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D\u2019apr\u00e8s M. le s\u00e9nateur Chauveau (auteur de la loi du 17 novembre 1918 sur le remembrement), il n\u2019en est rien. Les premiers remembrements connus furent effectu\u00e9s en Souabe en 1540. On en effectua ensuite vers la fin du XVI<sup>e</sup> si\u00e8cle en Suisse, puis en \u00c9cosse. Mais c\u2019est surtout dans le courant du XVIII<sup>e</sup> si\u00e8cle qu\u2019on l\u00e9gif\u00e9ra sur la question dans les pays du nord de l\u2019Europe : Su\u00e8de, Danemark, Finlande, Prusse, Angleterre. |r\u00e9f\u00e9rence citation=''Larousse agricole'', 1922 : 478.}}\nEn France, deux si\u00e8cles avant les remembrements massifs des ann\u00e9es 1950-1970, les \u00e9crivains en agriculture se sont enflamm\u00e9s pour promouvoir le regroupement des propri\u00e9t\u00e9s morcel\u00e9es (condition mat\u00e9rielle de leur cl\u00f4ture comme en Angleterre)\u2026 pour, au final, d\u00e9couvrir que, sur le terrain, certains ne les avaient pas attendus pour faire des remembrements techniquement et socialement tr\u00e8s intelligents.\n\n==Des emplois du mot remembrement==\nEn vieux fran\u00e7ais, ''remembrer'' (d\u2019o\u00f9 l\u2019anglais ''remember'') signifiait <u>se souvenir</u>. Le substantif correspondant \u00e9tait ''remembrance'', mais on peut trouver ''remembrement'' en ce sens \u2013 qui avait disparu \u00e0 l\u2019\u00e9poque consid\u00e9r\u00e9e ici.\n\nAu tournant des XVIII<sup>e</sup> et XIX<sup>e</sup> si\u00e8cles, [[A pour personne cit\u00e9e::Nicolas Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau|Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau]] \u00e9crit : \u00ab ce projet contient [\u2026] ce que nos lois anciennes appelaient un remembrement. C\u2019est une sorte de cadastre, volontaire et \u00e0 l\u2019amiable \u00bb (1797 : 49). \u00ab Dans quelques ci-devant provinces, les Tribunaux autorisaient, sur la demande des communes, des op\u00e9rations d\u2019un genre diff\u00e9rent, sous le titre d\u2019arpentements, ou recensements g\u00e9n\u00e9raux (en Lorraine, remembrements). [\u2026] Je me rappelle, avec plaisir, d\u2019avoir pr\u00e9sid\u00e9 \u00e0 plusieurs de ces remembrements, dans le temps que j\u2019\u00e9tais lieutenant-g\u00e9n\u00e9ral d\u2019un Pr\u00e9sidial de Lorraine \u00bb (1806 : 61-62).\n\nDe fait, on trouve le terme de <u>remembrement</u> en 1711, dans un ''Arr\u00eat du 19 Septembre 1711 de la cour souveraine de Lorraine et Barrois, pour la Remise des Proc\u00e8s Verbaux de Remembrements dans les Greffes des Bailliages''. Et le roi Louis XV l\u2019emploie dans des ''Lettres-Patentes'' qu\u2019il signe \u00e0 Versailles en 1771 (voir ci-dessous).\n\nAilleurs, on emploie d\u2019autres mots ou expressions : arrondir les possessions, \u00e9changes de terres, arpentement, cadastre, abornement, recensement g\u00e9n\u00e9ral\u2026 \n\nRemarque : Les mots <u>arpentement</u> et <u>cadastre</u> pris en ce sens peuvent \u00e9tonner. Pour remembrer, il faut d\u2019abord arpenter et cartographier pr\u00e9cis\u00e9ment les propri\u00e9t\u00e9s, ne serait-ce qu\u2019\u00e0 l\u2019\u00e9chelle d\u2019un village. Or, en France, il n\u2019y avait pas de mesure g\u00e9n\u00e9rale des propri\u00e9t\u00e9s avant le cadastre napol\u00e9onien, achev\u00e9 bien apr\u00e8s la fin de l\u2019Empire. Tout remembrement impliquait donc d\u2019abord arpentage et cartographie.\n\n\n==Le contexte.==\nLe probl\u00e8me des [[exploitation]]s divis\u00e9es, morcel\u00e9es, dispers\u00e9es, est ancien : \u00ab Si l\u2019assiette de votre domaine est [...] \u00e9cart\u00e9e par pi\u00e8ces s\u00e9par\u00e9es, esloign\u00e9es les unes des autres \u00bb ([[A pour personne cit\u00e9e::Olivier de Serres|O. de Serres]], [1600] 1804 : 51), tout comme l\u2019id\u00e9al d\u2019un domaine \u00ab joinct en une seule pi\u00e8ce, de figure quarr\u00e9e ou ronde (\u2026), & non esloign\u00e9 d\u2019un grand & profitable chemin \u00bb (id. : 6), que Nicot (1606) r\u00e9sume en \u00ab Joindre champ \u00e0 champ, et avoir beaucoup de terres en un tenant, Agros continuare \u00bb. Et, comme Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau (1797 et 1806) le mettra en lumi\u00e8re, des solutions y ont \u00e9t\u00e9 donn\u00e9es depuis le XVI<sup>e</sup> si\u00e8cle :\n*\ten Europe, par des l\u00e9gislations \u00e0 l\u2019\u00e9chelle de royaumes (en Suisse, de cantons) ;\n*\tet en France, localement ici ou l\u00e0 (aux remembrements de l\u2019ensemble du territoire d\u2019une paroisse, il faut \u00e9videmment ajouter les innombrables \u00e9changes entre particuliers).\n\nDans la litt\u00e9rature agricole fran\u00e7aise, ce probl\u00e8me s\u2019impose brusquement au milieu du XVIII<sup>e</sup> si\u00e8cle. Pourquoi \u00e0 ce moment ?\n\nEn 1750, [[A pour personne cit\u00e9e::Henri-Louis Duhamel du Monceau|Duhamel du Monceau]] publie le ''Trait\u00e9 de la culture des terres, suivant les principes de M. Tull, Anglais''. [[A pour personne cit\u00e9e::Jethro Tull|Tull]] affirmait que les plantes se [[Alimentation des plantes|nourrissent]] de [[terre]] finement divis\u00e9e : c\u2019est le d\u00e9but de la large diffusion de [[Pratique et th\u00e9orie|th\u00e9ories]] croyant en la possibilit\u00e9 d\u2019une [[fertilit\u00e9]] perp\u00e9tuelle de la terre sans avoir besoin de \u00ab rebailler \u00e0 la terre ce que les r\u00e9coltes lui ont \u00f4t\u00e9 \u00bb comme l\u2019avait \u00e9nonc\u00e9 Palissy. Ces th\u00e9ories, comme celle selon laquelle les diff\u00e9rentes [[esp\u00e8ce]]s de plantes ne s\u2019alimentent pas des m\u00eames \u00ab sucs \u00bb, ou celle bas\u00e9e sur l\u2019alternance entre plantes \u00e0 [[racine]]s pivotantes et \u00e0 racines superficielles, ouvrent en th\u00e9orie la possibilit\u00e9 de la suppression de la [[jach\u00e8re]]\u2026 m\u00eame l\u00e0 o\u00f9 les champs cultiv\u00e9s ne pouvaient b\u00e9n\u00e9ficier, via le b\u00e9tail, de transferts de fertilit\u00e9 depuis de vastes zones [[P\u00e2turage|p\u00e2tur\u00e9es]].\n\nCela sera renforc\u00e9 par l\u2019article <u>Culture des terres</u> de l\u2019''Encyclop\u00e9die'' (Forbonnais, 1754). L\u2019auteur y donne certes beaucoup d\u2019importance \u00e0 la politique agricole anglaise (alors tr\u00e8s diff\u00e9rente de celle de la France !) et, concernant le comt\u00e9 de Norfolk, \u00e0 l\u2019apport de [[argile|glaise]] aux terres [[sable]]uses, '''il n\u2019\u00e9voque qu\u2019\u00e0 peine les apports d\u2019[[engrais]], sans dire d\u2019o\u00f9 ils viennent'''. Ce qui en sera retenu est que \u00ab de quarante millions d\u2019acres que contient l\u2019Angleterre, il y en avait au moins un tiers en communes [\u2026]. Aujourd\u2019hui la moiti\u00e9 de ces communes & des terres occup\u00e9es par les bois, est ensemenc\u00e9e en grains & enclose de haies. Le comt\u00e9 de Norfolk, qui passait pour n\u2019\u00eatre propre qu\u2019au pacage, est aujourd\u2019hui une des provinces des plus fertiles en bl\u00e9s \u00bb, avec '''l\u2019id\u00e9e que cela est reproductible partout'''. C\u2019est ce que certains ont appel\u00e9 la \u00ab r\u00e9volution agricole du XVIII<sup>e</sup> si\u00e8cle \u00bb : une r\u00e9volution dans les livres, pas dans les champs ! (voir Morlon, 2013 et le \u00a7 \"Controverses socio-techniques\" de l\u2019article [Assolement, rotation, succession, syst\u00e8me de culture : fabrication d\u2019un concept, 1750-1810]).