront placés à vingt ou trente pas de distance l'un de l'autre, autour de la vigne, dans les sentiers qui la traversent, et en général dans les places vagues.

« II sera établi dans chaque canton des inspecteurs qui surveilleront l'exécution des mesures prescrites par l'ordonnance ; ils veilleront à ce que les combustibles se trouvent à point et en quantité suffisante ; ils décideront des cas où il sera nécessaire d'allumer les feux, de l'heure où ils seront commencés, et d'après la marche du vent, de la manière dont les feux seront dirigés. Il y aura dans les communes des gardes de nuit qui jugeront par les signes connus, de l'approche des gelées, et qui en avertiront l'inspecteur. Les habitants des communes seront partagés en bandes de douze à dix-huit hommes, qui se rendront, chacune sous la conduite d'un chef de bande, sur la portion du territoire qui leur aura été assignée par l'inspecteur.

« On veillera à ce que les combustibles ne brûlent qu'avec le moins de flamme qu'il sera possible, en ayant soin de les arroser pendant la combustion, pour produire une fumée très épaisse, et éviter d'endommager, par trop de chaleur, les ceps voisins.

« On regarde comme nécessaire, que, dans chaque commune, un thermomètre soit confié à une personne en état de juger, par l'observation, de l'approche du danger ; on verrait avec satisfaction que les Pasteurs voulussent se charger de ce soin.

« L'époque à laquelle on doit entreprendre les feux, ne peut se déterminer exactement, chaque année ayant une marche particulière ; il en est de même des heures auxquelles les feux doivent commencer et finir. Le plus ordinairement on les entretient depuis deux heures du matin jusqu'à neuf heures.

« Quiconque ne se rendra pas à son devoir, refusera d'obéir à son chef de bande, ou à l'inspecteur, ou enfin se retirera avant le temps prescrit, sera poursuivi par-devant le bailliage, et exemplairement puni. » (…)

Des ordonnances à peu près semblables ont été rendues depuis dans plusieurs principautés (…)mais c'est surtout dans l'évêché de Wurtzbourg, que le gouvernement a apporté la plus grande sévérité dans le maintien des mesures qu'il a ordonnées. Le mandement rendu à ce sujet, et pour l'exécution duquel des mesures assez violentes ont été employées, est du 19 avril 1803. Ses dispositions principales se rapprochent beaucoup de celles contenues dans l'ordonnance de Pfortzheim. On y recommande en outre de placer les tas de combustibles principalement du côté du nord et de celui du nord-est, et de recouvrir ces tas avec du gazon, pour qu'ils se trouvent prêts à être allumés quand il sera nécessaire. (…) Ce mandement ordonne expressément que dans le cas où il se trouvera dans les communes des propriétaires qui refuseront de coopérer à la mesure générale, non-seulement leurs vignobles seront enfumés à leurs frais, mais qu'eux-mêmes seront poursuivis par-devant les tribunaux ordinaires. (…)

Toutes ces ordonnances ont excité partout les plus vives réclamations. Elles n'en ont pas moins été exécutées en partie, et il est plus que probable que l'avantage du procédé ayant été démontré par un très grand nombre d'exemples, beaucoup de propriétaires, qui ont résisté aux volontés du gouvernement, se rendront d'eux-mêmes, et que l'usage du procédé d' Olivier de Serres s'étendra de proche en proche, et finira par devenir général. (…)

Outre les pièces officielles répandues avec profusion par les gouvernements allemands qui se sont occupés de cet objet, il a été publié, par leurs ordres, une foule d'instructions explicatives de la méthode ; (…) la meilleure de celles qui sont parvenues jusqu'à moi, a été imprimée à Wurtzbourg en 1804. C'est une conversation familière sur l'usage des feux de fumée, et sur l'ordonnance de la régence électorale. Les interlocuteurs sont des vignerons, des marchands de vin, etc. qui reproduisent l'un après l'autre les objections sans nombre faites en Allemagne contre ce procédé, et dont les raisonnements finissent toujours par être détruits par un homme de bon sens, qui tient pour le gouvernement ; le dialogue se termine, comme on s'y attend bien, par la conversion des opposants, qui, avant de se séparer, chantent une chanson à la louange du gouvernement et de la méthode d'enfumer les vignes. Cet opuscule est parfaitement bien fait ; chacun des nombreux personnages qui sont mis en scène, conserve le langage qui lui est propre, et il en résulte des effets extrêmement piquants.

