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Version du 25 février 2019 à 15:22

Date de mise en ligne
24 janvier 2019
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Cette annexe se rapporte à l'article Jachère.

Des charrues à jachérer et des façons de jachère (Leclerc-ThoüinLeclerc-Thoüin, 1843)

CHAPITRE XII. INSTRUMENTS ET MACHINES.

PREMIÈRE SECTION. INSTRUMENTS DE LABOUR.

§ 1er. Des charrues.

(…) Au moyen de cette disposition particulière que je n'ai remarquée que chez M. le maire du Coudray-Macouard, sans rien changer à la charrue du lieu, une fois que le sol a été ouvert à l'aide d'un instrument plus solide, et qu'il ne s'agit que de jachérer, on obtient de bons résultats. (…)

B. Des charrues à avant-train.

Toutes les autres charrues du pays sont à avant-train. On peut les ranger en trois groupes : Les charrues à ouvrir le sol ou à défricher; — les charrues à refendre ou à jachérer ; — les charrues à couvrir, qui sont, sur plusieurs points, les mêmes que les charrues de labour. (…)

b. Des charrues à jachérer.

Ces charrues, qu'on appelle, selon les lieux, arraux à traverser, gruettes, etc., se distinguent tout d'abord de celles qu'on emploie plus communément pour le premier labour, en ce qu'elles ont deux ailes ou deux moignons qui rejettent la terre et l'amoncellent en même temps à droite et à gauche. (…)

c. Des charrues à couvrir.

De même que les charrues de défoncement et de premier labour servent, en maintes circonstances, à donner toutes les façons de jachères ; qu'elles servent aussi, par des procédés qui seront indiqués ultérieurement, à faire les couvrailles, les charrues a jachérer remplissent parfois cette autre destination et vice versa : mais une telle pratique est loin d'être générale.
(…)

DEUXIÈME SECTION. DES INSTRUMENTS DE SEMAILLES ET D'ENTRETIEN DE CULTURE.
§ 2. Des instruments de couvrailles, sarclage, etc.

Je ne rappellerai ici que pour mémoire la charrue à couvrir, que j'ai d'autant moins pu isoler des autres charrues qu'elle sert parfois à jachérer ;
(…)

CHAPITRE XIII. DES FAÇONS GÉNÉRALES DE PRÉPARATION DU SOL.
§ Ier. Labours à bras et labours mixtes.

(…) Lorsque les travaux sont entravés par les inondations, souvent même lorsqu'ils pourraient s'exécuter, on diffère cependant la première façon jusqu'aux approches du printemps. On trouve à cela l'avantage d'éviter les effets que produirait sur le labour un débordement tardif, de ne pas faire un travail qui deviendrait quelquefois inutile, et de ne pas enfouir l'engrais à une époque où l'on a encore tant à redouter les eaux qui l'entraîneraient en partie ; mais, le premier labour étant trop rapproché du second, les graines des mauvaises herbes ont moins le temps de lever, la couche labourable est moins complètement ameublie sur les terres difficiles, et, en définitive, les effets de la demi-jachère sont moins complets.
(…)

§ 2. Labours à l'aide de charrues.

Dans l'arrondissement de Beaupréau et partout où l'on emploie la charrue vendéenne (voy. fig. XXII, p. 135), elle n'entre d'ordinaire qu'une fois dans les guérets pendant l'année de jachère ; les façons subséquentes sont données au moyen de l'arrau à traverser (voy. fig. XXIV, p. 136). Ces dernières sont au nombre de deux ou trois, selon la nature du sol et la manière dont se comporte la saison.
(…)

Autant que possible, on calcule l'époque des traversages de manière à obtenir complètement la destruction des mauvaises herbes. Cependant il est telle circonstance où l'on est contraint de les exécuter coup sur coup ; tels fermiers, par exemple, qui n'ont pu opérer le premier labour de jachère qu'au printemps, dans le courant d'avril, commencent à traverser en juin, et, s'ils sont dans l'intention de planter des choux, ils ne discontinuent l'opération, sur le même champ, que lorsqu'elle est complète ou lorsqu'il a été billonné successivement et sans interruption deux ou trois fois.

A l'aide de cette charrue, traînée par le même nombre d'animaux que la charrue à versoir, c'est-à-dire par 6 ou 8 bœufs, l'attelage doit labourer, dans un temps donné, une étendue à peu près double ; on évalue en moyenne à 11 ares le travail qu'elle peut faire en une heure, et, par conséquent, à 1 hectare celui d'un jour d'attelage de 9 heures.
On trouve ainsi que la façon de jachère a coûté, au prix ordinaire du temps des hommes et des animaux dans cette partie du département,

Pour le premier labour, 2 journées à 12 fr. l'une 24 fr.
Pour le premier traversage, 1 journée 12
Pour le deuxième, id. 12
Total 48 fr.

(…)
Tout au nord de l'arrondissement, sur les limites et jusque sur le territoire de la Sarthe, on a adopté une manière de jachérer fort singulière : vers le commencement d'avril, on ouvre, c'est-à-dire qu'avec l’arbalaitier ou charrue sans versoir on donne, à droite du billon, un premier trait qui rejette une petite quantité de terre dans la raize. (…)

… Les frais ne sont donc ici que de 16 ou de 30 fr., à bien peu près, pour la façon de jachère de 1 hectare ; du reste, les jachères sont devenues excessivement rares.

Enfin, pour citer une dernière variante, dans les campagnes du Coudray-Macouard et dans une grande partie du Saumurois, on donne jusqu'à 6 façons de jachère. La première, qui commence de la fin de mars au commencement d'avril, selon l'état des terres, consiste en deux traits de charrue sans versoir (voy. fig. XXI, p. 135) qui rejettent dans la raize une bande étroite prise de chaque côté du billon.

La seconde a lieu au commencement de mai ; on l'opère à la charrue à 2 versoirs, ou plutôt à 2 ailes (voy. fig. XXVI bis, p. 139), qui fend en deux parties égales, la portion encore existante de ces mêmes billons, et recouvre celle qui a été préalablement jetée dans la raize.

La troisième et la quatrième se continuent de la fin de juin à la mi-juillet; elles ont pour but de rétablir les billons à leur place primitive : l'une correspond à la première, l'autre à la seconde.

La cinquième façon commence en septembre ; d'un seul trait de charrue à 2 ailes on refend les billons en les attaquant à une faible profondeur, afin de diminuer l'endossement et d'enfouir les herbes.

La sixième et dernière façon précède directement et prépare les semailles, dont ce n'est pas encore ici le lieu de parler.

Référence :

Leclerc-Thoüin O., 1843. L'agriculture de l'Ouest de la France étudiée plus spécialement dans le département de Maine-et-Loire. Bouchard-Huzard, Paris : 124-138 ; Texte intégral sur Gallica.

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