\n\nCela posait les bases [[Agronome, agronomie : \u00e9tymologie|agronomiques]] de ce que [[A pour personne cit\u00e9e::Marc Bloch|Marc Bloch]] (1930) a appel\u00e9 la \u00ab lutte pour l\u2019individualisme agraire \u00bb : des propri\u00e9taires veulent, \u00e0 l\u2019imitation des ''enclosures'' anglaises, abolir les servitudes collectives et clore leurs propri\u00e9t\u00e9s pour \u00eatre libres d\u2019y supprimer la jach\u00e8re et de les cultiver comme les Anglais \u2013 ou comme ils croient savoir que les Anglais font. Mais clore est impossible \u00e0 cause de l\u2019extr\u00eame morcellement des propri\u00e9t\u00e9s.\n\n'''Cela concerne les r\u00e9gions de champ ouvert (''open-field'')''', o\u00f9 tous les cultivateurs d\u2019un village \u00e9taient oblig\u00e9s de la m\u00eame chose dans chacune des soles du village : dans l\u2019[[Assolement, rotation, syst\u00e8me de culture : fabrication d\u2019un concept, 1750-1810|assolement triennal]], dominant dans la moiti\u00e9 nord de la France, jach\u00e8re la premi\u00e8re ann\u00e9e, \u00ab [[bl\u00e9]] \u00bb d\u2019hiver la seconde, culture de printemps la troisi\u00e8me. Lorsque les champs ne portaient pas de culture, ils \u00e9taient soumis aux servitudes collectives de vaine p\u00e2ture et parcours \u2013 ce qui imposait en pratique \u00e0 tous les m\u00eames dates de [[semis]] et [[r\u00e9colte]].\n\n\n==Les premiers d\u00e9bats dans la litt\u00e9rature agricole en France.==\nLe d\u00e9bat est lanc\u00e9 par Pattullo, \u00e9cossais r\u00e9fugi\u00e9, que nous citons en d\u00e9tail, suivi de textes de ses successeurs, dans l\u2019[[Remembrement, la gen\u00e8se - Annexe 1|annexe 1]]. Nous en reprenons ici quelques points, sans tous les d\u00e9velopper.\n\n===Les arguments en faveur du remembrement.===\n====Les distances.====\n{{citation dictionnaire\n|texte citation=le cultivateur faisant le tiers ou le double de chemin pour aller chercher des terres trop \u00e9loign\u00e9es, divis\u00e9es par petites pi\u00e8ces, dont par cons\u00e9quent le labourage est plus long & plus p\u00e9nible (\u2026) & quant aux terres \u00e9loign\u00e9es, il devient impossible d\u2019y porter des engrais, vu encore la lenteur des b\u0153ufs, parce que les d\u00e9penses de culture & d\u2019exportation de r\u00e9colte exc\u00e9deraient les profits|r\u00e9f\u00e9rence citation=Montagne, 1779 : 342-343.}}\n\nD\u00e9j\u00e0, au XVI<sup>e</sup> si\u00e8cle, le plan de la Maison rustique d\u2019Estienne et Li\u00e9bault suivait la distance des productions par rapport \u00e0 la maison...\n\nLa question des distances est fondamentale :\n* pour le transport des engrais ([[fumier]]) dans des chariots \u00e0 traction animale, sur de mauvais chemins. Dans des conditions techniques similaires, la ''Maison Rustique du XIX<sup>e</sup> si\u00e8cle'' indiquera plus tard \u00ab on transporte plus de 22 charges de fumier dans une journ\u00e9e de travail, sur une pi\u00e8ce de terre plac\u00e9e \u00e0 400 m de distance du corps des b\u00e2timents ; on n'en peut plus transporter que 15 \u00e0 une distance double, que 9 \u00e0 une distance quadruple, et \u00e0 peine en voiture-t-on 5 charges \u00e0 une distance de 4000 m\u00e8tres \u00bb (1836 : 393). Cela induit une fertilit\u00e9 des terres d\u00e9croissant quand on s\u2019\u00e9loigne du village.\n* pour le transport des r\u00e9coltes et des [[Charrue, historique et fonction|charrues]] \u00ab L\u2019exp\u00e9rience a d\u00e9montr\u00e9 que dans les terres de moyenne consistance, il fallait pour transporter une charrue ou une herse par les chemins ruraux \u00e0 une distance de 100 m\u00e8tres autant de temps que pour tracer un sillon de 75 m\u00e8tres de longueur \u00bb (1836 : 393).\n* pour la surveillance : voir ci-dessous \u00ab Les probl\u00e8mes de voisinage \u00bb.\n<center>***</center>\n''Dans de toutes autres conditions techniques, cette vieille question se pose \u00e0 nouveau maintenant aux exploitations qui se sont agrandies \u00e0 des dizaines de kilom\u00e8tres (Morlon & Trouche, 2005)\u2026''\n\n====Les probl\u00e8mes de voisinage.==== \nIls se posent de deux fa\u00e7ons :\n*\tles minuscules pi\u00e8ces \u00e9tant si nombreuses que beaucoup ne sont pas accessibles directement par un chemin, les cultivateurs doivent passer sur les terres d\u2019autrui pour y acc\u00e9der, avec tous les dommages involontaires\u2026 et tous les pillages que cela induit ou permet ;\n*\tIl est tr\u00e8s facile, en [[labour]]ant, de mordre un peu sur la terre du voisin (ce qui est d\u2019autant plus grave que celle-ci ne fait que quelques pieds de large !) D\u2019o\u00f9 d\u2019innombrables conflits et proc\u00e8s.\n\n====Le travail dans de toutes petites pi\u00e8ces.==== \nVoir ci-dessous \u00ab Largeur et longueur des pi\u00e8ces, fonction du travail \u00bb, \u00e0 quoi il faut ajouter la question de l\u2019\u00e9vacuation de l\u2019[[Exc\u00e8s d'eau|eau en exc\u00e8s]] par le choix du sens du labour, impossible ou fortement contraint dans de toutes petites pi\u00e8ces entrem\u00eal\u00e9es.\n\n\n===Les modalit\u00e9s pratiques : des questions \u00e0 prendre en compte.=== \n====L\u2019h\u00e9t\u00e9rog\u00e9n\u00e9it\u00e9 des terrains et la compl\u00e9mentarit\u00e9 des productions.====\nLa plupart des auteurs n\u2019aborde cette question que sous l\u2019angle de la justice dans la nouvelle r\u00e9partition (terres bonnes, moyennes et mauvaises), et pas celui de la compl\u00e9mentarit\u00e9 des [[aptitudes]] et donc des productions. Est-ce parce qu\u2019ils n\u2019accordaient pas d\u2019importance \u00e0 cette compl\u00e9mentarit\u00e9 ?\n\nPour [[A pour personne cit\u00e9e::Pons-Augustin Alletz|Alletz]] (1760 : 115), \u00ab les meilleurs biens de campagne sont : 1\u00b0. Ceux qui ont un peu de tout. 2\u00b0. Ceux dont les terres sont les plus rassembl\u00e9es & le plus pr\u00e8s de la maison du ma\u00eetre \u00bb, sans se demander si ces deux conditions sont partout conciliables. L\u2019\u00e9parpillement des terres ne serait-il pas une cons\u00e9quence de l\u2019objectif d\u2019avoir \u00ab un peu de tout \u00bb ? \n\nSeul Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau s\u2019y int\u00e9resse. Il pr\u00e9voit ainsi de remembrer : \u00ab Dans la division nouvelle, chaque propri\u00e9taire doit recevoir suivant ses titres ou sa possession, tous les fonds dispers\u00e9s qu\u2019il poss\u00e8de dans la commune, en un seul lot pour chaque sole ((de l\u2019assolement triennal)), ou pour chacune des contr\u00e9es qu\u2019il sera n\u00e9cessaire de diff\u00e9rencier, attendu les diverses natures de terrain \u00bb (1797 : 48). Et, parlant du remembrement fait en 1788 \u00e0 Essarois en C\u00f4te d\u2019Or, il \u00e9crit \u00ab D\u00e9j\u00e0 un aspect vari\u00e9, d\u2019apr\u00e8s les diff\u00e9rences du sol et du terroir, remplace avec succ\u00e8s l\u2019uniformit\u00e9 de culture qui s\u2019\u00e9tendait auparavant sur des terrains si oppos\u00e9s \u00bb (1806 : 57).\n\n====Largeur et longueur des pi\u00e8ces, fonction du travail.