« Adventice - Annexe 2 » : différence entre les versions
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Version du 7 juillet 2011 à 08:33
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La langue quechua n’a pas de terme spécifique pour les « mauvaises » herbes, employant le mot qhora qui désigne les plantes herbacées en général (Bentley et al., 2005). Toutes les plantes présentes dans un champ ne sont pas considérées de la même manière par le paysan. Lesquelles doivent être considérées comme "cultures associées", et lesquelles comme "mauvaises herbes" ? La limite entre ces deux catégories est floue dans les minifundios andins. Nous pouvons les classer ainsi :
- les espèces cultivées semées et récoltées : ce sont celles qui sont habituellement considérées comme des cultures ;
- les espèces cultivées non semées mais récoltées : après la récolte, des semences de la culture restent en terre et repoussent l'année suivante ; elles sont considérées d'une manière différente par un minifundiste qui les récolte, et par un agriculteur moyen qui ne les récolte pas et donc les considère comme des mauvaises herbes ;
- les adventices non semées mais récoltées : de nombreuses espèces sont utilisées par les paysans, le plus souvent comme fourrage. Elles ne peuvent donc être considérées comme "mauvaises" herbes, puisque désirées par les minifundistes ;
- les adventices non semées et non récoltées, dont certaines s'éliminent facilement, d'autres posent un réel problème, comme le kikuyu (Pennisetum clandestinum).
Les minifundistes n’ont pas assez de terres pour avoir des prairies temporaires ou des cultures fourragères. Ils ne peuvent donc élever du bétail, notamment les bovins de labeur, qu’en valorisant tous les fourrages disponibles. La présence des "mauvaises herbes" réduit certes, de façon souvent considérable, le rendement de la culture : mais comme dans le cas des cultures associées ; le rendement en grains ou tubercules de la culture « principale » n'est pas le seul qui intéresse le paysan. L’un d’eux explique ainsi l'envahissement de ses parcelles de culture : « J'aurais pu retirer les herbes, mais j'en avais besoin pour les animaux » ; lors d'un stage de formation pour promoteurs paysans, ceux-ci réagirent de façon très vive à l'exposé sur le désherbage chimique : « mais nous avons besoin de ces herbes pour le bétail ! ».
Selon les espèces et la situation socio-économique du producteur, les adventices peuvent ainsi être rejetées, tolérées, encouragées, jusqu'à cultivées... Des adventices qui finalement évoluèrent en plantes cultivées durent d'abord être perçues comme utiles avant d'être domestiquées (Gade, 1972). Une attention soutenue aux possibilités de culture des adventices est une des activités agricoles secondaires qui a maintenant disparu des moyennes latitudes industrialisées. « What is a weed ? A plant whose virtues have not yet been discovered » (Emerson, The Fortune of The Republic, 1878, cité par Hill & Ramsay, 1977, )
Cette annexe est essentiellement issue des travaux de Gade et al., 1992 |
Références citées
- Bentley J.W., Webb M., Nina S., Pérez S., 2005. Even useful weeds are pests : Ethnobotany in the Bolivian Andes. Intl. J. Pest Managt., 51 (3): 189-207.
- Gade D.W., 1972. Setting the stage for domestication : Brassica weeds in Andean peasant ecology. Proc. Ass. Am. Geog., 4 : 38-40.
- Gade D.W., Morlon, Hibon A., Horton D., Tapia M., Tardieu F., 1992. Le rôle des herbes dites mauvaises : pistes de recherche. In : Morlon P. (coord.), Comprendre l'agriculture paysanne dans les Andes Centrales (Pérou-Bolivie). Inra, Versailles : 321-325. Description sur le site des Éditions Quae.
- Hill S.B., Ramsay J, 1977. Weeds as Indicators of soil Conditions. Ecological Agriculture Project Publication 67, University of Mc Gill, Montréal Texte sur le site de l'Université Mac Gill..