Je rapporterai les principales objections que l'on oppose à la méthode dans ce petit ouvrage, et leurs réponses, parce que ces objections ont déjà été faites en France, et ne manqueront pas de se reproduire.

L'entretien, dit-on, des feux de fumée et leur répétition dans un même printemps, deviendraient très coûteux. Où trouver en outre dans chaque village assez de combustibles pour alimenter les feux ? Voici un précis de la réponse. 1° On ne peut nier que la fumigation des vignes n'entraîne des frais ; mais il faut considérer que, toutes proportions gardées de produits probables, il n'est pas de culture qui n'entraîne des frais au moins équivalents à ceux de la culture des vignes, et que cependant on fait volontiers ces frais dans l'espérance de récoltes proportionnées. 2° Un nouveau motif de ne pas épargner les frais, se trouve dans la presque certitude qui en résultera pour les propriétaires de vignes, d'obtenir des récoltes plus uniformes. 3°. Ces frais sont moins considérables, et la facilité de se procurer des matériaux combustibles, plus grande qu'on ne pense, puisque ces matériaux consistent en mousse, broussailles, tan, herbages de toutes espèces, sciure de bois, copeaux, sarment, tiges de choux, fumier, paille, chiffons, et beaucoup d'autres substances qu'on peut se procurer partout et à vil prix. J’ajouterai que ces frais deviendraient moins onéreux, si plusieurs propriétaires se réunissaient pour mettre le procédé en usage, à frais communs.

Ce procédé, observe un vigneron, est extrêmement pénible, car il faut commencer les feux de très bonne heure, et les entretenir pendant plusieurs heures de suite ; travail d'autant plus fatigant, qu'on est exposé, au milieu de la nuit, à toutes les intempéries de l'air. (…) On oppose à l'observation que fait un marchand de vin, qu'une suite constante de récoltes heureuses mettrait le vin à un trop vil prix, des raisons prises dans les localités, et nullement applicables au sens qu'aurait cette objection chez nous. J'y réponds, que, dans le cas cité, l'abondance extrême du vin, et le bas prix auquel il ne manquerait pas de tomber, auraient un résultat bien avantageux, la remise en culture d'une immense quantité de vignobles situés dans des lieux bas, et plantés depuis peu d'années dans des terres fortes qui produisaient autrefois d'abondantes moissons, et qui ne peuvent produire qu'un vin dont l'abondance ne compense pas le peu de qualité. (…)

Je ne pousserai pas plus loin l'analyse de ce petit ouvrage, dans lequel on croit encore devoir répondre très longuement à quelques objections faites par des gens du peuple et un capucin qui voient dans l’usage des feux de fumée un attentat contre la puissance divine, en ce qu'on usurpe ses droits de disposer seule des biens et des maux dont elle récompense ou punit les hommes.

L'exposé que je viens de faire est bien suffisant pour mettre à la portée de tout le monde un procédé aussi simple que celui d'enfumer les vignes. On ne peut espérer sans doute qu'il devienne tout à coup d'un usage général ; cependant il me paraît en ce moment dans une position extrêmement favorable à son adoption, puisqu'il a auprès des propriétaires éclairés une recommandation puissante, dans la sanction de l'expérience jointe au raisonnement ; et la recommandation de son ancienneté auprès des personnes disposées à rejeter toute pratique nouvelle, quelque utilité qu'elle puisse promettre d'ailleurs, par la seule considération de sa nouveauté.

Références citées

  • Angran de Rueneuve, 1712. Observations sur l'Agriculture et le Jardinage, pour servir d’Instruction à ceux qui désireront s’y rendre habiles. Paris, t. 2, 406 + 25 p. [1].
  • Chaptal J.A., Rozier F., Parmentier A.A., Dussieux L., 1800. Traité théorique et pratique sur la culture de la vigne…, t. 1. Paris, xvi + 408 p., pl. HT. [2].
  • de Serres O., [1600] 1804. Le théâtre d’agriculture et mesnage des champs, t. 1. [3].
  • Leschevin, 1805. De l’usage de la fumée dans les vignes contre les gelées tardives du printemps. Huzard, Paris, 32 p.
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