====\nAvant de voir ce qui est concr\u00e8tement propos\u00e9 pour rem\u00e9dier aux inconv\u00e9nients de l\u2019entrem\u00ealement des terres morcel\u00e9es, tels que d\u00e9crits par Pattullo (1758) : \u00ab Les labours se croisent en diff\u00e9rents sens, formant de tous c\u00f4t\u00e9s des pointes & des haches qui augmentent le travail & perdent toujours du terrain : quelques morceaux m\u00eame sont si petits qu\u2019ils ne valent pas la peine d\u2019y transporter les charrues aussi souvent qu\u2019il serait n\u00e9cessaire \u00bb, faisons un petit d\u00e9tour.\n\n\u00c9voquant sur le temps long les relations entre travail concret, mesures de surface agraires et dimensions des champs, puis l\u2019histoire du morcellement parcellaire, [[A pour personne cit\u00e9e::Gaston Roupnel|Roupnel]] (1932 : 172-198 ) note que la longueur des champs, correspondant au parcours de charrue le plus pratique, s\u2019est longtemps presque partout maintenue, la largeur seule ayant vari\u00e9 dans les deux sens, avec comme limite inf\u00e9rieure \u00ab la largeur de terrain couverte par la poign\u00e9e de grains que disperse le geste du semeur \u00bb (voir fig. 1 de l\u2019article [[Mesures de surfaces agraires]], et 2 de [[Sillon]]). \n\nPour la longueur, en effet, \u00ab la figure m\u00eame, que le Laboureur donne \u00e0 son Champ en le fa\u00e7onnant, doit \u00eatre r\u00e9gl\u00e9e suivant ce qui est plus avantageux pour la terre & pour les b\u00eates qui labourent. On ne doit jamais faire des seillons trop longs, parce que les b\u00eates ont trop \u00e0 tirer tout d\u2019une traite, les raies n\u2019en sont pas si droites, & la terre n\u2019en est pas si bien m\u00eal\u00e9e \u00bb ([[A pour personne cit\u00e9e::Louis Liger|Liger]], 1721 : 526).\n\nSeul Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau \u00e9voque la largeur, lorsqu\u2019il cite les dispositions du remembrement de Neuviller et Roville (annexe C, \u00a7 X) : \u00ab donner pour toujours, \u00e0 chaque champ, c\u2019est-\u00e0-dire au terrain compris entre deux sillons, la largeur de trois toises, mesure de Lorraine \u00bb (1797 : 66). Trois toises de Lorraine, environ 8,5 m, c\u2019est bien la largeur \u00ab couverte par la poign\u00e9e de grains que disperse le geste du semeur \u00bb\u2026 En 1806, il \u00e9voque l\u2019existence de champs n\u2019ayant qu\u2019un m\u00e8tre de large !\n<center>***</center>\n''A la fin du XX<sup>e</sup> si\u00e8cle, dans l\u2019Yonne, des agriculteurs ont, par des \u00e9changes \u00e0 l\u2019amiable, cr\u00e9\u00e9 des pi\u00e8ces tr\u00e8s longues (pour avoir \u00e0 tourner le moins souvent possible) et dont la largeur \u00e9tait, pour chacun d\u2019eux, un multiple entier de la largeur de travail de tous ses outils \u2013 dont le [[pulv\u00e9risateur]].''\n\n\n===Les implications sociales d\u2019un remembrement.===\n====L\u2019in\u00e9galit\u00e9 riches-pauvres.==== \nEn 1763, un article anonyme du ''Journal \u0152conomique'' lie la question des distances \u00e0 celle de l\u2019in\u00e9galit\u00e9 entre riches et pauvres : \u00ab Effectivement les Anglais [\u2026] n\u2019ont pas h\u00e9sit\u00e9 \u00e0 autoriser parmi eux les \u00e9changes forc\u00e9s, en soumettant n\u00e9anmoins la valeur de ces \u00e9changes \u00e0 l\u2019avis d\u2019experts. [\u2026] Mais aussi faut-il avouer qu\u2019il en a n\u00e9cessairement r\u00e9sult\u00e9 la ruine totale de divers petits propri\u00e9taires, tandis que d\u2019autres s\u2019y sont consid\u00e9rablement enrichis. [\u2026] ceux qui ne voient qu\u2019en grand, & qui n\u00e9gligeant les d\u00e9tails, regardent comme chose peu importante l\u2019affaissement & la ruine de mille petits propri\u00e9taires, dont les familles vivaient \u00e0 l\u2019ombre de leur petite m\u00e9tairie, & qui pour le pr\u00e9sent sont r\u00e9duits au d\u00e9plorable \u00e9tat de journaliers ; ils imaginent qu\u2019il ne peut \u00eatre employ\u00e9 de moyen plus profitable & plus s\u00fbr, & cons\u00e9quemment ils crient hautement qu\u2019il faut de toute n\u00e9cessit\u00e9 recourir \u00e0 l\u2019autorit\u00e9 supr\u00eame. Mais outre que ce moyen est par lui-m\u00eame trop violent [\u2026], il serait impraticable en bien des cas. En effet prenons un instant, qu\u2019une Ordonnance \u00e9man\u00e9e du Tr\u00f4ne autorise les \u00e9changes des terres, ou plut\u00f4t oblige les propri\u00e9taires des petits terrains \u00e0 s\u2019arranger entre eux, pour en former des domaines d\u2019une grande \u00e9tendue en une seule pi\u00e8ce : d\u00e8s lors qu\u2019arrivera-t-il ? R\u00e8gle g\u00e9n\u00e9rale : le riche \u00e9crase toujours le pauvre. Or ces pauvres paysans ont souvent leurs petits champs au proche de leurs villages. Cependant ce sont pr\u00e9cis\u00e9ment ces terres qui avoisinent les maisons qui sont les plus pr\u00e9cieuses [\u2026]. Ces terres sont donc si pr\u00e9cieuses, qu\u2019on ferait un tort irr\u00e9parable \u00e0 celui qu\u2019on en priverait d\u2019autorit\u00e9, quelque quantit\u00e9 de terre qu\u2019on voul\u00fbt lui donner en d\u00e9dommagement dans un canton plus \u00e9loign\u00e9. [\u2026] il para\u00eetrait convenable de favoriser le pauvre de pr\u00e9f\u00e9rence, & cons\u00e9quemment de faire en sorte qu\u2019on ne le r\u00e9duis\u00eet point par le pi\u00e8ge tentateur de l\u2019or, & qu\u2019on lui assur\u00e2t plut\u00f4t les terres avoisinant le plus proche de son hameau, \u00e9tant plus naturel que le riche propri\u00e9taire supporte les frais indispensables de l\u2019\u00e9loignement \u00bb.\nAu XIXe si\u00e8cle, l\u2019\u00e9tablissement g\u00e9n\u00e9ral d\u2019un cadastre attribuant \u00e0 chaque pi\u00e8ce une valeur en fonction de ses caract\u00e9ristiques (fertilit\u00e9, [[am\u00e9nagement]]s, distance et accessibilit\u00e9\u2026), cadastre revu \u00e0 l\u2019occasion des remembrements, permettra de r\u00e9duire ce risque, sans le supprimer totalement.\n\n====Faut-il obliger ces r\u00e9unions de terres, ou les encourager ? Et ensuite, comment \u00e9viter qu\u2019elles ne se divisent \u00e0 nouveau ?====\nLa question oppose ceux qui, comme Pattullo, pensent n\u00e9cessaire une loi obligeant les propri\u00e9taires \u00e0 \u00e9changer leurs terres pour les r\u00e9unir, \u00e0 ceux pour qui la suppression temporaire \u2013 r\u00e9clam\u00e9e par tous \u2013des droits (taxes) sur ces \u00e9changes suffirait, et qu\u2019il faut s\u2019y limiter. \n\nQuant aux moyens de p\u00e9renniser le r\u00e9sultat, la question divise aussi. Certains, comme Pattullo, pensent que le b\u00e9n\u00e9fice de la r\u00e9union des terres serait tel que les gens \u00e9viteraient d\u00e9sormais de les diviser, \u00ab et ainsi sans aucune contrainte pour l\u2019avenir, l\u2019arrangement ne laisserait pas d\u2019\u00eatre permanent \u00bb. D\u2019autres n\u2019y croient pas et bottent en touche, \u00ab il nous convient plut\u00f4t de remettre \u00e0 la prudence du minist\u00e8re & \u00e0 l\u2019attention des magistrats, qui, accoutum\u00e9s qu\u2019ils sont par \u00e9tat \u00e0 veiller au bien-\u00eatre & \u00e0 la fortune des particuliers, sont d\u00e8s lors plus en \u00e9tat d\u2019imaginer les rem\u00e8des qu\u2019il s\u2019agirait d\u2019employer en tous les cas possibles \u00bb (''Journal \u0153conomique'', 1763). \n\n\n==Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau et les remembrements.==\nAu tournant du XIX<sup>e</sup> si\u00e8cle, [[A pour personne cit\u00e9e:: Nicolas Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau|Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau]] donne au d\u00e9bat une grande hauteur, \u00e0 la fois institutionnelle (il est une personnalit\u00e9 politique de premier plan) et, sur le fond, par sa vision d\u2019ensemble de ce qui doit \u00eatre pris en compte pour remembrer. Et il donne des exemples de remembrements effectivement r\u00e9alis\u00e9s en France avant ce d\u00e9bat ou ind\u00e9pendamment de lui.\n\nIl le fait dans deux expos\u00e9s : le premier en 1797, alors qu\u2019il est commissaire du Directoire (le gouvernement d\u2019alors) pr\u00e8s l\u2019administration centrale du d\u00e9partement des Vosges ; le second en 1806, alors qu\u2019il est Pr\u00e9sident du S\u00e9nat.\n\n===Une vision d\u2019ensemble ([[Remembrement, la gen\u00e8se - Annexe 2|annexe 2]])\nTout en \u00e9tant fervent partisan de la petite exploitation familiale et oppos\u00e9 aux grands domaines (il dit des enclosures anglaises que \u00ab c\u2019est un proc\u00e9d\u00e9 barbare, et que les plus entreprenants sont les seuls qui obtiennent la meilleure part du pillage \u00bb), Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau se situe clairement dans la \u00ab lutte pour l\u2019individualisme agraire \u00bb. Il veut supprimer toutes les servitudes collectives et clore les propri\u00e9t\u00e9s, afin que chaque propri\u00e9taire puisse faire ce qu\u2019il veut, en appliquant les nouveaux [[Syst\u00e8me de culture|syst\u00e8mes]] inspir\u00e9s de l\u2019Angleterre, o\u00f9 les [[prairies temporaires]] remplacent la jach\u00e8re. Il insiste sur le fait que ce sont les [[prairie]]s qui, par l\u2019interm\u00e9diaire du fumier, permettent de fertiliser les terres : \u00ab sans cl\u00f4tures point de fourrages ; sans fourrages, point de fumiers, et sans fumiers, point de moissons \u00bb. Adh\u00e9rant \u00e0 une croyance de certains agronomes d\u2019alors, il affirme \u00ab que l\u2019on a reconnu que plus un champ rapporte, moins la terre en est alt\u00e9r\u00e9e, et que plus au contraire, le rapport est modique, plus elle soufre et s\u2019amaigrit ; et qu\u2019on la rend in\u00e9puisable, quand on sait seulement varier les objets de sa f\u00e9condit\u00e9 \u00bb.\n\nIl reprend en d\u00e9tail tous les inconv\u00e9nients du morcellement et donc les avantages du remembrement. Il insiste sur la gestion de l\u2019eau, en relation avec le sens du labour, pour \u00e9viter l\u2019exc\u00e8s d\u2019eau et le [[\u00c9rosion|ravinement]]. La proc\u00e9dure qu\u2019il propose pr\u00e9figure celle qui sera employ\u00e9e 150 ans plus tard. Il compl\u00e8te en demandant des baux de vingt-cinq ans (contre souvent trois \u00e0 l\u2019\u00e9poque) et des imp\u00f4ts fonciers \u00e0 la fois bas et invariables sur la longue dur\u00e9e.\n\n===Sur le terrain, des remembrements ant\u00e9rieurs au d\u00e9bat.===\nD\u00e9j\u00e0, en 1797, il avait mentionn\u00e9 des remembrements faits sous l\u2019Ancien R\u00e9gime en 1771 en Lorraine, sa r\u00e9gion.\n\nUne fois nomm\u00e9 S\u00e9nateur pour Dijon, il parcourt sa S\u00e9natorerie et d\u00e9couvre avec stup\u00e9faction et admiration l\u2019\u00ab arpentage \u00bb (remembrement) fait \u00e0 Rouvres un si\u00e8cle plus t\u00f4t, dont il constate les r\u00e9sultats durables. (Ce qui, d\u2019une certaine fa\u00e7on \u2013 mais il ne le dit pas \u2013 fait appara\u00eetre comme assez d\u00e9risoire ou d\u00e9cal\u00e9e la litt\u00e9rature \u00e9voqu\u00e9e ci-dessus, qu\u2019il a lue et cite ou reproduit : une litt\u00e9rature de cabinet, loin du terrain !\n\nIl expose sa d\u00e9couverte en s\u00e9ance publique de la [[A pour institution cit\u00e9e::Acad\u00e9mie d'Agriculture de France|Soci\u00e9t\u00e9 d\u2019Agriculture du d\u00e9partement de la Seine]], et en publie l\u2019ann\u00e9e suivante une pr\u00e9sentation d\u00e9taill\u00e9e ([[Remembrement, la gen\u00e8se - Annexe 3|annexe 3]]). Le motif n\u2019\u00e9tait pas de moderniser les exploitations, mais d\u2019ordre fiscal : remplacer les d\u00eemes \u00e9crasantes, par l\u2019attribution de terres \u00e0 leurs b\u00e9n\u00e9ficiaires (eccl\u00e9siastiques) ; ce qui n\u2019emp\u00eache pas les consid\u00e9rations techniques dans la conception et la r\u00e9alisation de l\u2019op\u00e9ration : une redistribution tenant compte des diff\u00e9rentes qualit\u00e9s des terres, l\u2019\u00e9vacuation des eaux en exc\u00e8s, des chemins droits \u00e0 distances fixes\u2026 Il souligne que \u00ab Les chemins d\u2019exploitation sont le vrai coup de ma\u00eetre de l\u2019op\u00e9ration ex\u00e9cut\u00e9e \u00e0 Rouvres \u00bb : toutes les pi\u00e8ces, dont le nombre fut au final divis\u00e9 par 10, donnent sur un chemin \u00e0 leurs deux extr\u00e9mit\u00e9s.\n\nLe territoire de Rouvres est jusqu\u2019\u00e0 maintenant rest\u00e9 marqu\u00e9 par cet arpentage, apr\u00e8s un remembrement moderne en 1967 (fig. 1, courtoisie mairie de Rouvres en plaine).\n\n\n[[File:MotsAgro Remembrement, la gen\u00e8se 0.jpg|1000px|thumb|center|<center>'''Fig. 1 Plan de Rouvres.<br/>\na. Avant le remembrement de 1707. Les pi\u00e8ces individuelles, au nombre de 4 500, ne sont pas dessin\u00e9es ; la plupart n\u2019ont pas acc\u00e8s direct \u00e0 un chemin.<br/> b. Apr\u00e8s le remembrement de 1707. Toutes les pi\u00e8ces acc\u00e8dent \u00e0 un chemin \u00e0 leurs 2 extr\u00e9mit\u00e9s. <br/>c. Avant le remembrement de 1967. <br/>d. Apr\u00e8s le remembrement de 1967.'''</center>]]\n\n\nIl compl\u00e8te cette pr\u00e9sentation par celle d\u2019op\u00e9rations inspir\u00e9es par celle de Rouvres, ex\u00e9cut\u00e9es sous l\u2019ancien R\u00e9gime, dans le but cette fois d\u2019am\u00e9liorer les conditions d\u2019exploitation ([[Remembrement, la gen\u00e8se - Annexe 4|annexe 4]] et [[Remembrement, la gen\u00e8se - Annexe 5|annexe 5]]). \n\nRestant pr\u00e8s de Dijon et remontant plus loin dans le temps, Pierre de St Jacob indique que \u2018les exemples d\u2019\u00e9changes ne sont pas rares avant 1760 \u00bb(1960 : 377) ; citant Ligeron, Bodineau (2008)  indique qu\u2019\u00ab il y eut dans la plaine dijonnaise des op\u00e9rations de regroupement plus modestes mais plus pr\u00e9coces qu\u2019\u00e0 Rouvres : il cite l\u2019exemple de Ouges au milieu du XVIIe si\u00e8cle, (\u2026) : il s\u2019agissait plut\u00f4t de tentatives de remembrement qui n\u2019ont pas \u00e9t\u00e9 achev\u00e9es et qui ne concernaient qu\u2019une partie des terres des communaut\u00e9s \u00bb.\n\n==Et apr\u00e8s ?==\n===La disparition===\nNous avons trouv\u00e9 peu de chose dans la litt\u00e9rature agronomique entre 1815 et le d\u00e9but du XX<sup>e</sup> si\u00e8cle. \nEst-ce parce que nous n\u2019avons pas bien cherch\u00e9 ? \n\nOu bien parce que le probl\u00e8me ne se posait plus avec autant d\u2019importance ? Le ''Dictionnaire d\u2019agriculture pratique, contenant la grande et la petite culture, l\u2019\u00e9conomie rurale et domestique\u2026'', publi\u00e9 en 1827 sous la direction du m\u00eame Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau, n\u2019a pas d\u2019article <u>remembrement</u> ni <u>cadastre</u>, et l\u2019article <u>arpentage</u> s\u2019y limite \u00e0 la m\u00e9thode g\u00e9om\u00e9trique.\n \nCe qui pr\u00e9c\u00e8de est tellement tomb\u00e9 dans l\u2019oubli, que le ''Dictionnaire Historique de la langue Fran\u00e7aise'' (Rey, dir, 1992) donne 1907 comme premi\u00e8re attestation du mot <u>remembrement</u>, et le ''Tr\u00e9sor de la Langue Fran\u00e7aise'' (Quemada ''et al.'', 1995) 1909 !\n\nQuoi qu\u2019il en soit, comme le souligne Bodineau (2008), \u00ab l\u2019exemple de Rouvres a \u00e9t\u00e9 peu suivi et il faudra attendre (\u2026) pour que le l\u00e9gislateur (\u2026) consacre un texte l\u00e9gislatif au remembrement de la propri\u00e9t\u00e9 rurale \u00bb.\n\n===Le temps des lois (d\u2019apr\u00e8s Bodineau, 2008)===\nUne premi\u00e8re loi est intervenue d\u00e8s 1865, donnant une base juridique aux remembrements ; quant \u00e0 celle du 3 novembre 1884, elle a un aspect purement fiscal, mais favorise les \u00e9changes et facilite donc les op\u00e9rations de regroupement.\n\nQuatre ans plus tard, la loi du 22 d\u00e9cembre 1888 va plus loin en reconnaissant la notion d\u2019int\u00e9r\u00eat g\u00e9n\u00e9ral et en permettant la cr\u00e9ation d\u2019\u00ab associations syndicales autoris\u00e9es \u00bb habilit\u00e9es \u00e0 proc\u00e9der \u00e0 la d\u00e9limitation et au bornage des parcelles, pouvant provoquer voire imposer des \u00e9changes de terrains, \u00e0 condition que s\u2019exprime une tr\u00e8s forte majorit\u00e9, souvent difficile \u00e0 obtenir.\n\nC\u2019est \u00e0 un parlementaire de la C\u00f4te d\u2019Or que revient l\u2019initiative d\u2019une loi consacr\u00e9e express\u00e9ment au remembrement de la propri\u00e9t\u00e9 rurale. Fils d\u2019un artisan de Pouilly-en-Auxois, le docteur Claude Chauveau, oto-rhino-laryngologue, a \u00e9t\u00e9 \u00e9lu s\u00e9nateur en 1910 ; conseiller g\u00e9n\u00e9ral du canton d\u2019Arnay-le-Duc, il pr\u00e9sidera le Conseil G\u00e9n\u00e9ral de la C\u00f4te d\u2019Or de 1920 \u00e0 1940. Quelques jours apr\u00e8s l\u2019Armistice, il d\u00e9pose une proposition de loi pr\u00e9par\u00e9e depuis plusieurs mois, et que la situation de l\u2019apr\u00e8s-guerre rend plus n\u00e9cessaire : la p\u00e9nurie d\u2019hommes acc\u00e9l\u00e8re en effet la [[m\u00e9canisation]] et la [[motorisation]]<ref>Des chars de combat furent alors reconvertis en tracteurs \u00e0 chenilles !</ref> , qui ont besoin d\u2019un parcellaire mieux adapt\u00e9. La proposition reconna\u00eet l\u2019int\u00e9r\u00eat public du remembrement et en confie la r\u00e9alisation \u00e0 des associations syndicales de propri\u00e9taires, qui pourront prendre leurs d\u00e9cisions, soit \u00e0 la moiti\u00e9 des propri\u00e9taires poss\u00e9dant plus des 2/3 de la superficie des terres, soit les 2/3 poss\u00e9dant la moiti\u00e9 ; l\u2019initiative de 1\u2019op\u00e9ration revenant aux propri\u00e9taires. Cette loi (suivie d\u2019une autre du 4 mars 1919) n\u2019aura qu\u2019un succ\u00e8s limit\u00e9 : entre 1918 et 1941, 54 000 ha seulement sont remembr\u00e9s.\n\nLa loi du 9 mars 1941 en tirera les le\u00e7ons et permettra que le remembrement puisse \u00eatre d\u00e9cr\u00e9t\u00e9 par l\u2019\u00c9tat et ex\u00e9cut\u00e9 d\u2019office. Le rythme des op\u00e9rations s\u2019en trouvera consid\u00e9rablement acc\u00e9l\u00e9r\u00e9. Mais la fa\u00e7on dont ces remembrements seront r\u00e9alis\u00e9s soul\u00e8vera des probl\u00e8mes d\u2019environnement (au sens large du terme), qui seront trait\u00e9s dans un autre article.\n\n\n===Notes===\n<references/>\n\n\n==Autres langues :== \nItalien : ''ricostituzione fondiaria''<br/>\nPortugais : ''emparcelamento, reordenamento fundi\u00e1rio''.\n\n\n\n==Pour en savoir plus==\n* Sur le remembrement de Rouvres :\n\nBodineau P., 2008. Autour d\u2019une comm\u00e9moration : le remembrement de Rouvres-en-Plaine de 1707. In : A. Follain, ed., ''Campagnes en mouvement du XVIe au XIXe si\u00e8cle, \u201c Autour de Pierre de Saint Jacob\u201d''. EUD, Dijon : 89-102. [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00418932 Texte int\u00e9gral] sur archives-ouvertes.\n\n*- Sur les remembrements du XX<sup>e</sup> si\u00e8cle :\nPhilippe M.-A., Polombo N., 2009. Soixante ann\u00e9es de remembrement : Essai de bilan critique de l\u2019am\u00e9nagement foncier en France. ''\u00c9tudes fonci\u00e8res'' : 43-49. [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00433025v2]\n\n\n==R\u00e9f\u00e9rences cit\u00e9es==\n*Alletz P.A., 1760. ''L\u2019agronome, ou dictionnaire portatif du cultivateur\u2026'' Paris, t. 1, 666 p. ; t. 2, 664 p. [http://polib.univ-lille3.fr/data/031/index.html Texte int\u00e9gral] sur le site des Universit\u00e9s de Lille. \n*Anonyme, 1763. R\u00e9flexions sur le morcellement, ou la trop grande subdivision des Terres. ''Journal \u0152conomique'', f\u00e9vrier : 61-64. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224729z Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*''Arrests choisis de la cour souveraine de Lorraine et Barrois, contenant la d\u00e9cision de plusieurs questions notables\u2026'' p. 286-288. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96732084 Texte int\u00e9gral] sur Gallica. \n*Bixio A. (dir), 1844. ''Maison rustique du XIX<sup>e<sup> si\u00e8cle. T. 1, agriculture proprement dite.'' Librairie agricole, Paris, 568 p. [http://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001100009294 Texte int\u00e9gral] sur le site de la bibloth\u00e8que municipale de Lyon.\n*Bloch M., 1930. La lutte pour l\u2019individualisme agraire dans la France du XVIII<sup>e</sup> si\u00e8cle : l\u2019\u0153uvre des pouvoirs d\u2019ancien r\u00e9gime. ''Annales d\u2019Histoire \u00e9conomique et sociale'', II : 329-381 [http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/issue/ahess_0003-441x_1930_num_2_8 Texte int\u00e9gral]. R\u00e9impression : ''M\u00e9langes Historiques'', SEVPEN, Paris, 1963, p. 593-637.\n*Bodineau P., 2008. Autour d\u2019une comm\u00e9moration : le remembrement de Rouvres-en-Plaine de 1707. In : A. Follain, ed., ''Campagnes en mouvement du XVIe au XIXe si\u00e8cle, \u201c Autour de Pierre de Saint Jacob\u201d''. EUD, Dijon : 89-102. [https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00418932 Texte int\u00e9gral] sur archives-ouvertes.\n*Chancrin E., Dumont R. (dir.), 1922. ''Larousse agricole. Encyclop\u00e9die illustr\u00e9e''. Paris, t. 2, 832 p. [http://biblio.rsp.free.fr/LA/ Texte int\u00e9gral].\n*de Serres O., [1600] 1804. ''Le th\u00e9\u00e2tre d\u2019agriculture et mesnage des champs\u2026'' t. 1. Nouvelle \u00e9dition, publi\u00e9e par la Soci\u00e9t\u00e9 d\u2019Agriculture du D\u00e9partement de la Seine, Paris, CXCII + 672 p., fig. HT. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9617551r Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Duhamel du Monceau H.L., 1750. ''Trait\u00e9 de la culture des terres, suivant les Principes de M. Tull, Anglois''. Vol. 1, Paris, XXXVI + 488 p. + figures. [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1510897q Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Estienne C., Liebault J., 1570. ''L\u2019agriculture et maison rustique''. Paris. id., 1572 [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52170x Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Forbonnais F. (V\u00e9ron Duverger de), 1754. Culture des terres. ''Encyclop\u00e9die'', t.4 : 552-566. [http://portail.atilf.fr/encyclopedie/ Texte int\u00e9gral] sur le portail de l'ATILF.\n*Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau N., 1797. ''Arr\u00eat\u00e9 de l\u2019Administration centrale du D\u00e9partement des Vosges sur un moyen pr\u00e9liminaire d'encourager l\u2019agriculture dans ce d\u00e9partement, par la r\u00e9union des propri\u00e9t\u00e9s morcel\u00e9es.'' 89 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56945w Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau N., 1806. ''Voyages agronomiques dans la s\u00e9natorerie de Dijon, contenant l\u2019exposition du moyen employ\u00e9 avec succ\u00e8s, depuis un si\u00e8cle, pour corriger l\u2019abus de la d\u00e9sunion des Terres, par la mani\u00e8re de tracer les chemins d\u2019exploitation''. Paris, XII + 260 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k851096 Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau N., dir, 1827. ''Dictionnaire d\u2019agriculture pratique, contenant la grande et la petite culture, l\u2019\u00e9conomie rurale et domestique, la m\u00e9decine v\u00e9t\u00e9rinaire, etc''. Paris, t. 1, CXI + 594 p., fig. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98070124 Texte int\u00e9gral] ; t. 2, 782 p., fig. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k98096456 Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*''Larousse agricole'', 1922. Voir Chancrin & Dumont.\n*Liger L. et B., 1721. ''La nouvelle Maison rustique ou Economie g\u00e9n\u00e9rale de tous les biens de campagne...'' 3\u00e8  \u00e9d., Paris, t. 1, 782 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65025883 Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*''Maison Rustique du XIX<sup>e</sup> si\u00e8cle'', 1836. Voir Bixio, dir.\n*Montagne J.H., 1779. ''Le grand \u0153uvre de l\u2019agriculture, ou l\u2019art de r\u00e9g\u00e9n\u00e9rer les surfaces et les tr\u00e8s-fonds''. XLIV + 408 p., fig. HT. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9798105w Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Morlon P., 2013. Les syst\u00e8mes de culture dans l\u2019histoire europ\u00e9enne : pratiques et concepts, r\u00e9alit\u00e9s et discours. C.R. Acad. Agric. Fr., 99 (4) : 131-139. [https://www.academie-agriculture.fr/publications/academie-communique/comptes-rendus?page=1 Texte int\u00e9gral] sur le site de l'AAF.\n*Morlon P., Trouche G., 2005. La logistique dans les exploitations de \u00ab grande culture \u00bb : nouveaux enjeux. 1- L\u2019organisation spatiale des chantiers, une question d\u00e9pass\u00e9e en grande culture ? ''Cahiers Agricultures'', 14 (2) : 233-239.  [https://revues.cirad.fr/index.php/cahiers-agricultures/article/download/30515/30275 Texte int\u00e9gral] sur le site du Cirad.\n*Nicot J., 1606. Thresor de la langue fran\u00e7oyse, tant Ancienne que Moderne. Paris, 674 p. [http://artfl.atilf.fr/dictionnaires/TLF-NICOT/search.fulltext.form.html] [http://barthes.enssib.fr/translatio/rw/tiden/] [http://homes.chass.utoronto.ca/~wulfric/tiden/]\n*Palissy B., 1563. Recepte veritable, par laquelle tous les hommes de la France pourront apprendre \u00e0 multiplier et augmenter leurs tr\u00e9sors... [http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70461q Texte int\u00e9gral] sur Gallica. R\u00e9\u00e9dition : Droz, Gen\u00e8ve, 1988.\n*Pattullo H., 1758. Essai sur l\u2019am\u00e9lioration des terres. Durand, Paris, 1758, 287 p. + planches. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49994m Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Quemada B. (dir), 1995. Tr\u00e9sor de la Langue Fran\u00e7aise. Dictionnaire de la langue du XIXe et du XXe si\u00e8cle (1789-1960). CNRS, Paris, [http://atilf.atilf.fr/tlfv3.htm Version Internet].\n*Rey A. (dir), 1992. Dictionnaire historique de la langue fran\u00e7aise. Le Robert, 2 vol., 2387 p.\n*Roupnel G., 1932. Histoire de la campagne fran\u00e7aise, 7e \u00e9d. Grasset, Paris, 432 p.\n*Saint Jacob P. de, 1760. Les paysans de la Bourgogne du Nord au dernier si\u00e8cle de l\u2019Ancien R\u00e9gime. Paris, Les Belles Lettres / Universit\u00e9 de Dijon, xxxvi + 642 p.\n\n\n[[Cat\u00e9gorie:R]]\n{{Bas de page Mots agronomie}}"
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''Essai sur l\u2019am\u00e9lioration des terres''==\n<br/>\n\n<center>'''''Inconv\u00e9nient des fermes rapproch\u00e9es.'''''</center>\nPlusieurs fermes sont rassembl\u00e9es en un m\u00eame village, tandis qu\u2019une partie des terres en sont \u00e0 une grande distance, comme d\u2019une lieue & plus ; ce qui n\u00e9cessairement en rend la culture d\u00e9savantageuse, au point que les Fermiers se contentent la plupart du temps de labourer les terres les plus voisines; le reste qui en est souvent la plus grande partie, demeure inculte, & forme en plusieurs Provinces de vastes plaines rases, o\u00f9 on ne trouverait pas un arbre ni un buisson pour donner aux bestiaux le moindre abri ; coup d\u2019\u0153il v\u00e9ritablement r\u00e9voltant en un climat tel que celui de la France. \n<center>REMEDE.</center>\nIl faudrait que toutes les terres appartenant \u00e0 un gros Village fussent divis\u00e9es en fermes s\u00e9par\u00e9es, & le Fermier log\u00e9 au centre de chacune ; qu\u2019ensuite elles fussent encloses & divis\u00e9es par des foss\u00e9s munis de haies, & cultiv\u00e9es comme il vient d\u2019\u00eatre d\u00e9crit. On verrait alors ces vastes terrains qui ne sont \u00e0 pr\u00e9sent presque d\u2019'aucune valeur aux Fermiers, & encore moins aux Propri\u00e9taires, rendre en herbages ou en grains 40, 50 ou 60 liv. l\u2019arpent ; & ces d\u00e9serts si choquants a la vue, chang\u00e9s bient\u00f4t en paysages agr\u00e9ables & abondants. \n<center>'''''Inconv\u00e9nient des baux trop courts..'''''</center> \n[...]\n<center>'''''Inconv\u00e9nient du m\u00e9lange des terres, & h\u00e9ritages..'''''</center> \nLes terres de quantit\u00e9 de Villages & de Paroisses que j\u2019ai eu occasion de voir par moi-m\u00eame, sont distribu\u00e9es d\u2019une mani\u00e8re si d\u00e9savantageuse pour leur culture qu\u2019on n'aurait pu faire pis si on l\u2019avait fait expr\u00e8s. Naturellement on se serait attendu \u00e0 trouver les terres de chaque propri\u00e9taire rassembl\u00e9es en un m\u00eame lieu ; mais loin de l\u00e0, si un h\u00e9ritage est de cent arpents, il faut les aller chercher en trente ou quarante places diff\u00e9rentes ; quelquefois \u00e0 une grande distance, o\u00f9 ils sont m\u00eal\u00e9s avec d\u2019autres par morceaux d\u2019un petit nombre d'arpents : c\u2019est un extr\u00eame inconv\u00e9nient pour tous ; car il faut que r\u00e9ciproquement chacun passe journellement sur les terres de son voisin pour labourer, semer, moissonner les siennes. Les labours se croisent en diff\u00e9rents sens, formant de tous c\u00f4t\u00e9s des pointes & des haches qui augmentent le travail & perdent toujours du terrain : quelques morceaux m\u00eame sont si petits qu\u2019ils ne valent pas la peine d\u2019y transporter les charrues aussi souvent qu\u2019il serait n\u00e9cessaire. \n\nIl n\u2019y a donc point de Propri\u00e9taire qui ne gagn\u00e2t beaucoup \u00e0 changer tous ces morceaux contre d\u2019autres, de mani\u00e8re que tout son bien f\u00fbt rassembl\u00e9 ; car quand m\u00eame le terrain contre lequel il les \u00e9changerait ne serait pas fonci\u00e8rement aussi bon, du moins dans les premiers temps, la libert\u00e9 que chacun aurait de cultiver, enclore & b\u00e2tir sur son terrain \u00e0 sa fantaisie, le rendrait bient\u00f4t d\u2019une toute autre valeur qu\u2019il n'est, & qu\u2019il ne peut \u00eatre, \u00e9tant morcel\u00e9 comme ils sont la plupart. \n<center>REMEDE.</center>.\nOn sent bien que cette mauvaise distribution s\u2019est \u00e9tablie depuis un temps imm\u00e9morial, selon que diff\u00e9rents hasards ont partag\u00e9, retranch\u00e9, augment\u00e9, r\u00e9uni les divers h\u00e9ritages ; cela est arriv\u00e9 par toute l\u2019Europe comme en France ; mais quoiqu\u2019on en ait partout senti l\u2019inconv\u00e9nient, il n\u2019est nulle part aussi facile d\u2019y rem\u00e9dier qu\u2019on pourrait l\u2019imaginer : car tandis que l\u2019int\u00e9r\u00eat de chaque Propri\u00e9taire les devrait concilier & porter d\u2019eux-m\u00eames aux \u00e9changes ; tel est d\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 l\u2019attachement naturel des hommes au lot de terre que chacun peut avoir re\u00e7u de ses p\u00e8res, qu\u2019il a toujours \u00e9t\u00e9 n\u00e9cessaire d\u2019y faire intervenir l\u2019autorit\u00e9 l\u00e9gislative. \n\nC\u2019est ce qu\u2019elle a fait avec succ\u00e8s en Angleterre & en \u00c9cosse : on peut s\u2019informer du d\u00e9tail des diverses ordonnances qui y ont \u00e9t\u00e9 faites pour y parvenir, ainsi que pour partager de vastes communes qui appartenaient \u00e0 des Villages & ne leur rendaient pas la dixi\u00e8me partie de ce qu\u2019elles ont fait apr\u00e8s leur division. Le Gouvernement travaille actuellement \u00e0 en faire autant en Su\u00e8de, & \u00e0 diviser les possessions & fermes trop \u00e9tendues en plus petites. Il serait bien \u00e0 d\u00e9sirer qu\u2019il rend\u00eet en France le m\u00eame service \u00e0 l\u2019agriculture, en facilitant l\u2019\u00e9change des morceaux de terre & le partage des communes, & ce ne serait pas une op\u00e9ration aussi compliqu\u00e9e qu\u2019on pourrait l'imaginer. \n\nIl ne faudrait peut-\u00eatre qu\u2019ordonner la suspension enti\u00e8re de tous droits de ces \u00e9changes, tant envers le Roi qu\u2019envers les Seigneurs durant un certain temps, & exhorter tous les habitants de chaque lieu d\u2019en profiter pour r\u00e9unir leurs possessions, en nommant entre eux un certain nombre d\u2019arbitres & experts Laboureurs qui rassemblassent tous les divers morceaux de chaque propri\u00e9taire en un seul ou plusieurs \u00e0 sa port\u00e9e & convenance, autant que les circonstances le pourraient permettre ; moyennant quoi il se ferait tout naturellement & \u00e0 l\u2019amiable une grande partie de ces \u00e9changes. \n\nD\u2019ailleurs aucune am\u00e9lioration consid\u00e9rable ne pouvant se faire sans enclore, & les enclos de quelque \u00e9tendue n\u2019\u00e9tant gu\u00e8res possibles sans r\u00e9unir des morceaux d\u00e9tach\u00e9s, ou sans \u00e9changer ceux qui peuvent s\u2019y trouver enclav\u00e9s ; ce serait aux gros habitants, qui y auraient plus d\u2019int\u00e9r\u00eat, \u00e0 faire aux petits tel avantage en quantit\u00e9 ou qualit\u00e9 de terrain, ou m\u00eame en argent qui p\u00fbt les d\u00e9terminer \u00e0 l\u2019\u00e9change. \n\nL\u2019avantage qui en r\u00e9sulterait pour l\u2019agriculture serait plus grand & plus durable que peut-\u00eatre on ne l\u2019imaginerait : car tous ces petits morceaux \u00e9tant une fois rassembl\u00e9s en de grandes pi\u00e8ces de terre que la plupart feraient bient\u00f4t  enclore, ne se diviseraient plus ; on ne se fait aucune difficult\u00e9 de vendre un morceau d\u00e9tach\u00e9 de son h\u00e9ritage, & comme ils sont presque tous compos\u00e9s en entier de ces morceaux d\u00e9tach\u00e9s, d\u2019autres ne s\u2019en font point de les acheter ; mais personne ne coupera la moiti\u00e9 de son champ & encore moins de son enclos pour le vendre, & personne non plus ne se soucierait de l\u2019acheter ; les h\u00e9ritiers pareillement dans leurs partages se feraient raison en argent ou en rentes plut\u00f4t que de couper leurs champs ou enclos par morceaux, & ainsi sans aucune contrainte pour l\u2019avenir, l'arrangement ne laisserait pas d'\u00eatre permanent.\n \nLe partage des communes se pourrait de m\u00eame ordonner & ex\u00e9cuter par des arbitres : il y en a d\u2019immenses en diverses provinces, & c\u2019est un dommage inestimable pour l\u2019agriculture & pour le public : en Angleterre & en \u00c9cosse, quand la plus consid\u00e9rable partie des int\u00e9ress\u00e9s est d\u2019avis du partage de ces communes ou de l\u2019\u00e9change des terres, le reste est oblig\u00e9 d\u2019y souscrire, & on nomme des arbitres \u00e0 cet effet. (p. 189-200)\n\n\n==[[A pour personne cit\u00e9e dans les annexes::Henri-Louis Duhamel du Monceau|Duhamel du Monceau]], 1762.'' \u00c9l\u00e9ments d\u2019agriculture''.==\n<center>'''LIVRE DOUZIEME. R\u00e9flexions sur l\u2019Agriculture.'''</center>\n<center>ARTICLE II. ''La trop grande subdivision des pi\u00e8ces de Terre cause, dans certaines Provinces, un grand obstacle au progr\u00e8s de l\u2019agriculture''.</center>\nOn a souvent dit, & avec grande raison, que l\u2019\u00e9tablissement des pr\u00e9s artificiels \u00e9tait un des plus s\u00fbrs moyens d'augmenter le produit des terres ; mais comment parvenir \u00e0 avoir des pr\u00e9s de cette esp\u00e8ce dans des pays o\u00f9 les terres sont tellement morcel\u00e9es & divis\u00e9es entre les habitants, que la plupart des pi\u00e8ces n\u2019ont qu'une petite quantit\u00e9 de perches de largeur : dans ce cas on emploie autant de temps \u00e0 tourner la charrue ou \u00e0 la transporter successivement dans tous ces petits champs, qu\u2019\u00e0 labourer. Cet inconv\u00e9nient est consid\u00e9rable ; mais c\u2019en est encore un plus grand, que tous les Propri\u00e9taires soient forc\u00e9s de suivre une m\u00eame m\u00e9thode de culture. Si, pour de bonnes raisons, un Laboureur veut mettre en grain ou en pr\u00e9 artificiel un de ces petits champs, les champs voisins \u00e9tant ouverts au b\u00e9tail, sa petite portion de terrain sera immanquablement d\u00e9vast\u00e9e ; & toutes les ressources de son industrie lui deviendront infructueuses. Il est donc forc\u00e9 de suivre la routine du pays, & d\u2019agir servilement comme ses voisins. (t. 2 : 375-376)\n\nLes moineaux font beaucoup plus de d\u00e9g\u00e2t dans le temps des moissons, par la prodigieuse quantit\u00e9 de grains qu'ils mangent : il arrive souvent qu'ils d\u00e9truisent un tiers ou une moiti\u00e9 des r\u00e9coltes dans les pi\u00e8ces d\u00e9tach\u00e9es, & qui se trouvent aupr\u00e8s des bois, ou dans le voisinage des maisons. (\u2026) Le d\u00e9g\u00e2t que causent les oiseaux est peu sensible sur une  pi\u00e8ce de quatre ou cinq cents arpents ; mais une r\u00e9colte d'un ou deux arpents isol\u00e9s est enti\u00e8rement d\u00e9truite. (t. 1 : 297-298).\n\n\n==Anonyme, 1763. R\u00e9flexions sur le morcellement, ou la trop grande subdivision des Terres==\n[...] un Laboureur ordinaire, qui dans l\u2019arrangement actuellement le plus suivi en ce Royaume, a trente arpents par sols \u00e0 cultiver, les prend en plus de cent pi\u00e8ces diff\u00e9rentes, consid\u00e9rablement \u00e9loign\u00e9es les unes des autres. D\u2019o\u00f9 il r\u00e9sulte qu\u2019on se trouve forc\u00e9 d\u2019employer autant & plus de temps \u00e0 tourner & retourner la charrue dans chaque pi\u00e8ce, ou \u00e0 la transporter successivement dans tous ces petits champs, qu\u2019\u00e0 faire le vrai labour. D\u2019ailleurs les labours se croisant n\u00e9cessairement en diff\u00e9rents sens sur tous ces petits champs qui s\u2019avoisinent, forment de tous c\u00f4t\u00e9s des pointes & des haches qui augmentent le travail, & font toujours perdre beaucoup de terrain. Or quelle perte pour l\u2019Agriculture, que tous ces espaces \u00e9raill\u00e9s o\u00f9 la semence ne mord point, & p\u00e9rit faute de profondeur dans le labour. Et en outre que de temps perdu ; & d\u00e8s lors quel d\u00e9savantage.\nMais un inconv\u00e9nient encore plus consid\u00e9rable, est d\u2019un c\u00f4t\u00e9 que chaque champ se trouve perp\u00e9tuellement travers\u00e9, pi\u00e9tin\u00e9 & ainsi d\u00e9grad\u00e9 dans ses pr\u00e9parations par le passage des charrois & des charrues, qui ont \u00e0 y passer pour aller sur ceux dans le chemin desquels ils se trouvent. Et \u00e0 combien de fraudes ces sortes de passages ne conduisent-ils pas. Combien de fois n\u2019ai-je pas aper\u00e7u moi-m\u00eame des paysans charger leur voiture \u00e0 moiti\u00e9 dans leurs cours, & la descendre pleine sur leur champ, au moyen des rapines qu\u2019ils faisaient \u00e0 chaque tas de fumier qu\u2019ils trouvaient sur leur passage. Si ces morcellements de terres entra\u00eenent d\u00e9j\u00e0 de semblables dommages, quel n\u2019est pas celui qui en r\u00e9sulte d\u2019un autre c\u00f4t\u00e9 ? Tous les propri\u00e9taires d\u2019un m\u00eame canton, d\u2019un m\u00eame territoire, se trouvant forc\u00e9s, au moyen de ce morcellement, \u00e0 suivre une m\u00eame m\u00e9thode de culture, il faut absolument que chacun d\u2019eux adopte malgr\u00e9 soi, malgr\u00e9 ses propres besoins, m\u00eame malgr\u00e9 la nature de son champ, l\u2019usage des sols du canton. Telle ann\u00e9e est n\u00e9cessairement pour tel grain, telle ann\u00e9e pour tel autre, la troisi\u00e8me pour la jach\u00e8re. Il faut qu\u2019il moissonne sa pi\u00e8ce au moment m\u00eame que ses voisins font entrer les ouvriers dans les leurs. Sans cela son grain serait mis au pillage, tant par les glaneurs, que par les voitures qui vont enlever les gerbes.\n\n\n==Guerchy, 1787. ''M\u00e9moire sur les obstacles qui s\u2019opposent au parcage des B\u00eates \u00e0 laine en Brie.''==\nLe troisi\u00e8me obstacle qui n\u2019est pas ais\u00e9 \u00e0 surmonter, en ce qu\u2019il tient \u00e0 la chose publique, & ne d\u00e9pend pas du Cultivateur, vient de la grande quantit\u00e9 de petites pi\u00e8ces dont sont quelquefois compos\u00e9es les fermes en Brie. Un Fermier qui a une exploitation de deux \u00e0 trois cent arpents, aura quelquefois des pi\u00e8ces de terre d\u2019un quartier ou d\u2019un demi-arpent qui, \u00e9tant en long, ne contiennent souvent que trois ou quatre sillons de large ; il est impossible de parquer une pi\u00e8ce aussi \u00e9troite, sans entrer sur le terrain de son voisin\n\n\n==Delpierre jeune, 1800. ''M\u00e9moire sur les moyens d\u2019amener graduellement, et sans secousse, la suppression de la vaine p\u00e2ture, et m\u00eame des jach\u00e8res\u2026''==\nDans une portion consid\u00e9rable de la France, le bien rural le plus ch\u00e9tif se compose de cinquante, quelquefois de cent lambeaux de terre imperceptibles, plac\u00e9s \u00e0 de grandes distances les uns des autres, sur lesquels le cultivateur est oblig\u00e9 de se porter successivement pour labourer, fumer, semer et recueillir. On con\u00e7oit combien ces d\u00e9coupures donnent de voisins usurpateurs, et par cons\u00e9quent enfantent de querelles et de proc\u00e8s ; combien par l\u2019interruption qu\u2019elles causent dans les travaux, elles font faire des pas inutiles et consument de temps pr\u00e9cieux ; combien enfin les frais de confection et d\u2019entretien des nombreuses cl\u00f4tures qu\u2019elles rendent n\u00e9cessaires, nuisent aux succ\u00e8s des plantations et des cultures diverses que l\u2019agriculteur a int\u00e9r\u00eat d\u2019entreprendre. (p. 2-3)\n\n\n==[[A pour personne cit\u00e9e dans les annexes:: Nicolas Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau|Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau]], 1806.==\n<center>'''''Coup d'\u0153il sur l\u2019abus excessif de la d\u00e9sunion des terres dans la S\u00e9natorerie de Dijon.'''''</center>\n[\u2026] ces propri\u00e9t\u00e9s sont morcel\u00e9es \u00e0 un exc\u00e8s qui d\u00e9coupe en petits lambeaux le territoire des communes, et qui offre partout les incidents les plus bizarres. La r\u00e9partition entre tous les propri\u00e9taires est en effet si vicieuse, qu\u2019un territoire (ou ce qu\u2019on nomme un finage, dans le pays), s\u2019il est de cinq cents hectares en tout, est form\u00e9 ordinairement de cinq \u00e0 six mille parcelles, qui appartiennent \u00e0 cinquante ou soixante particuliers. [\u2026] Par l\u2019effet des morcellements et des partages successifs, les champs ont re\u00e7u les figures les plus d\u00e9favorables ; leur longueur exc\u00e8de souvent cent fois leur largeur. Il y a des propri\u00e9t\u00e9s qui ne contiennent que deux ares : il en est de moindres encore. (p. 30-31)\n\n\n===R\u00e9f\u00e9rences===\n*Anonyme, 1763. R\u00e9flexions sur le morcellement, ou la trop grande subdivision des Terres. ''Journal \u0152conomique'', f\u00e9vrier : 61-64. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4224729z Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Delpierre jeune, 1800. ''M\u00e9moire sur les moyens d\u2019amener graduellement, et sans secousse, la suppression de la vaine p\u00e2ture, et m\u00eame des jach\u00e8res, dans les d\u00e9partements qui sont grev\u00e9s par ces usages, en leur procurant la ressource des prairies artificielles et autres plantations, sans forcer les cultivateurs de recourir \u00e0 la voie dispendieuse des cl\u00f4tures particuli\u00e8res''.  Paris, Imprimerie Nationale, 19 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k43677r Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Duhamel du Monceau H.L., 1762. ''\u00c9l\u00e9ments d\u2019agriculture'', t. 2. Paris, 412 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96132057 Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Fran\u00e7ois de Neufch\u00e2teau N., 1806. ''Voyages agronomiques dans la s\u00e9natorerie de Dijon''. Paris, XII + 260 p. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k851096 Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Guerchy, 1787. M\u00e9moire sur les obstacles qui s\u2019opposent au parcage des B\u00eates \u00e0 laine en Brie. ''M\u00e9moires de la Soci\u00e9t\u00e9 Royale d\u2019agriculture'', trimestre d\u2019hiver, p. 46-51. [[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5848804x Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n*Pattullo H., 1758. ''Essai sur l\u2019am\u00e9lioration des terres''. Paris, 1758, 287 p. + planches. [https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k49994m Texte int\u00e9gral] sur Gallica.\n\n{{Bas de page Mots agronomie}}"
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